Le 26 septembre dernier, la NASA envoyait délibérément un vaisseau spatial percuter la surface escarpée de l’astéroïde Dimorphos. Ce choc a dévié de 4% son orbite, bien plus qu’espéré. De nouvelles images de Hubble révèlent la présence inattendue de queues jumelles derrière l’astéroïde, à l’image d’une comète, permettant de recueillir de précieuses données sur les conséquences de l’impact.
Le vaisseau spatial de la mission DART a touché Dimorphos, une petite lune de l’astéroïde Didymos, le 26 septembre lors d’un test de défense planétaire visant à modifier l’orbite de Dimorphos par impact. Les données actuelles montrent que DART a raccourci l’orbite originale de 11 heures et 55 minutes de Dimorphos autour de Didymos d’environ 32 minutes, dépassant une attente de 10 minutes.
C’est la première fois que l’humanité modifie délibérément le mouvement d’un objet céleste et la première démonstration à grande échelle de la technologie de déviation d’astéroïdes dans le cadre de la défense planétaire.
Jamais photographié auparavant, Dimorphos, qui mesure 160 mètres de diamètre, est apparu sous la forme d’un grain de lumière environ une heure avant l’impact. Sa forme ovoïde et sa surface escarpée et parsemée de rochers sont finalement apparues clairement dans les derniers instants, alors que DART courait vers lui à environ 23 500 kilomètres par heure.
Le petit astéroïde fait maintenant l’objet de beaucoup d’attention. C’est dans ce contexte que le télescope spatial Hubble vient de capturer une nouvelle image montrant les conséquences physiques de l’impact avec DART.
Une pseudo-comète formée
En premier lieu, deux jours après l’impact, Hubble a pris une image montrant une queue en expansion, semblable à celle d’une comète, de plus de 10 000 kilomètres de long. En second lieu, les observations répétées de Hubble au cours des dernières semaines ont permis aux scientifiques de présenter une image plus complète de l’évolution du nuage de débris du système au fil du temps. Les observations montrent que le matériau éjecté, ou « éjecta », s’est dilaté et a perdu de sa luminosité au fil du temps après l’impact, d’une manière que les scientifiques avaient prévue. Cet éjecta est composé de poussière et d’autres matériaux qui se sont échappés du cratère d’impact.
La queue jumelle est une évolution inattendue, comme le souligne le communiqué de la NASA, bien qu’un comportement similaire soit couramment observé chez les comètes et les astéroïdes actifs. Le fait que Dimorphos ait perdu suffisamment de matière pour former une si grande queue reflète la gravité de l’impact.
Les observations de Hubble fournissent l’image de la meilleure qualité de la double queue à ce jour. Après l’impact, le télescope a fait 18 observations du système. L’imagerie indique que la deuxième queue s’est formée entre le 2 et le 8 octobre.
L’explication d’une queue jumelle reste floue
La relation entre la queue en forme de comète et d’autres caractéristiques d’éjecta vues à divers moments dans les images de Hubble et d’autres télescopes n’est toujours pas claire. Ce sont toutes ces questions que l’équipe de recherche s’efforce actuellement de comprendre.
La queue nord est nouvellement développée. Dans les mois à venir, les scientifiques examineront de plus près les données de Hubble pour déterminer comment cette deuxième queue s’est formée. Il existe un certain nombre de scénarios possibles que l’équipe étudiera.
En effet, pour une comète, l’existence de deux queues est une chose habituelle. Invisibles dans le Système solaire externe, celles-ci se matérialisent à mesure que la comète s’approche du Soleil. Elles reflètent alors la manière dont la comète peut interagir avec le Soleil.
En plus de la lumière provenant de ce dernier, il y a le vent solaire, constitué de particules chargées (électrons et protons) qui s’échappent de l’astre, en raison de leurs vitesses élevées. Ces particules chargées interagissent alors avec le gaz ionisé produit par la comète, produisant la deuxième queue bleutée de la comète, qui pointe toujours dans la direction opposée au Soleil. Il reste alors à déterminer si tel est le cas ici pour Dimorphos, ou s’il ne s’agit que de débris.
Finalement, DART était une tentative audacieuse d’entraînement à la déviation d’un astéroïde loin de la Terre. Il faut savoir, tout de même, que les astronomes ne connaissent aucun astéroïde dangereux se dirigeant vers la Terre.
Néanmoins, en rassemblant autant de données que possible sur l’impact de DART et sur ce qui est arrivé à Dimorphos par la suite, cela aidera la NASA à planifier toute future mission de défense planétaire.