Aujourd’hui, les traitements contre le diabète de type 1 reposent en général sur l’insulinothérapie, ou en dernier recourt, à la greffe de cellules pancréatiques ou de l’organe entier. Cependant, ces traitements restent limités, dans la mesure où ils sont coûteux et/ou invasifs, ou que les patients doivent suivre un traitement antirejet à vie. Les recherches actuelles se concentrent alors sur des moyens de stimuler les cellules du pancréas pour qu’elles se régénèrent efficacement, afin de continuer à produire de l’insuline — que les diabétiques de type 1 doivent généralement s’injecter quotidiennement. L’une d’elles a récemment mené à la découverte qu’une molécule existante est capable de stimuler les cellules progénitrices du pancréas pour qu’elles se différencient en cellules bêta productrices d’insuline. Déjà approuvée par la FDA pour traiter certaines formes de cancer, la molécule démontre pour la première fois une efficacité potentielle contre toutes les formes de diabète, et est en passe de révolutionner les recherches dans le domaine.
À rappeler que le diabète se manifeste par une insuffisance ou un défaut dans la production ou l’utilisation de l’insuline, l’hormone régulatrice de la glycémie. Chez les patients, l’on observe des taux anormalement élevés de glycémie, et ce parfois même à jeun.
Dans le cas du diabète de type 1, le système immunitaire ne reconnaît plus les cellules bêta du pancréas et se met à les attaquer. La mort de ces dernières entraîne par la suite une insuffisance voire une absence de production d’insuline. Les patients ont ainsi besoin d’injections hormonales quotidiennes pour maintenir la stabilité de leur glycémie.
Comme le nombre de cas de diabète ne cesse chaque année de croître, le besoin de traitements plus efficaces devient urgent. L’on recense en effet dans le monde près de 425 millions de personnes atteintes de diabète, et ce chiffre devrait atteindre 622 millions d’ici 2040. Sans compter que le vieillissement de la population ainsi que l’émergence de divers facteurs de risque tels que l’obésité aggravent la tendance de croissance des statistiques de la maladie.
Actuellement, la seule thérapie efficace sur le long terme repose sur la transplantation de cellules pancréatiques ou de l’organe entier, l’insulinothérapie comportant des risques avec le temps, en plus de devoir être adaptée à chaque patient. Concernant les greffes, ces interventions nécessitent des traitements immunosuppresseurs à vie afin d’éviter le rejet. Le coût et la lourdeur de la chirurgie constituent également une limite considérable pour l’accessibilité de ces traitements, qui dépendent en plus des donneurs d’organes. Les thérapies à base de cellules souches sont également confrontées aux risques de rejet.
Souvent, lorsque les patients diabétiques reçoivent leur diagnostic, leurs cellules pancréatiques sont en grande partie déjà détruites. Certains experts ont alors longtemps émis l’hypothèse que ce stade de destruction était quasiment irréversible. Ces dernières années pourtant, des recherches ont commencé à démontrer une certaine plasticité de l’organe, et la nouvelle étude, parue dans la revue Signal Transduction and Targeted Therapy, semble conforter cette hypothèse. Elle ouvre ainsi la voie vers de nouvelles thérapies potentielles.
Les avantages d’un médicament déjà approuvé
La nouvelle thérapie des chercheurs de l’Université de Monash (Australie) repose sur la stimulation des cellules progénitrices du pancréas, qui en temps normal ne sont pas censées produire de l’insuline. L’échantillon de l’étude a été prélevé chez un donneur souffrant de diabète de type 1.
Les chercheurs ont réussi à réactiver les cellules de sorte qu’elles se différencient en cellules bêta et produisent de l’insuline, lorsqu’elles ont été exposées à un principe actif appelé GSK126. D’après les chercheurs, la molécule active agirait rapidement (en quelques jours) en rétablissant l’expression du gène responsable de l’activation des cellules bêta, et ne nécessite pas d’intervention chirurgicale. Ceci rend le procédé beaucoup moins invasif que les transplantations conventionnelles, tout en agissant potentiellement sur tous les types de diabètes.
La vidéo ci-dessous montre le mécanisme de régénération des cellules pancréatiques par le biais de la nouvelle molécule (© Université Monash) :
Étant donné que la molécule est déjà approuvée par la FDA (pour un traitement anticancéreux), ses paramètres toxicopharmacologiques sont déjà connus et nécessitent moins d’études et essais que pour une nouvelle molécule. Néanmoins, son efficacité réelle nécessite encore des travaux supplémentaires, car elle n’a été pour l’instant évaluée qu’in vitro. De plus, les propriétés exactes des cellules doivent également être évaluées, pour établir des protocoles précis pour les isoler.
« Nous considérons que notre recherche est nouvelle et constitue une étape importante vers le développement de nouvelles thérapies », indique dans un communiqué Sam El-Osta, co-auteur principal de la nouvelle étude et chercheur à l’Université de Monash. D’après les experts, c’est déjà une grande avancée d’avoir réussi à réactiver la production d’insuline dans des échantillons de pancréas diabétiques, souvent considérés comme trop endommagés pour pouvoir guérir.
Un avantage de taille est aussi de pouvoir contourner les problèmes d’éthique liés aux cellules souches embryonnaires, et le profil d’innocuité du traitement serait apparemment en cours d’évaluation pour son utilisation potentielle sur l’Homme.