Après avoir fourni de très nombreux détails sur les satellites naturels Ganymède et Europe de la plus grande planète de notre système solaire, Jupiter, la sonde spatiale Juno de la NASA a continué sa mission vers la lune sœur Io. C’est ainsi qu’elle vient de révéler une image infrarouge époustouflante de sa surface volcanique, à seulement 80 000 kilomètres de distance. Elle est couverte de centaines de volcans, d’où jaillissent des fontaines de lave. Ces observations vont permettre de nouvelles découvertes concernant la quatrième plus grande lune de Jupiter.
Le 5 août 2011, Juno de la NASA a entrepris un voyage de 5 ans vers la plus grande planète de notre système solaire, la géante gazeuse Jupiter. Les nombreuses découvertes de Juno ont changé notre vision de l’atmosphère et de l’intérieur de cette planète, révélant une couche météorologique atmosphérique qui s’étend bien au-delà de ses nuages et un intérieur profond avec un noyau d’éléments lourds dilués. Vers la fin de la mission principale, alors que l’orbite du vaisseau spatial évoluait, les survols de la lune Ganymède ont amorcé la transition de Juno vers un nouvel objectif.
En effet, Juno est devenu un explorateur du système jovien complet, avec des survols supplémentaires prévus des lunes Europe et Io. Juno traversera également le tore Europe et le tore Io. Ce sont des nuages de particules chargées en forme de « beignet » qui entourent l’orbite de chaque lune.
Récemment, une image à couper le souffle de la lune Io prise le 5 juillet 2022 (presque 11 ans après son lancement) est parvenue à l’agence, révélant une activité volcanique intense. La mission Juno devrait obtenir des images supplémentaires de cette lune jovienne à partir du 15 décembre, dans le cadre de son exploration continue des lunes intérieures de Jupiter.
Plusieurs survols programmés
L’image infrarouge publiée par la NASA est produite à partir des données recueillies par l’instrument Jovian Infrared Auroral Mapper (JIRAM), installé à bord de Juno. Sur cette image, plus la température enregistrée par JIRAM était élevée, plus la couleur est claire. On distingue alors très bien les points volcaniques disséminés sur la presque totalité de la surface du corps céleste.
Les scientifiques s’accordent à dire que cette lune de Jupiter est l’endroit le plus volcanique du système solaire. Il restera l’objet de l’attention de l’équipe pendant un an et demi. Leur exploration de la lune le 15 décembre sera le premier des neuf survols programmés, dont deux à seulement 1500 kilomètres de sa surface.
L’équipe scientifique de la mission Juno utilisera ces survols pour effectuer la première campagne de surveillance à haute résolution du satellite naturel, étudiant les volcans d’Io et essayant d’établir comment les éruptions volcaniques interagissent avec la puissante magnétosphère et les aurores boréales de Jupiter.
À la recherche d’eau sur les lunes de Jupiter
Comme mentionné précédemment, Juno est sur l’orbite de Jupiter depuis six ans et a également effectué plusieurs survols des quatre principales lunes de la planète — Callisto, Ganymède, Europe et maintenant Io.
Scott Bolton, chercheur principal du vaisseau spatial Juno de la NASA, déclare dans un communiqué : « À chaque survol rapproché, nous avons pu obtenir une multitude de nouvelles informations. Les capteurs Juno sont conçus pour étudier Jupiter, mais nous avons été ravis de voir à quel point ils peuvent remplir une double fonction en observant les lunes de Jupiter ».
Juno a notamment effectué son survol rapproché de Ganymède en 2021 et d’Europe plus tôt cette année. Ces survols ont permis d’appréhender l’intérieur, la composition de la surface et l’ionosphère de la lune Ganymède, ainsi que son interaction avec la magnétosphère de Jupiter.
De plus, les résultats préliminaires du survol d’Europe par Juno le 9 septembre incluent les premières observations 3D de la croûte de glace d’Europe. D’ailleurs, une image prise le 29 septembre 2022 à la plus haute résolution que Juno puisse obtenir, révèle cette croûte fortement fracturée.
Il faut savoir que ces deux lunes présentent un intérêt particulier : elles pourraient dissimuler toutes deux un océan d’eau liquide en profondeur, et donc potentiellement héberger une forme de vie.
Au cours des survols, le radiomètre à micro-ondes de Juno (MWR) a ajouté une troisième dimension à l’exploration de la lune jovienne. Il a fourni un regard révolutionnaire sous la croûte de glace d’eau de Ganymède et d’Europe pour obtenir des données sur sa structure, sa pureté et sa température jusqu’à environ 24 kilomètres sous la surface.
Les images en lumière visible obtenues par la JunoCam ainsi que par les missions précédentes vers Jupiter, indiquent que la surface de Ganymède est caractérisée par un mélange de terrain sombre plus ancien, de terrain lumineux plus jeune et de cratères brillants, ainsi que de caractéristiques linéaires potentiellement associées à une activité tectonique.
La sonde Juice de l’Agence spatiale européenne quittera la Terre l’année prochaine et concentrera son attention sur Ganymède. Le satellite Clipper de la NASA, qui sera lancé en 2024, restera en orbite autour d’Europe pour fournir encore plus de données.