La science le confirme, les sons basse fréquence font davantage danser

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| Unsplash/Marcela Laskoski
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Des neuroscientifiques canadiens ont découvert que les gens bougent davantage leur corps sur une piste de danse dès lors que des sons basse fréquence sont émis… même s’ils ne sont pas capables de les entendre ! Ce résultat suggère l’existence d’une voie de niveau relativement bas via laquelle les basses fréquences influencent le mouvement et la danse.

Plusieurs études antérieures ont suggéré que la musique sur laquelle les gens ont envie de danser contient généralement davantage de sons à basse fréquence — les sons graves aidant à bouger en rythme. Les sons graves confèrent des avantages en matière de perception et de synchronisation des mouvements, et suscitent des réponses neuronales plus fortes pour la synchronisation que les sons aigus, ce qui suggère une communication sensorimotrice supérieure, expliquent les chercheurs.

Des études ont montré que les sons basse fréquence ne sont pas seulement traités par les voies auditives : ils passent également par des voies vibrotactiles et vestibulaires, qui modulent la perception du rythme musical et stimulent l’envie de bouger. S’agit-il d’effets causaux directs des basses fréquences dans des contextes sociaux complexes et réels, ou ces sons peuvent-ils affecter le comportement même s’ils ne sont pas perçus de façon consciente ? Le Dr Daniel Cameron, neuroscientifique à l’Université McMaster, au Canada, s’est penché sur la question : son équipe et lui ont organisé un concert de musique électronique pour étudier le phénomène.

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Des mouvements plus fréquents et vigoureux

Pour mieux cerner les effets des basses fréquences, les chercheurs ont organisé un concert de musique électronique, au cours duquel ils ont utilisé des haut-parleurs à très basse fréquence (VLF) — délivrant des sons non ou peu audibles par l’oreille humaine (de 8 à 37 Hz). Rappelons au passage que la plage de fréquences audibles est comprise entre 20 Hz et 20 kHz. Les haut-parleurs ont été allumés et éteints toutes les 2,5 minutes, pendant 55 minutes. Une quarantaine de spectateurs étaient équipés de bandeaux de capture de mouvements.

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(A) Le duo canadien Orphx se produisant au LIVELab de l’Université McMaster. (B) Public pendant le concert. (C) Puissance spectrale de l’audio du concert pendant que les haut-parleurs VLF étaient allumés (orange) et éteints (bleu). (D) Formes d’onde de l’audio du concert (en haut) et des VLF (en bas) pendant la période de collecte de données de 55 minutes. (E) Différences dans le mouvement normalisé des participants et moyenne du groupe (barre horizontale noire). (F) Performance des participants dans l’expérience de détection VLF.

« Nos données montrent que les participants bougeaient davantage, en moyenne de 11,8%, lorsque les VLF étaient activés », rapportent les chercheurs. Ces personnes dansaient plus vigoureusement, avec des mouvements plus exagérés. Les participants ont par ailleurs été invités à répondre à un questionnaire après le concert, portant sur les sensations corporelles qu’ils ont ressenties. Ils ont indiqué que ces sensations étaient plutôt agréables et avaient contribué à leur envie de bouger ; elles n’étaient toutefois pas perçues comme spécialement plus intenses que lors de concerts similaires — ce qui suggère que les sensations corporelles apparentes aux participants n’étaient pas suscitées par les haut-parleurs VLF.

Pour confirmer que les VLF n’étaient pas consciemment détectables, 17 autres personnes ont participé à une nouvelle expérience impliquant les mêmes haut-parleurs VLF. Chacun a écouté deux paires d’extraits du concert, de 3,5 secondes, et devait indiquer quelle paire était différente — deux extraits étaient rigoureusement identiques, tandis que les deux autres ne différaient que par la présence ou de l’absence de VLF dans l’un d’eux.

Un changement de comportement inconscient

Le taux de réponses correctes avoisinait les 50%, ce qui montre que les participants répondaient au hasard et ne pouvaient donc pas détecter la présence ou l’absence de VLF. « Ces résultats démontrent qu’un comportement social complexe – la danse – peut être augmenté en intensité par les VLF à l’insu des participants », conclut l’équipe.

Les systèmes vibrotactiles et vestibulaires qui traitent les sons basse fréquence sont étroitement liés au système moteur ; le système vestibulaire, situé dans l’oreille interne, contribue à la sensation de mouvement et à l’équilibre chez la plupart des mammifères. Les signaux sensoriels qui en sont issus sont relayés aux structures neuronales qui commandent certains mouvements oculaires et musculaires.

Ces deux systèmes peuvent ainsi affecter les mouvements spontanés et la perception du rythme. En raison de ces connexions et du fait que les VLF étaient inférieures ou proches du seuil auditif — et même « masquées » par les fréquences plus hautes —, ces voies sensorielles non auditives étaient probablement impliquées dans l’effet observé, expliquent les chercheurs.

En conclusion, la relation causale entre les basses et la danse ne reflète pas une association explicite. Notre réponse à ces fréquences indétectables implique un changement de comportement totalement inconscient, éventuellement lié au système de récompense. La Dr Anne Keitel, maître de conférences en neurosciences cognitives à l’Université de Dundee, qui n’a pas participé à l’étude, a souligné que bien que l’effet en question soit modéré, il semblait remarquablement constant d’un individu à l’autre.

Selon elle, il serait particulièrement intéressant de vérifier si ces sons peuvent être mesurés dans l’activité cérébrale, afin de comprendre la façon dont ils sont captés et pourquoi ils influencent les mouvements des individus.

Source : D. Cameron et al., Current Biology

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