Le Japon subit chaque année la saison des typhons entre juillet et octobre, parfois dès juin, pendant la saison des pluies. Mais c’est à l’automne qu’ils sont les plus forts. Actuellement, le Japon connait son 14e typhon de la saison, le plus violent jamais connu. Des rafales allant jusqu’à 234 km/h ont été enregistrées ainsi que des pluies diluviennes. Des dizaines de personnes ont été blessées et deux sont mortes depuis que la tempête a touché terre dimanche 18 septembre au matin sur Kyushu, l’île la plus au sud du Japon. Ces phénomènes seront amenés à se répéter avec le changement climatique, préviennent les experts.
Chaque année, le Japon se prépare fébrilement à la saison des typhons. Ces tempêtes remontent « l’allée des typhons », c’est-à-dire le nord-ouest du Pacifique. L’agence de météorologie japonaise (JMA) est chargée de leur étude afin de prédire, dès leur formation, leur trajectoire et leur évolution, et d’émettre des bulletins d’alerte suffisamment tôt pour permettre au pays de se préparer.
Actuellement, dans cette allée des typhons, la tempête Nanmadol de catégorie 4 a porté dimanche un coup dévastateur au Japon. Notons que l’alerte de niveau 5 est la plus élevée sur l’échelle d’urgence et n’est utilisée que pour une situation de danger sans précédent. L’Agence météorologique japonaise a émis un rare avertissement d’urgence pour des vents violents, de hautes vagues et une onde de tempête pour la préfecture de Kagoshima dans le Sud-ouest du Japon. Le Premier ministre Fumio Kishida a même retardé son départ pour New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies cette semaine afin d’évaluer les dégâts causés par le 14e typhon japonais de la saison, le plus violent.
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Une violence inouïe, amenée à se répéter
Vendredi 16 septembre, les vents de Nanmadol ont atteint une intensité maximale de 250 km/h, ce qui a incité le JTWC à le classer comme un « super typhon ». Les images satellites de samedi après-midi ont montré une très grande et imposante tempête avec un œil proéminent de 20 km de diamètre entouré de sommets de nuages très froids. Les vents de force « ouragan » de Nanmadol s’étendaient à plus de 135 km du centre, et les vents de force « tempête tropicale » s’étendaient jusqu’à environ 435 km. Ce grand champ de vent générait d’énormes vagues jusqu’à 14 m de haut, selon le Joint Typhoon Warning Center de l’US Navy (JTWC).
C’est cette gigantesque onde de tempête qui est capable de causer des destructions massives. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a tweeté le 18 septembre que Nanmadol était « l’un des typhons les plus puissants jamais vus», mettant en garde contre des pluies torrentielles, des inondations côtières et des vents assez puissants pour renverser des maisons.
Malgré des conditions qui semblaient favoriser un renforcement de la tempête — températures de surface de la mer de 29 à 30 degrés Celsius, un léger cisaillement du vent et une atmosphère humide —, tous les organes de surveillance ont émis un avis d’affaiblissement, faisant passer Nanmadol à une tempête de catégorie 2 ou 3. Effectivement, les autorités prévoient que Nanmadol atteindra Tokyo mardi 20 septembre au rang de tempête tropicale mardi, avant de prendre la mer mercredi 21 septembre dans les eaux froides du Pacifique.
Il faut savoir que de nombreux experts du climat ont prédit une saison des ouragans très active cette année, influencée par le phénomène naturel contraire à El Niño, connu sous le nom de La Niña. De plus, les températures de surface de la mer plus chaudes dans l’Atlantique et les Caraïbes en raison du changement climatique peuvent également avoir un impact. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’accorde à dire que les cyclones tropicaux intenses augmenteront à l’échelle mondiale, dans les années à venir, à cause du changement climatique.
Une onde de tempête dévastatrice, des activités à l’arrêt
La plus grande préoccupation pour ce supertyphon concerne les ondes de tempête, et plus précisément au niveau de la baie de Kagoshima, une baie longue et étroite qui peut agir comme un entonnoir concentrant ces ondes de tempête. La ville de Kagoshima (600 000 habitants) se trouve du côté ouest de la baie.
Pour comparaison, le typhon Makurazaki du 17 septembre 1945, qui a suivi une trajectoire similaire à celle de Nanmadol, a généré une onde de tempête de plus de 2 mètres en tête de baie, causant de graves dégâts sur le côté ouest de la baie. Ce typhon a touché terre près de Makurazaki avec une pression centrale de 916,7 hectopascals, alors que l’Agence météorologique japonaise prévoit que Nanmadol aura une pression centrale de 920 hectopascals à l’approche de Kagoshima.
C’est pourquoi les autorités ont émis des avis d’inondation pour Tokyo et la préfecture côtière adjacente de Kanagawa, avertissant que de fortes pluies pourraient également entraîner des glissements de terrain. Sans compter qu’environ 350 000 foyers n’ont déjà plus d’électricité et que des dizaines de milliers de personnes sont hébergées dans des abris d’urgence, selon la BBC.
Selon Reuters, un responsable de l’Agence météorologique japonaise (JMA) a déclaré lors d’une conférence de presse : « Nous devons rester très vigilants face aux fortes pluies, aux coups de vent, aux hautes vagues et aux ondes de tempête ». C’est ainsi que de nombreux vols et trains ont été annulés, Toyota Motor Corp a suspendu les quarts de nuit sur 24 lignes dans 12 de ses usines nationales lundi.
Ce puissant typhon a déjà tué deux personnes et en a blessé plus de 110. Nanmadol a provoqué des rafales allant jusqu’à 234 km/h et certaines zones ont enregistré jusqu’à 900 mm de pluie en 24 heures. Le CMRS Tokyo Typhoon Center a prédit que Nanmadol maintiendrait la force du typhon pendant 12 heures supplémentaires. De ce fait, neuf millions de personnes ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons.
Mais, James Douris, expert de l’OMM en réduction des risques de catastrophe, explique dans un communiqué : « Lorsque l’Agence météorologique japonaise (JMA) émet des alertes précoces, les gouvernements locaux réagissent en fournissant aux gens des informations sur la façon d’évacuer, ce qu’il faut apporter avec soi et d’autres mesures de protection. Les avertissements d’évacuation ne sont pas obligatoires et les autorités ont eu du mal par le passé à convaincre les gens de se déplacer vers des abris avant les phénomènes météorologiques extrêmes ».