Le 18 mai 2022, un transporteur naval de drones contrôlable entièrement à distance a été mis à l’eau en Chine. Le navire pourrait lancer des expéditions d’exploration océanographique sans aucun humain à son bord.
Son nom est Zhu Hai Yun, et les scientifiques semblent en attendre beaucoup. « Le navire intelligent et sans pilote est une belle nouvelle ‘espèce marine’ qui apportera des changements révolutionnaires pour l’observation des océans », déclare ainsi avec emphase le professeur Dake Chen de l’École d’océanographie de l’Académie chinoise des sciences. Ce navire « intelligent » serait capable de transporter jusqu’à 50 appareils autonomes différents, incluant des bateaux, des quadrirotors (drones volants) et des drones sous-marins, afin d’effectuer des expéditions océaniques complètes.
Il est pour ce faire équipé de systèmes de déploiement, mais aussi de contrôle à distance, de communication et de sécurité des équipements. Il mesure 88,5 mètres de long, 14 mètres de profondeur, et pèse quelque 2000 tonnes. Il est capable de naviguer à une vitesse de 18 nœuds, soit un peu plus de 33 km/h. Contrairement à d’autres navires qui sont déployés en ce moment, comme le fameux porte-conteneurs autonome japonais Suzaku, le Zhu Hai Yun n’est pas toujours capable de se déplacer seul. Il est en fait commandé à distance par des pilotes pour ce qui concerne les manœuvres portuaires. Il est en revanche en mesure de naviguer en toute autonomie une fois au large des côtes. Sa construction a débuté au mois de juillet 2021, au chantier naval de Huangpu Wenchong Shipyard, à Guangzhou (Chine).
En associant et en contrôlant simultanément des drones aériens, marins et sous-marins, le navire aurait la possibilité de faire des explorations assez complètes en exploitant ces différents niveaux d’observation. Ce sont donc surtout les scientifiques qui fondent de grands espoirs sur les futurs voyages du Zhu Hai Yun. Toutefois, le South China Morning Post explique qu’il pourrait aussi avoir des applications davantage tournées vers le domaine du militaire. Le journal souligne ainsi qu’il possède la « capacité militaire d’intercepter et expulser des cibles invasives ». Le lancement n’est attendu qu’à la fin de cette année 2022, car des essais maritimes doivent avoir lieu au préalable.
Les avancées en matière de drones et d’appareils autonomes se sont accélérées ces dernières années. La France a d’ailleurs décidé de commencer à légiférer sur ce sujet, car il n’existe pas encore vraiment de normes internationales sur ces questions, notamment pour distinguer ce qui peut être considéré comme un drone maritime de ce qui peut être vu comme un navire autonome. « Des seuils de distinction (taille, vitesse, puissance) seront fixés par voie réglementaire, en lien avec les professionnels, pour distinguer un drone maritime d’un navire autonome », précise ainsi le ministère de la Mer. « Par cette ordonnance, la France devient l’un des premiers États à introduire les notions de drone maritime et de navire autonome dans son corpus juridique, ce qui permettra d’affirmer sa voix dans la définition d’un cadre international ». Si des navires autonomes se mettent à transporter eux-mêmes des drones autonomes, les juristes ne sont pas au bout de leurs peines !
Vidéo de présentation du navire semi-autonome chinois (publiée par le South China Morning Post) :