Les astronomes du monde entier se préparent à observer un événement potentiellement spectaculaire : en effet, notre planète va bientôt croiser le nuage de débris créé par la comète SW3 lors de sa fragmentation en 1995. Cette « rencontre » ne se produit que tous les 16 ans environ et, cette année, elle pourrait bien offrir l’une des plus exceptionnelles pluies de météores. Elle sera malheureusement non observable depuis l’Europe.
La comète 73P/Schwassmann-Wachmann, ou SW3, est une comète à courte période, qui fait le tour du Soleil en 5,4 ans environ et passe à proximité de la Terre tous les 16 ans environ. Elle a été découverte en 1930 par deux astronomes allemands, Arnold Schwassmann et Arno Arthur Wachmann. Ce corps céleste avait un diamètre estimé à plus de 1000 mètres à l’origine, mais il se trouve qu’il a commencé à se fragmenter en 1995 ; il se composait alors de quatre gros morceaux. La comète a continué à se désagréger au fil du temps : en 2006 — la dernière fois qu’elle est passée près de la Terre —, plusieurs dizaines de fragments distincts ont été observés.
Cette année, les fragments constituant ses vestiges vont passer encore plus près de notre planète et pourraient ainsi offrir une belle pluie d’étoiles filantes… ou pas ! Tout dépend en réalité de la vitesse des débris cométaires : « Si les débris de SW3 se déplaçaient à plus de 220 miles par heure (354 km/h) lorsqu’ils se sont séparés de la comète, nous pourrions voir une belle pluie de météores. Si les débris avaient une vitesse d’éjection plus lente cependant, alors rien ne parviendra jusqu’à la Terre et il n’y aura pas de météores provenant de cette comète », explique Bill Cooke, à la tête du Meteoroid Environment Office de la NASA.
Des conditions d’observation idéales outre-Atlantique
Les pluies de météores sont dues aux débris rejetés par les comètes lors de leur passage à proximité du Soleil. Dès que l’orbite de notre planète croise ces nuages de débris, ces derniers provoquent d’impressionnantes traînées lumineuses lorsqu’ils traversent notre atmosphère. Le phénomène est d’autant plus impressionnant que certains de ces débris sont minuscules : la plupart ne sont pas plus gros qu’un grain de sable ! Mais leur vitesse est telle qu’ils s’embrasent dès qu’ils pénètrent dans notre atmosphère, traçant de brèves traînées lumineuses dans le ciel.
Ce mois de mai est particulièrement intéressant pour les amateurs de ces phénomènes astronomiques. Ce sont les Êta aquarides qui ont ouvert le bal au début du mois — cette pluie d’étoiles filantes est néanmoins plus difficilement observable depuis l’hémisphère nord, car elle ne se déroule pas beaucoup plus haut que l’horizon.
Une seconde chance est offerte aux habitants d’outre-Atlantique cette année d’assister à un beau spectacle, avec les Tau Herculides, qui tiennent leur nom de l’étoile Tau Herculis d’où semblent provenir les météores. Le pic d’activité est prévu dans la nuit du 30 mai et tôt le matin du 31 mai (à 5h00 temps universel). Le radiant des Tau Herculides sera alors haut dans le ciel nocturne. En outre, ce sera la nouvelle Lune, ce qui signifie que la lumière de notre satellite ne gênera pas les observations. Une grande partie des États-Unis, de l’est du Canada, de même que l’Amérique centrale et du Sud seront aux premières loges pour assister au spectacle.
Cela dit, les astronomes ne sont pour le moment sûrs de rien. En réalité, le phénomène pourrait produire une pluie d’étoiles filantes particulièrement intense (dépassant un millier de météores par heure !), comme il ne pourrait rien produire du tout… Comme évoqué plus haut, tout dépend de la vitesse à laquelle les fragments ont été expulsés lorsque la comète s’est désagrégée.
Une orbite perturbée par Jupiter
Lorsque la comète SW3 a été découverte en 1930, elle est passée à « seulement » 9,2 millions de kilomètres de la Terre. Pourtant, elle était difficilement observable à l’œil nu, car sa magnitude n’était que de +7 à l’époque — elle a d’ailleurs été peu observée au cours des années suivantes. Ce n’est qu’en 1995 qu’elle est soudainement devenue plus lumineuse (environ 600 fois plus brillante) de par sa fragmentation ; cette année-là, les télescopes de l’Observatoire européen austral ont repéré quatre gros fragments distincts de la comète. En 2006, les télescopes spatiaux Hubble et Spitzer observent des dizaines d’autres fragments.
Selon Joe Rao, qui a examiné le phénomène plus en détail, la pluie de météores devrait émaner cette année non pas de la constellation d’Hercule, mais plutôt de la constellation voisine du Bouvier — de par l’influence de Jupiter sur l’orbite d’origine de la comète SW3. La constellation du Bouvier est reconnaissable par son étoile la plus brillante, Arcturus (α Bootis) ; celle-ci peut être aisément repérée à partir de la Grande Ourse : il suffit de partir du « manche » de la casserole, puis de prolonger cet arc de cercle jusqu’à une étoile très brillante, qui n’est autre qu’Arcturus. L’explosion de météores (si elle a effectivement lieu) devrait provenir d’un point situé à environ 6° au nord-nord-ouest de cette étoile.
Nous ne pourrons profiter du spectacle qu’au travers des photos que les astronomes amateurs et professionnels ne manqueront sans doute pas de publier sur le Web. Mais nous aurons l’occasion de nous rattraper avec l’essaim de météores le plus attendu de l’année, les Perséides, qui se dérouleront du 14 juillet au 24 août ; à noter que leur pic d’activité, prévu pour la nuit du 12 août, coïncidera malheureusement avec la pleine Lune, qui risque de perturber les observations…