Le retour sur Terre d’échantillons martiens organisé conjointement par la NASA et l’Agence spatiale européenne est désormais prévu pour 2033, afin d’analyser d’éventuelles traces de vie (passées ou actuelles). Seulement, certains s’alarment du risque de contamination de la biosphère de notre planète.
La mission de retour d’échantillons martiens, Mars Sample Return (MSR), fait partie des objectifs prioritaires de la communauté spatiale internationale depuis une trentaine d’années. Son but ? Collecter des échantillons de roches et de sol martiens — et même d’air — afin de les examiner une fois de retour sur Terre. Grâce à des équipements sophistiqués, des analyses poussées pourront être effectuées sur Terre pour retracer l’histoire de Mars et déterminer si la vie y a existé.
Un retour des échantillons reporté à 2033
Organisée par la NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA), la mission pourrait aboutir dans environ dix ans, rapporte le Scientific American. Début septembre 2021, le rover Perseverance avait déjà collecté un premier échantillon de roche martienne dans le cratère Jezero, mais le retour des spécimens sur Terre n’est pas pour tout de suite. La NASA a annoncé fin mars qu’il était reporté de deux ans, et donc prévu pour 2033.
Dans le détail, le programme MSR consiste dans un premier temps à utiliser un « rover de récupération » des échantillons de roches et de sol martiens, qui les transférerait ensuite dans une petite fusée. Après avoir été chargée de tubes scellés contenant les échantillons, la fusée serait mise en orbite autour de Mars, puis ramènerait ces échantillons sur Terre.
Seulement, certains scientifiques s’alarment du risque encouru par le retour des échantillons de la planète rouge, compte tenu du risque de contamination de la biosphère terrestre par des organismes martiens importés. Il en est de même du public, interrogé par la NASA à cette occasion : « Aucune nation ne devrait mettre la planète entière en danger », a déclaré un commentateur. De nombreuses personnes ont suggéré que l’étude des spécimens devrait avoir lieu hors de la Terre, ce qui coûterait beaucoup en termes d’argent et de logistique.
Pour le moment, l’agence spatiale prévoit qu’une capsule soit larguée au-dessus de l’atmosphère de notre planète, pour atterrir (intacte) dans le lit d’un lac asséché du polygone d’essai et d’entraînement de l’Utah. Elle sera ensuite transférée vers une installation de réception d’échantillons hors site, intégrant sûrement des mesures de décontamination à plusieurs niveaux, des systèmes de filtration de l’air, une ventilation à pression négative, etc.
Des risques « extrêmement faibles » en matière de sécurité environnementale ou humaine
D’un autre côté, la NASA et de nombreux experts estiment que la mission présente peu ou pas de risque pour la sécurité environnementale ou humaine. Steven Benner, éminent astrobiologiste, a déclaré au Scientific American : « Je ne vois pas l’utilité de longues discussions sur la manière de stocker les échantillons provenant de Mars une fois qu’ils auront atteint notre planète. En effet, les roches spatiales qui frappent Mars éjectent régulièrement des matériaux qui finissent par arriver sur Terre. Selon les estimations actuelles, environ 500 kilogrammes de roches martiennes atterrissent sur notre planète chaque année. Si le microbiote martien existe et peut faire des ravages sur la biosphère de la Terre, cela s’est déjà produit, et quelques kilos supplémentaires de la NASA ne feront aucune différence ».
Pour respecter l’échéance de 2033, l’agence spatiale doit rapidement construire une installation de réception, certains estimant qu’elle ne devrait pas être trop sophistiquée. Cependant, le risque d’une installation rudimentaire est qu’elle ne permette pas aux scientifiques d’examiner correctement si les échantillons renvoyés contiennent des traces de vie.
La Chine souhaite rapporter des échantillons avant la NASA
Par ailleurs, la Chine vient d’annoncer qu’elle se lancerait dans la même mission, avec un retour d’échantillons martiens programmé plus tôt que la NASA et l’ESA, pour 2031. La participation de la Chine inquiète l’astrobiologiste et directeur fondateur du Comité international contre le retour d’échantillons de Mars, Barry DiGregorio : « À moins que ce retour ne s’inscrive dans le cadre d’un effort mondial visant à partager les résultats en temps réel avec toutes les nations spatiales plutôt que dans le cadre d’un objectif national, aucun pays ne saura ce que l’autre a trouvé ou quels problèmes il rencontre en matière de confinement ».
C’est pourquoi il estime que l’élimination des risques des échantillons envers la biosphère de la Terre est une priorité, ce qui pourrait être réalisé en amont dans une station spatiale spécialisée, ou même dans un laboratoire de recherche en astrobiologie construit dans le cadre d’une base lunaire.