L’entreprise Aeromine a mis au point un système pour « aspirer » l’énergie éolienne. Cette solution, conçue pour se fixer sur les toits de bâtiments, pourrait se révéler bien plus efficace que les systèmes photovoltaïques existants actuellement.
On pourrait décrire esthétiquement la technologie d’Aeromine comme une sorte de grosse cheminée blanche, à la forme un peu étrange. D’ailleurs, elle a été spécifiquement conçue pour se fixer sur les toits de bâtiments. Les recherches concernant ce drôle de système éolien ont été lancées à la Texas Tech University. L’entreprise Aeromine a ensuite été montée pour développer et commercialiser le concept.
Contrairement aux éoliennes en forme de « fleurs » dont nous avons l’habitude, le système proposé par Aeromine serait fixe, ce qui génère des coûts de production moins élevés. L’idée est donc, lors de l’installation, d’optimiser son orientation en fonction de la direction habituelle du vent. Quant au fonctionnement, l’entreprise n’en a pour le moment pas révélé beaucoup : « la technologie tire parti de l’aérodynamisme similaire aux profils aérodynamiques d’une voiture de course pour capturer et amplifier le flux d’air de chaque bâtiment », peut-on toutefois lire dans un communiqué récent.
L’idée générale a tout de même été davantage explicitée dans plusieurs vidéos et communiqués d’Aeromine. Il s’agit de capturer et d’amplifier le flux d’air présent sur le toit d’un bâtiment. Pour cela, plusieurs « ailerons », comparables à des spoilers de voiture, sont stratégiquement placés face à face. Un poteau rond est placé au centre de cet ensemble. Leur inclinaison aérodynamique est pensée pour générer un vide à basse pression au centre de l’appareil.
Autrement dit, cet appareil « aspire » naturellement l’air, soit à travers des perforations, soit dans les ailes elles-mêmes, soit dans le poteau rond. Tout cela génère un flux d’air accéléré, qui est aspiré dans un tube. Une hélice, intégrée dans le dispositif, achève alors le travail : traversée par ce courant d’air, elle fait fonctionner un générateur.
Un système à combiner avec des panneaux solaires
Pour monter tout un système basé sur cette technologie, il faut installer 20 à 40 unités en bordure d’un bâtiment, face à la direction prédominante du vent. Selon l’entreprise, cette technologie est silencieuse et peut générer de l’électricité par tous les temps. Elle serait aussi plus efficace que les panneaux solaires, pour une surface occupée moindre. À coût équivalent, l’entreprise estime que ces « éoliennes » peuvent générer 50% d’énergie supplémentaire.
Les données récentes manquent pour obtenir plus de précision : toutefois en janvier 2021, ces unités étaient chacune évaluées à 5 kW. La solution avait alors été présentée dans le cadre du Reimagining energy challenge. Cette puissance est relativement similaire à celle d’un système solaire domestique typique (sur toit) de 21 panneaux. « Chaque unité de ce défi AFWERX (désormais obsolète) promettait de générer environ 14,3 MWh par an. Juste pour la perspective, mon système solaire de 6,5 kW sur le toit de ma maison produit environ 9 MWh par an », détaille un journaliste du New Atlas dans un article en prenant pour point de comparaison sa propre maison.
Au-delà des comparaisons, le système est surtout conçu non pour remplacer, mais pour s’ajouter aux solutions existantes. En effet, son installation sur les toits laisse aussi de la place pour un système de panneaux solaires. « La combinaison de la solution éolienne d’Aeromine avec le solaire sur le toit peut générer jusqu’à 100% des besoins énergétiques sur site d’un bâtiment, tout en minimisant le besoin de stockage d’énergie », affirme l’entreprise.
La solution, plus petite que les éoliennes dont nous avons l’habitude, et plus silencieuse, semble bien partie pour former une alternative intéressante. Comme le souligne le New Atlas, elle n’est bien entendu pas parfaite. Question taille, elle reste tout de même relativement imposante : « les ailes elles-mêmes mesurent environ trois mètres de haut, et en regardant les dernières images, elles sont maintenant posées sur des boîtes qui pourraient ajouter encore 1,8 m ou plus à leur hauteur », estime le média.
Les « mensurations » ne sont en effet pas précisées par Aeromine. On peut aussi se poser la question de l’efficacité des panneaux solaires face aux ombres que les dispositifs projetteront. Enfin, certaines zones géographiques sont soumises à des vents très changeants : il sera alors difficile pour le système d’Aeromine de fonctionner de manière optimale. La technologie n’en propose pas moins une alternative sérieuse à suivre de près.