Selon une étude islandaise, la sélection naturelle rendrait les gènes influant notre capacité à étudier, de plus en plus rares. Allons-nous vers une société de moins en moins instruite ? Les scientifiques annoncent que la baisse n’est que minime par décennie, mais pourrait avoir un impact profond au fil des siècles.
Connaissez-vous le film Idiocracy (Planet Stupid, de son titre français) ? Il s’agit d’une comédie satirique de science-fiction datant de 2006, mettant en avant l’histoire de deux personnes qui, après une hibernation de 5 siècles, se réveillent dans une société dystopique stupide remplies de personnes dépourvues d’intelligence, rongée par l’anti-intellectualisme et la dégradation de l’environnement, où plus rien ne pousse.
Alors, nous dirigerions-nous vers une société telle que décrite dans ce film ? Heureusement, la fiction n’est pas encore devenue réalité. Parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, cette étude islandaise affirme que la sélection naturelle rend les gènes responsables de la prédisposition à effectuer de longues études, de plus en plus rares et stipule donc que le potentiel génétique intellectuel de l’humanité est en baisse.
L’enquête, menée par l’entreprise deCode genetics, se base sur des données regroupant les informations sur la génétique de plus de 100’000 islandais et affirme que le nombre de gènes a diminué progressivement entre 1910 et 1975. Selon l’étude, les porteurs de ces gènes, auraient tendance à moins se reproduire, affaiblissant de ce fait la transmission dudit gène. L’étude suggère que plus les personnes passent de temps à faire des études et plus leurs possibilités de carrière s’agrandissent et de ce fait, ont tendance à fonder des familles plus tard. « Si vous êtes génétiquement prédisposé à faire plus d’études, vous l’êtes aussi à avoir moins d’enfants », explique Kari Stefansson, un membre de l’équipe de chercheurs.
Mais la baisse moyenne du quotient intellectuel ne serait que de 0,043 points par décennie. Selon Stefansson, ce n’est qu’en cas de tendance continue et prolongée que les effets pourraient être très sérieux : « L’accumulation de cet effet sur le long terme aura un impact dramatique sur la prédisposition génétique au niveau de l’éducation, et à moins que quelque chose ne se produise pour contrer cela, cela pourrait avoir des conséquences profondes sur le niveau de scolarité au sein de notre société », explique-t-il.
Cependant, d’autres scientifiques pensent que la génétique ne joue qu’un rôle mineur concernant le niveau d’éducation et la prédisposition aux longues études. « Il y a beaucoup d’études qui disent que nous devenons de plus en plus bêtes (…). L’éducation que nous avons, la date à laquelle nous avons des enfants et combien nous en avons, est largement déterminée par des facteurs sociaux et environnementaux. Cela surpasse les effets génétiques », affirme Melinda Mills, professeur de sociologie à l’Université d’Oxford. Quant à Jonathan Beauchamp, un économiste de l’Université de Harvard, il estime qu’il est « problématique » de tenter de prédire les tendances futures car personne ne sait quels changements culturels vont survenir au sein de la société.
Stefansson concède que des changements dans le système d’éducation peuvent également influer sur les effets génétiques : c’est le cas de l’avancée technologique qui a boosté l’éducation sur une échelle mondiale dès les années 1980. « Il y a toutes sortes d’éléments dans l’environnement qui peuvent aider à empêcher que ce déclin n’ait trop d’impact sur la véritable éducation que les gens reçoivent », affirme-t-il.
Le directeur de l’Institut européen de bio-informatique à Cambridge, Ewan Birney, a quant à lui exprimé ses craintes par rapport au fait que l’étude puisse être mal interprétée par le grand public : il a peur que les gens pensent que l’éducation soit déterminée par la génétique, de sorte que ceux qui ont lutté à l’école pourraient ne pas être aidés par une amélioration de l’enseignement. « Ce n’est pas vrai, et je ne peux qu’insister sur ce point », dit-il.
Un sujet pour le moins controversé avec des avis divergents au sein de la communauté scientifique. Il ne faut pas non plus oublier que de nos jours, le marché du travail devient de plus en plus exigeant quant au niveau d’études exigé, ce qui pousse les différentes populations à effectuer de plus longues études. En reprenant la remarque de Stefansson, il est également important de ne pas négliger le fait que les différentes écoles et universités sont aujourd’hui financièrement plus accessibles qu’il y a 30 ou 40 ans, en raison de l’évolution du système d’éducation, et ce dans la plupart des pays développés. Et vous, qu’en pensez-vous ?