Les emblématiques combinaisons spatiales blanches à casques réfléchissants sont des merveilles de technologie ayant fait leurs preuves dans de nombreuses missions spatiales. Néanmoins, leur conception remonte aux missions Apollo (il y a près de 40 ans) et les combinaisons passent d’astronaute en astronaute malgré leur vétusté. L’ancien modèle tire enfin sa révérence : la NASA a dévoilé le nouveau prototype ultramoderne des combinaisons spatiales qui seront utilisées pour la mission Artemis III. L’objectif est notamment de garantir la sécurité des astronautes tout en leur offrant plus de flexibilité et de praticité pour leurs futures missions.
Les combinaisons spatiales, ou unités de mobilité extravéhiculaire (EMU), datent de l’époque de Neil Armstrong. Elles ont donc largement dépassé leur durée de vie, des marques de délabrement et de dysfonctionnement étant régulièrement rapportées par les astronautes. « Ça a l’air cool, mais ça a 35 ans, ça sent le vestiaire et il y a une décoloration à l’intérieur », témoigne ironiquement l’astronaute Douglas Harry Wheelock. L’an dernier, nous avions même rapporté des infiltrations d’eau au niveau des casques — un risque apparemment récurrent auquel les astronautes ont été plusieurs fois exposés.
Il est évident que, bien qu’elles représentent une prouesse technologique, ces combinaisons devenues vétustes mettent la vie des astronautes en danger et entravent le bon déroulement des missions dans l’espace. De plus, les astronautes qui effectuent des sorties extravéhiculaires depuis l’ISS ne restent que quelques heures dans l’espace. Ainsi, les risques sont relativement limités. Cependant, les missions spatiales à venir sont bien plus ambitieuses, passant d’Artemis III (l’établissement d’une base lunaire durable) à la conquête de Mars. Les nouvelles combinaisons devront rester fonctionnelles sur de beaucoup plus longues durées, supporter le froid et les radiations extrêmes, empêcher l’infiltration de poussière et limiter la perte de mobilité, entre autres.
Des combinaisons plus légères et plus performantes
Pour concevoir les nouvelles unités, nommées AxEMU, la NASA a fait appel à la société d’ingénierie spatiale Axiom Space. Après avoir établi les normes techniques et sécuritaires avec l’agence, l’entreprise a conçu une combinaison offrant plus de mobilité et de flexibilité pour pouvoir effectuer davantage de sorties sur les terrains lunaires. Elle pèse ainsi environ 55 kilogrammes — soit 2.3 fois plus légère que l’ancien modèle — et comporte davantage d’articulations. À noter toutefois que ces articulations empêchent ce modèle d’être enfilé et retiré facilement, les astronautes devant entrer et sortir par une sorte de trappe à l’arrière de la combinaison.
La nouvelle combinaison est également conçue pour résister aux températures extrêmes (allant de -13 °C à plusieurs centaines de degrés en dessous de 0 dans les cratères lunaires étant en permanence dans l’ombre) du pôle Sud de la Lune. Elle comporte également plusieurs torches au-dessus du casque ainsi que divers outils d’analyse et de prélèvement scientifiques pouvant fonctionner dans des conditions de faible luminosité. Une caméra frontale filmant en haute définition permettra également de transmettre des images de qualité en temps réel à la Terre.
Le modèle présenté par Axiom Space est gris foncé, mais celui qui sera destiné à la mission Artemis sera blanc, de manière à pouvoir réfléchir efficacement la lumière et maintenir la température interne de la combinaison. De plus, ce nouveau modèle a été conçu pour convenir à 90% des femmes et des hommes américains. Prévue pour 2025, la mission Artemis III marquera à la fois le retour de l’Homme sur la Lune et accueillera la première femme et personne de couleur de l’histoire à fouler le sol lunaire.
La NASA veut développer une économie aérospatiale durable
Après des décennies de monopole, la NASA aurait choisi Axiom Space non seulement pour son expertise en matière d’ingénierie spatiale, mais également dans le but d’établir une économie aérospatiale florissante et durable. Dans cette perspective, l’entreprise vend à l’agence ses technologies véhiculaires destinées à la Lune, en étant responsable de la conception, du développement, de la mise en service, de la certification et de la production des combinaisons. Les prototypes d’entraînement et les équipements de soutien seront également fournis par la société. De son côté, la NASA se charge de la formation des astronautes, de la planification des missions et de l’approbation des systèmes mis en service.
Axiom Space peut également vendre ses services à d’autres clients à condition de respecter tous les termes de son contrat avec la NASA. « La NASA ouvre la voie en permettant une économie spatiale croissante en tirant parti des capacités de l’industrie et de l’expertise de la NASA pour fournir des services lunaires aussi sûrs, efficaces et efficients que possible », explique dans un communiqué Lara Kearney, responsable du programme Extravehicular Activity and Human Surface Mobility de la NASA. Après Artemis, la NASA compte engager l’entreprise Collins Aerospace pour concevoir les nouveaux modèles d’EMU destinés aux sorties extravéhiculaires des astronautes travaillant sur l’ISS.