Un été 2022 normal ? Malheureusement, la pandémie ne semble pas vouloir nous laisser de répit, depuis l’émergence du SARS-CoV-2 en 2020. Les vagues se succèdent et les variants aussi. Les mutations qu’ils portent contournent souvent les mesures mises en place. Mais avec une levée générale des mesures barrières, la circulation du virus est de plus en plus importante, facilitant l’apparition de nouveaux variants plus contagieux. Et c’est exactement ce qu’il se passe avec BA.5, qui fait partie de la famille Omicron. Il s’agit du dernier sous-variant en date, responsable des vagues d’infection généralisées dans le monde. Pourquoi et comment se propage-t-il à si vive allure ? Mettra-t-il en péril les vacances et plus largement les populations ?
Les cas de COVID-19 signalés à l’Organisation mondiale de la santé ont augmenté de 30% au cours des deux dernières semaines, en grande partie à cause des sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 et d’autres lignées descendantes ainsi qu’à la levée des mesures de santé publique et sociales. Selon le dernier rapport de l’OMS, BA.5 était à l’origine de 52% des cas séquencés fin juin. Aux États-Unis, on estime qu’il est à l’origine d’environ 65% des infections.
BA.5 n’est cependant pas nouveau. Identifié pour la première fois en janvier, il est traqué par l’OMS depuis avril. Le directeur général de l’OMS déclare dans une conférence le 12 juillet : « Les sous-variants d’Omicron, comme BA.4 et BA.5, continuent de provoquer des vagues de cas, d’hospitalisations et de décès dans le monde. […] De nouvelles vagues d’infections démontrent à nouveau que la pandémie de COVID-19 est loin d’être terminée ». Quelles sont les caractéristiques de ce variant BA.5 et quel risque nous fait-il courir en cette période de vacances (et donc de transmission facilitée) ?
BA.5, champion de la contagion estivale malgré les vaccins ?
Il remplace progressivement le sous-variant BA.2, jusque-là majoritaire en France. Majoritaire, mais discret, au point de presque se faire oublier. Mais avec près de 150 000 nouveaux cas confirmés au 28 juin, soit une augmentation de 54,6% en une semaine, la 7e vague de COVID-19 est réelle et portée en grande partie par BA.5. Selon les dernières données de Santé publique France, il représente 41% des nouvelles détections.
En effet, BA.5 semble échapper stratégiquement aux défenses immunitaires développées contre les versions antérieures du virus. Ainsi, les réinfections — même chez les personnes vaccinées et récemment infectées — sont en hausse. Il y a un risque élevé d’exposition à ce variant, mais être à jour dans ses vaccins éviterait de développer une forme sévère de la maladie.
Pour ceux qui ne sont pas à jour sur les vaccins, les résultats pourraient être plus mauvais. L’Union européenne a publié plus tôt cette semaine de nouvelles recommandations pour un deuxième rappel pour tous les adultes de 60 ans et plus, conformément à ce que les États-Unis recommandent déjà.
Le Dr Andrea Ammon, directeur du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, déclare dans un communiqué : « Nous constatons actuellement une augmentation des taux de notification des cas de la COVID-19 et une tendance à la hausse des admissions et de l’occupation des hôpitaux et des soins intensifs dans plusieurs pays, principalement en raison de la sous-lignée BA.5 d’Omicron ».
BA.2, BA.4 et BA.5 possèdent tous sur leur protéine S des mutations qui étaient absentes chez BA.1, et c’est l’une des raisons de leur « succès épidémiologique ». BA.5 a donc « un avantage de croissance sur les autres sous-lignées d’Omicron qui circulent », a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable technique COVID-19 à l’OMS, lors de la conférence de presse mardi.
L’OMS et d’autres experts ont également déclaré que la pandémie en cours — prolongée par l’inégalité des vaccins et le désir de nombreux pays à revenir à une situation avant la COVID-19 — ne ferait que conduire à des variants inédits et imprévisibles.
Un été à « haut risque »
Actuellement, les contaminations sont également provoquées par les nombreuses vagues de chaleur, obligeant les personnes à rester à l’intérieur avec la climatisation. La propagation du virus n’en est ainsi qu’accélérée davantage. De plus, les capacités de BA.5 semblent également lui permettre d’infecter facilement à l’extérieur lors de rassemblements, qui sont « la norme » l’été, entre les festivals et les soirées de vacances. En effet, bien que les paramètres extérieurs soient globalement l’option la plus sûre, lorsqu’un virus est plus contagieux, il l’est dans n’importe quel contexte.
Selon Santé publique France, comme selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), BA.5 n’est pas l’unique facteur de cette reprise épidémique. « La diminution de l’adhésion aux mesures barrières, l’augmentation du nombre de contacts et la diminution de la protection conférée par la vaccination ou une précédente infection ont un impact majeur sur les dynamiques épidémiques ».
Sans compter que les scientifiques attirent déjà l’attention sur BA.2.75, identifié pour la première fois en Inde, qui présente un grand nombre de mutations et se propage rapidement.
L’OMS a déclaré mardi que la pandémie reste une urgence sanitaire mondiale et que les pays devraient envisager des mesures de santé publique comme le masquage et la distanciation sociale lorsque les cas augmentent, parallèlement aux vaccinations.
Moderna, premier vaccin efficace contre BA.5 ?
La société de biotechnologie américaine Moderna, l’un des deux grands spécialistes des vaccins à ARN messager (ARNm) avec le géant américain Pfizer-BioNTech, a annoncé lundi 11 juillet dans un communiqué que la dernière version de son vaccin serait efficace contre le nouveau variant, se propageant à grande vitesse à travers l’Europe. Un mois après l’administration chez des participants précédemment vaccinés et ayant reçu un rappel, le nouveau vaccin a provoqué des réponses d’anticorps neutralisants significativement plus élevées contre les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 par rapport au rappel actuellement autorisé, indépendamment de statut d’infection antérieur ou de l’âge (adultes de plus de 18 ans, de plus ou de moins de 65 ans).
En conclusion, pour réduire la circulation générale du virus et, de manière individuelle, réduire le risque de contamination cet été, les mêmes facteurs influençant le risque d’infection à l’intérieur s’appliquent aux environnements extérieurs, comprenant la distance physique et les mesures de protection telles que le masque. La mise à jour de la vaccination permet, malgré la résistance de BA.5, d’éviter des formes graves de COVID-19. Néanmoins, il ne faut pas banaliser une infection bénigne, car les effets à long terme ne sont toujours pas totalement compris et les conséquences non délimitées.