La nouvelle a un arrière-goût de film catastrophe de science-fiction. C’est pourtant officiel : la police de San Francisco est en bonne voie pour obtenir l’autorisation de pouvoir recourir à des robots armés d’une force de frappe létale, dans des cas d’extrême urgence.
« La police de San Francisco sera autorisée à utiliser des robots pour tuer des gens dans un nombre limité de situations d’urgence, d’après une nouvelle mesure approuvée par le Conseil des superviseurs de la ville ce mardi », pouvait-on lire, ce 29 novembre 2022, dans un article du San Francisco Chronicle. La mesure doit encore être approuvée par un second vote, la semaine prochaine, avant d’être validée par le maire.
En réalité, cette autorisation fait suite à un précédent. Il y a six ans, les forces de police de San Francisco avaient eu recours à un robot chargé en explosifs pour éliminer un tireur embusqué, qui avait abattu 5 officiers. Le débat a donc duré longtemps avant d’aboutir à ce premier vote : l’autorisation serait accordée, « lorsque le risque de mort pour des civils ou des officiers est imminent et que les officiers ne peuvent pas maîtriser la menace après avoir utilisé des options de force alternatives ou des tactiques de désescalade », précise le Conseil des superviseurs, organe législatif de San Francisco. L’idée serait donc de pouvoir intervenir « sans risque », dans le cas d’une situation critique.
Comme on peut assez facilement l’imaginer, cette première validation a fait l’objet de nombreux débats enflammés. Jusqu’au sein du conseil, où les politiciens étaient très divisés. « Après tout ce qu’on a vu, les tueries en milieu scolaire, le terrorisme, les réalités du XXIe siècle, je pense qu’on doit absolument se servir des technologies les plus avancées pour affronter ce genre de menaces, un point, c’est tout », a ainsi soutenu Rafael Mandelman, dans des propos rapportés par le San Francisco Chronicle.
« Des risques d’emploi abusif »
« Il y a de sérieux risques d’emploi abusif de cette technologie de type militaire, et aucune preuve qu’elle soit nécessaire », rétorque un autre élu, Dean Preston, qui a voté contre. Le bureau du défenseur public de San Francisco a également pris position, dans une lettre envoyée au conseil des superviseurs rapportée par le Washington Post. Il a déclaré que cette politique était « déshumanisante et militariste ».
Les opposants à la mesure au sein du conseil ont notamment fait valoir qu’il n’était pas certain que la mesure sauverait des vies, et qu’elle risquait de surcroît de créer de la méfiance au sein des communautés. « La plupart des armes des forces de l’ordre sont utilisées contre des personnes de couleur », explique ainsi la présidente du conseil, Shamann Walton. « Je suis vraiment stupéfaite que nous soyons ici à parler de cela ». La politique, si elle est définitivement validée, concernera une flotte de robots basés au sol que la police de San Francisco possède déjà pour les opérations de reconnaissance, de déminage et de sauvetage.