Après le robot Flippy, conçu pour cuire les hamburgers, Miso Robotics présente son successeur, Flippy 2. Piloté par une intelligence artificielle et équipé de caméras, comme son prédécesseur, ce robot dernière génération est en plus capable de faire frire des aliments en toute autonomie. Pour le PDG de la société californienne de robotique, Flippy 2 est l’employé idéal de la restauration rapide.
« Il le fait plus rapidement, plus précisément, de manière plus fiable et plus heureuse que la plupart des humains », a déclaré Mike Bell, PDG de Miso Robotics, dans une interview accordée à Reuters. Selon le site web de la société, Flippy 2 serait deux fois plus rapide que les humains dans les tâches de préparation d’aliments et débiterait 30% d’aliments frits en plus. L’engin est constitué d’un énorme bras robotisé guidé par un rail aérien, capable de saisir de manière autonome des ingrédients surgelés dans le congélateur (frites, oignons ou autres) et de les plonger dans l’huile bouillante.
Une fois le temps de cuisson écoulé, il dépose le produit sur un plateau. Selon ses concepteurs, Flippy 2 peut préparer plusieurs repas de différentes recettes en même temps, ce qui réduit les besoins en termes de ressources humaines et accélère la livraison des commandes prises aux guichets et aux bornes drive. « Lorsqu’une commande passe par le système du restaurant, il envoie automatiquement les instructions à Flippy », explique Mike Bell. Il n’a pas été conçu pour remplacer la main d’œuvre humaine, mais pour l’assister — du moins, c’est ainsi qu’est présenté le produit.
Une version plus autonome et plus intelligente
Il a fallu près de cinq ans pour développer cette nouvelle version. Son prédécesseur, Flippy — dédié à la cuisson des hamburgers — était à la hauteur des attentes ; il s’est avéré cependant que le goulot d’étranglement se situait davantage du côté du poste de friture, en particulier au cours de la nuit. Or, c’est l’une des tâches les plus pénibles de la restauration rapide. Flippy 2 peut ainsi décharger les employés de cette tâche pour qu’ils puissent se consacrer à autre chose, comme l’accueil des clients et la prise de commandes, ou encore la présentation des produits. Par la même occasion, il évite aux employés tout risque de brûlure.
Alors que le précédent Flippy avait besoin de deux humains, Flippy 2 est plus autonome et utilise l’intelligence artificielle pour identifier les aliments (comme les frites, les rondelles d’oignon ou les filets de poulet). Il attrape le panier de nourriture, le fait frire pendant la durée appropriée et le place dans une zone précise pour garder le produit à bonne température. Voici une démonstration de ses capacités en vidéo (crédits : Miso Robotics) :
En outre, sa conception compacte et modulaire le rend adaptable même aux espaces de cuisine les plus étroits. Le robot se décline en deux versions, Flippy 2 et Flippy 2 Wings — ce dernier étant spécifiquement conçu pour les restaurants servant des produits à base de poulet frit. Les restaurants intéressés doivent débourser au moins 3000 dollars par mois pour disposer de cet employé hors du commun. La société a également développé une version plus basique de son robot, le Flippy Lite. Celui-ci est conçu pour se concentrer sur un seul produit, nécessitant un assaisonnement solide ou liquide, qu’il prépare avec la plus grande précision.
À noter que les ingénieurs de Miso peuvent suivre en temps réel, sur un grand écran, les actions des robots Flippy 2, ce qui leur permet d’intervenir rapidement en cas de problème. Une assistance, incluse dans le contrat, est assurée 24h/24 et 7j/7.
La restauration rapide en pleine transformation
Quelques chaînes de restauration rapide comptent déjà Flippy 2 parmi leur personnel, notamment Jack in the Box à San Diego, White Castle dans le Midwest et CaliBurger sur la côte ouest. Trois autres grandes chaînes américaines l’auraient également adopté, mais refusent de le mettre en avant, explique Bell — les robots étant généralement perçus comme des voleurs d’emplois…
Miso Robotics travaille actuellement sur un autre robot intelligent, baptisé Sippy, qui sera quant à lui dédié au poste de préparation des boissons. Concrètement, il devra remplir les gobelets — ce qui implique d’ajouter la quantité idéale de boisson et de glaçons selon la taille du gobelet, pour éviter les débordements — mettre des couvercles, insérer des pailles, puis les regrouper par ordre de commande.
Le robot le plus récent de Miso est le CookRight Coffee, actuellement testé chez Panera Bread — une chaîne américaine de type boulangerie. Cette machine, également alimentée à l’IA, est conçue pour surveiller les paramètres clés du café (les données de volume, de température et de temps) et les combiner avec des analyses prédictives ; celles-ci permettent notamment de connaître le type de café que les clients apprécient et le moment auquel ils aiment en boire. Non seulement les employés sont libérés des tâches de vérification, mais sont assurés qu’il y ait toujours du café de qualité pour leurs clients.
La tendance à l’automatisation touche également le secteur de la pizza : la Pizza Station, développée par Picnic, permet de préparer jusqu’à 100 pizzas prêtes à cuire par heure — sur la base du menu proposé par le restaurant — et ne nécessite qu’un seul employé humain. La machine garantit l’homogénéité des produits et génère moins de 2% de déchets alimentaires.
De nombreux restaurants ont actuellement du mal à recruter et le coût de la main-d’œuvre ne cesse d’augmenter, ce qui explique pourquoi ces robots autonomes suscitent un intérêt croissant parmi les acteurs du secteur. Il se pourrait donc qu’un jour les repas de fast-foods soient exclusivement préparés par des robots…