Bientôt une énergie propre et abordable grâce à l’énergie des vagues ?

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Le Waveline Magnet conçu par Sea Wave Energy Ltd exploite l’énergie des vagues pour produire jusqu’à 100 MW. | SWEL
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L’énergie des vagues (ou énergie houlomotrice) correspond à l’énergie contenue dans le mouvement de la houle. Le Conseil mondial de l’énergie a évalué à 10% le potentiel théorique de la demande annuelle mondiale d’électricité pouvant être couverte grâce à cette énergie. Plusieurs sociétés s’intéressent de près à cette source, parmi lesquelles Sea Wave Energy Ltd, une société basée à Chypre et au Royaume-Uni. Elle a récemment dévoilé une nouvelle version de sa technologie permettant d’exploiter l’énergie des vagues : le Waveline Magnet.

Cela fait plus de 10 ans que Sea Wave Energy Ltd (SWEL) travaille sur le Waveline Magnet (WLM), une centrale houlomotrice flottante. Ce convertisseur d’énergie des vagues se compose d’une longue ligne de flotteurs en plastique, qui suivent le mouvement de l’eau, reliés à une « colonne vertébrale » centrale rigide par des bras de levier. Ces derniers effectuent des mouvements de bas en haut au gré des vagues, actionnant des générateurs électriques situés dans la structure centrale. Une sorte de long serpent articulé ondulant à la surface de l’eau…

« Lorsqu’ils sont exploités efficacement, les océans s’avèrent être l’une des plus grandes réserves d’énergie propre et durable sur Terre », peut-on lire sur le site de la société. Malgré ce potentiel, force est de constater que les énergies houlomotrice et marémotrice ne sont pas encore exploitées à grande échelle — les principales difficultés étant liées à la durabilité et à la capacité de survie des technologies proposées. Le dispositif conçu par SWEL, particulièrement robuste et efficace, pourrait peut-être changer la donne.

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Une structure pouvant produire jusqu’à 100 MW

Le WLM offre un rendement élevé, à faible coût, et nécessite un minimum de maintenance. Il peut être déployé dans n’importe quel environnement de vagues, quelle que soit la hauteur de ces dernières et les conditions météorologiques. Lorsqu’une vague frappe pour la première fois la structure, le système obtient une lecture de la taille et de la vitesse de la vague, ce qui lui permet d’affiner l’extraction de puissance à chaque générateur au fur et à mesure que la vague se déplace le long de la ligne. Les conditions de vagues particulièrement difficiles n’affectent pas négativement les performances du dispositif, mais au contraire les améliorent — sans aucun risque pour l’installation, qui épouse parfaitement la ligne des vagues.

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Chaque flotteur est relié à la colonne centrale par un bras de levier, qui s’actionne sous le mouvement des vagues. © SWEL

Le WLM a un coût de fabrication intrinsèquement faible en raison de la faible masse de matériaux utilisés — la majeure partie de l’appareil peut en outre être produite à partir de matériaux recyclés. Par ailleurs, il a une très faible pénétration dans l’eau, ce qui assure un impact minimal sur la vie marine.

Après avoir testé plusieurs prototypes dans des piscines à vagues et en pleine mer, SWEL affirme que son dispositif a montré « des résultats et un potentiel révolutionnaires », ajoutant que le WLM peut efficacement récupérer l’énergie des vagues pour produire de l’électricité, de l’eau dessalée et/ou de l’hydrogène. Selon ses concepteurs, un seul WLM pourra produire plus de 100 MW ! L’énergie produite peut être renvoyée à terre par câble, ou utilisée directement par les consommateurs d’énergie en mer.

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Premier test de prototype en haute mer. © SWEL

« Nous pouvons montrer comment un dispositif de taille commerciale utilisant notre technologie atteindra un coût actualisé de l’énergie (LCoE) inférieur à 1 c€ (0,01 $)/kWh, écrasant la valeur de référence actuelle de l’industrie de l’énergie houlomotrice de 85 c€ (0,84 $)/kWh », a déclaré en 2018 Adam Zakheos, inventeur de la technologie et PDG de SWEL. Si cette estimation du LCoE — qui représente le coût total d’une énergie sur la durée de vie de l’équipement qui la produit — s’avérait exacte, le WLM surpasserait tous les systèmes de production d’énergie connus, y compris ceux reposant sur les énergies renouvelables.

Des résultats qui soulèvent des questions

L’annonce laisse toutefois sceptique. Les tests menés dans les bassins de Centrale Nantes en septembre 2020 se sont déroulés avec succès. Pendant deux semaines, l’équipe y a testé un prototype de 32 mètres de long, pesant environ 1,8 tonne : le dispositif a atteint une puissance de sortie maximale de 1,4 kW. Certes, les vagues de ce bassin ne sont pas comparables aux vagues océaniques, mais l’on peut néanmoins s’interroger sur les dimensions d’une structure capable de produire 100 MW…

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Test d’un prototype de 32 mètres de long dans les bassins de Centrale Nantes, en 2020. © SWEL

S’il est question d’installations de plusieurs kilomètres de long se pose la question de l’impact sur la navigation et sur la faune marine. Les coûts de fabrication seront-ils par ailleurs aussi faibles que prévu ? Des initiatives similaires ont déjà été proposées : en 2014, Albatern Ltd présentait elle aussi des générateurs d’énergie flottants et modulaires, promettant jusqu’à 100 MW pour un réseau de 1,25 kilomètre de long et de 24 mètres de profondeur. Aujourd’hui, cette société britannique n’existe plus.

SWEL se dit aujourd’hui « prête à secouer l’industrie de l’énergie ». Mais malgré ces années de développement, elle doit encore réaliser une série de tests sur un modèle pilote pour « projeter efficacement les charges et le comportement du système » et ainsi pouvoir envisager la commercialisation de son invention. La société est donc à la recherche d’alliances et de partenariats stratégiques afin de placer sa technologie WLM « à l’avant-garde de la production d’énergie renouvelable ».

Si elle tient ses promesses, le WLM pourrait véritablement révolutionner le secteur de l’énergie — d’autant plus dans le contexte énergétique actuel — et contribuer significativement à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais le fait qu’une société proposant « le convertisseur d’énergie des vagues le plus efficace et le moins cher au monde » (dixit son site web) peine à séduire les investisseurs n’est pas du meilleur augure.

Source : SWEL

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