La légende de « Bigfoot » est entrée dans la culture populaire, nombreux étant ceux qui sont fascinés par ce mythe. Mais il est facile de confondre deux espèces quand on croit fermement à la présence d’un animal en particulier. Personne ne peut nier qu’une telle erreur d’identification est possible. La question à se poser est donc : est-ce que cela se produit pour le Bigfoot ? Un analyste a tenté de répondre à cette question et affirme avoir enfin élucidé le mystère.
Les observations signalées de ces animaux présumés, de grandes créatures poilues ressemblant à un être humain, surnommées « sasquatch » d’après la tradition des Premières Nations de la côte ouest, « Bigfoot » pour les Occidentaux, et le nomen dubium — nom scientifique qui est d’utilisation inconnue ou douteuse — Gigantopithecus canadensis, se comptent par milliers. Par conséquent, ce phénomène anthropozoologique est entré dans la culture populaire.
En effet, pendant plus de 400 ans, les gens ont rapporté avoir vu de grands animaux ressemblant à des hommes, couverts de poils, dans les régions sauvages d’Amérique du Nord. Ils apparaissaient à l’orée d’une forêt puis disparaissaient sous le couvert végétal.
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Néanmoins, des analyses génétiques via l’ADN contenu dans les traces et des analyses microscopiques de poils supposés, d’excréments et d’autres spécimens attribués au sasquatch ont été identifiées comme des fibres synthétiques ou du matériel de formes connues telles que les cervidés, les bovins et les ursidés. L’identification erronée de l’ours noir américain (Ursus americanus) est souvent désignée comme une source possible du phénomène Bigfoot.
En effet, cette espèce a été identifiée comme un candidat probable pour de nombreuses observations présumées de sasquatch, étant un grand tétrapode, généralement recouvert d’un pelage sombre, et il est connu pour se déplacer parfois de manière bipède.
Récemment, Floe Foxon, spécialiste des données chez Pinney Associates, s’est appuyé sur des méthodes statistiques pour déterminer si les prétendues observations de sasquatch peuvent être expliquées en grande partie par ces identifications erronées d’ours noirs. Son travail est publié sur le site de préimpression bioRxiv.
Une méthode simple déjà éprouvée
Il faut savoir que Foxon a déjà utilisé ces méthodes dans un article précédent, intitulé « Si c’est réel, pourrait-il s’agir d’une anguille ? », pour déterminer si les grands anguilliformes pouvaient expliquer les phénomènes anthropozoologiques associés au Loch Ness.
De plus, plusieurs études antérieures ont examiné le nombre d’observations de Bigfoot dans certaines parties du Nord-ouest du Pacifique, où se produisent la plupart des observations de Bigfoot, par rapport aux populations d’ours, et ont trouvé ce qu’elles décrivent comme des corrélations. Néanmoins, l’étude de 2005 a conclu qu’une espèce animale autre que l’ours noir américain est responsable des observations de cette créature mythique.
Afin d’approfondir ces résultats, Foxon s’est appuyé sur ces recherches en élargissant le champ d’étude pour inclure tous les États-Unis continentaux et le Canada. Concrètement, la méthode de Foxon consiste à diviser les deux pays en États ou provinces, en tenant compte de la densité de population humaine, du couvert forestier et de la présence d’autres espèces sauvages, en particulier la densité de population d’ours noirs.
Par la suite, il a croisé ces données avec celles des rapports et observations de Bigfoot à partir du XXe siècle, aux États-Unis et au Canada. Enfin, il a produit des cartes choroplèthes — carte utilisant des variations de couleur ou d’ombrage pour caractériser quantitativement un phénomène.
Un ours sur deux pattes
Foxon note dans un premier temps une forte similarité entre les cartes de densité de population et celles des rapports. En effet, plus d’humains signifie plus de rencontres potentielles avec Bigfoot, mais aussi avec n’importe quelle espèce nord-américaine.
Dans un second temps, l’auteur souligne dans son article que les cartes de signalements de sasquatchs et de population d’ours noirs sont fortement colorées dans la région du nord-ouest du Pacifique, bien que les ours noirs ne soient pas courants au Texas et en Floride, où des observations présumées de sasquatch ont été signalées.
Cependant, après ajustement pour la population humaine et la superficie terrestre, une observation de Bigfoot est attendue pour 900 ours dans un état donné. Ces résultats sont en accord avec les résultats d’études antérieures en 2005 et 2009, utilisant des méthodes similaires, et suggèrent que de nombreuses observations supposées de sasquatch en Amérique du Nord sont probablement des ours noirs mal identifiés.
Effectivement, l’ours noir américain se trouve dans toute l’Amérique du Nord dans des habitats allant des marécages aux broussailles du désert. C’est un grand animal trapu, l’un des plus gros mammifères d’Amérique du Nord.
Comme le rapporte le service forestier de l’U.S. Department Of Agriculture, un ours peut se tenir debout sur ses pattes arrière pour mieux voir ou pour capter une odeur qu’il n’arrive pas à identifier. Et à partir de cette position peu confortable pour lui, le rendant malaisé pour se déplacer, il peut ressembler étrangement à un humain poilu.
Notons que l’ours noir fait un retour significatif au Texas, selon le Texas Parks and Wildlife (TPW) et se trouve sur la liste nationale des espèces menacées. Les biologistes du TPW encouragent alors les gens à signaler les récentes observations d’ours au Département des parcs et de la faune du Texas.
Des recherches sont en cours, menées par le Département des parcs et de la faune du Texas, pour déterminer le statut des ours noirs au Texas. Une étude est également en cours dans l’est du Texas pour déterminer l’adéquation de l’habitat dans cette partie de l’État. C’est pourquoi le nombre de rapports décrivant une observation de Bigfoot ne se tarira pas et aidera dans une certaine mesure à suivre l’évolution des populations d’ours noirs et à les protéger.