Alors qu’ils exploraient les anciens drains du Colisée, à Rome, des archéologues ont mis au jour plusieurs restes d’animaux, y compris ceux de chiens qui pourraient être les ancêtres des « chiens saucisses » (ou teckels) modernes. Les experts pensent que ces chiens étaient destinés à divertir la foule, à travers des numéros de cirque ou des combats sanglants contre de gros animaux, tels que des ours.
Le teckel est une race originaire d’Allemagne, apparue au début du 18e siècle, utilisée à l’époque pour déloger les proies de leur terrier. Doté d’une puissante mâchoire, d’un corps musclé et de pattes courtes, ce chien peut se faufiler partout, sur tout type de terrain. Aujourd’hui encore, cette race est utilisée pour la chasse d’animaux de taille moyenne (renards, lapins, blaireaux, sangliers, etc.). C’est même un « incontournable chien de chasse » selon le Club des Amateurs de Teckels. Il semblerait que ses ancêtres aient dû faire face à des animaux bien plus impressionnants.
C’est la première fois que des ossements de petits chiens sont découverts sur le site de l’emblématique amphithéâtre. « Nous avons trouvé de nombreux os de chiens qui ressemblaient au chien saucisse moderne », a déclaré au Telegraph Alfonsina Russo, directrice du Parc archéologique du Colisée. Ces chiens n’étaient malheureusement pas de simples animaux domestiques, selon les experts : ils étaient vraisemblablement élevés pour divertir la population, sans doute jusqu’à en perdre la vie puisqu’ils étaient amenés à combattre des ours ou des lions dans l’arène du Colisée.
Des restes du « snacking » des spectateurs
Ces chiens, comme les teckels d’aujourd’hui, mesuraient à peine 30 centimètres au garrot. Ils auraient pu être utilisés pour faire des acrobaties, comme dans un cirque, ou pour de véritables scènes de chasse contre des animaux plus gros — un type de spectacle appelé venationes, qui mettait en scène des animaux et parfois des hommes, dans des décors simulant un environnement naturel. C’est du moins ce que supposent les archéologues au vu des restes d’autres animaux trouvés à proximité. Les venationes ont suscité à l’époque un important trafic d’animaux sauvages originaires d’Afrique du Nord.
En explorant près de 70 mètres de drains et d’égouts sous le Colisée à l’aide de robots filoguidés, les archéologues ont également trouvé, aux côtés des restes de chiens saucisses, des os de chiens plus grands, de léopards, de lions, d’ours et d’autruches. Ils ont identifié également des restes de nourriture — notamment des figues, des raisins, des melons, des olives, des pêches, des cerises, des prunes, des noix, des noisettes et des pignons de pin — que les spectateurs grignotaient probablement pendant le spectacle.
L’équipe a également mis au jour plus de 50 pièces de bronze de la fin de la période romaine et une pièce d’argent éditée en l’an 170-171 environ, pour commémorer les 10 ans de règne de l’empereur Marc Aurèle. Divers autres objets se trouvaient dans ces conduites d’évacuation, comme des dés, une épingle à cheveux ainsi que des fragments de chaussures et de vêtements, rapportent les chercheurs.
Ces recherches offrent non seulement un nouvel aperçu de la complexité du système hydraulique du Colisée, mais permettent également de mieux comprendre « l’expérience et les habitudes de ceux qui fréquentaient cet endroit pendant les longues journées consacrées aux spectacles », a déclaré Alfonsina Russo à Roma Today.
Le mystère des naumachies pas encore élucidé
Le Colisée, qui pouvait accueillir jusqu’à 50 000 personnes, était le plus grand amphithéâtre de l’Empire romain. Il était célèbre pour accueillir des combats de gladiateurs (appelés munera) et d’autres spectacles (exécutions de condamnés à mort, reconstitutions de batailles, etc.). Inauguré en l’an 80, il est resté en service pendant près de 500 ans.
Pour l’inauguration de ce lieu mythique, l’empereur Titus, qui régna de l’an 79 à 81, aurait organisé une naumachie — une reconstitution d’une bataille navale, qui aurait nécessité la transformation de l’arène en un immense bassin. Cette mise en eau soulève toutefois de nombreuses questions, notamment sur l’étanchéité des lieux et la façon dont les organisateurs passaient d’un spectacle terrestre à un spectacle aquatique en relativement peu de temps. Ainsi, les naumachies d’amphithéâtre demeurent encore mystérieuses et on ne sait si celles du Colisée, évoquées dans la littérature, ont vraiment eu lieu ou n’étaient qu’un simulacre.
C’est pourquoi ce projet de recherche visait essentiellement à mieux comprendre le fonctionnement des anciens égouts et du système hydraulique de l’amphithéâtre. Ces connaissances historiques pourraient par ailleurs aider à résoudre un problème actuel : Rome est souvent victime d’importantes chutes de pluie, de plus en plus fréquentes, entraînant l’inondation des souterrains. Ainsi, des archéologues, des ingénieurs et des experts en hydraulique se mobilisent pour trouver un moyen de résoudre le problème — peut-être en restaurant une partie des anciens égouts, rapporte l’agence de presse italienne ANSA.