Un pare-brise de voiture en bois, ça vous tente ? Pas si absurde, si l’on en croit une étude menée par des chercheurs indiens. Ils sont parvenus à concevoir un bois transparent qui pourrait avoir de nombreux usages.
Le principal atout de ce bois transparent, selon les chercheurs, serait d’être biodégradable et issu d’une ressource renouvelable, au contraire des matières plastiques. L’analyse des scientifiques montre que ce matériau aurait un impact écologique réduit de 10⁷ fois comparé au polyéthylène. Cette affirmation se base sur l’Analyse du cycle de vie (LCA), qui prend en compte la production du matériau et sa « fin de vie ». Leur étude a été publiée dans le journal Science of the total environment.
En effet, comme le rappelle le Programme environnemental des Nations-Unies (UNEP) dans un communiqué : « La pollution plastique est un problème mondial. Environ 7 milliards des 9,2 milliards de tonnes de plastique produites entre 1950 et 2017 sont devenus des déchets plastiques, finissant dans des décharges ou jetés ». Malgré les efforts de recyclage, la majorité du plastique n’est donc pas réutilisée, en faisant un fléau mondial en termes d’écologie. Les scientifiques espèrent donc que le bois pourrait constituer un matériau de substitution dans de nombreux domaines. Emballages semi-transparents, matériel biomédical… « Il a été récemment utilisé pour la construction, le stockage d’énergie, l’électronique flexible et les applications d’emballage », affirment-ils dans leurs travaux de recherche.
« Le bois transparent en tant que matériau peut remplacer les plastiques à base de pétrole nocifs pour l’environnement, tels que le polypropylène, le chlorure de polyvinyle (PVC), l’acrylique, le polyéthylène, etc. », explique Prodyut Dhar, auteur de l’étude et professeur adjoint à l’Indian Institute of Technology’s biochemical engineering school, au média Scidev.
Du bois transparent depuis 1992
Aussi innovant qu’il puisse paraître, le bois transparent ne date pas d’hier. C’est en 1992 que Siegfried Fink, scientifique allemand, fait cette trouvaille. La méthode a évolué au fil des scientifiques qui s’y sont intéressés. Toutefois, toutes les méthodes mises en place n’étaient pas nécessairement écologiques. Le principe était d’éliminer, par différents traitements, la teneur en lignine du bois, un biopolymère naturel qui soutient la structure du bois. On y substituait ensuite d’autres matériaux, souvent du plastique.
Cette fois-ci, les chercheurs ont choisi d’utiliser du chlorite de sodium pour éliminer la lignine du bois et de l’infiltrer ensuite avec de l’époxy. Un procédé qui présente beaucoup moins d’impacts environnementaux que les méthodes couramment utilisées, affirment les scientifiques. Leurs analyses suggèrent que le bois transparent est tout de même encore moins respectueux de l’environnement que le verre. En revanche, il est bien meilleur que la production de polyéthylène.
« Le bois transparent est principalement développé à l’aide de fines tranches de bois et a une bonne résistance, comme celle du bois ordinaire, mais il est plus léger. La possibilité de conférer des propriétés multiples et avancées par le biais de l’incorporation de matériaux spécialisés en fait un substrat biosourcé unique pour des applications polyvalentes », s’enthousiasme Anish M. Chathoth auprès de SciDev.