Des études récentes concernant l’origine de la pandémie de COVID-19 ont été menées dans le but de faire la lumière sur les différentes hypothèses apportées jusqu’ici. D’après une équipe internationale de chercheurs, des données génétiques publiées le mois dernier ont établi un lien entre le virus et les chiens viverrins, renforçant ainsi la théorie selon laquelle le virus aurait été transmis par des animaux vendus sur le marché aux fruits de mer de Huanan (à Wuhan).
Des échantillons prélevés sur les stands du marché alimentaire deux mois après sa fermeture ont révélé la présence du SARS-CoV-2 ainsi que d’ADN humain. Ainsi, les chercheurs chinois avaient précédemment affirmé que les échantillons ne contenaient pas d’ADN animal. Toutefois, leur conclusion est remise en question par une équipe de scientifiques internationaux qui a analysé les séquences génétiques publiées par l’équipe chinoise sur la base de données scientifique Gisaid. Cette analyse a révélé que certains échantillons positifs au SARS-CoV-2 contenaient de l’ADN de chiens viverrins (Nyctereutes procyonoides), réfutant ainsi les conclusions des chercheurs chinois.
Bien que cette découverte ne prouve pas définitivement que les chiens viverrins (aussi appelés « chiens martres ») ou d’autres animaux infectés aient déclenché la pandémie de COVID-19, plusieurs scientifiques de l’équipe en question ont toutefois déclaré qu’elle renforçait la théorie selon laquelle le virus aurait été transmis par des animaux vendus sur le marché. Selon le Pr Kristian Andersen, biologiste évolutif à l’Institut de recherche Scripps de La Jolla (Californie) et interviewé par le magazine Science, « les données pointent encore davantage vers une origine du marché [de Huanan] ».
Les spéculations sur l’origine de la pandémie ont donné lieu à des débats intenses et souvent toxiques. D’un côté, on prétend que le virus aurait émergé chez les animaux sauvages avant de se propager aux humains par contamination sur le marché. De l’autre, on soupçonne une fuite du virus d’un laboratoire à proximité (qui serait aussi très probable selon de nouvelles données), où des chercheurs travaillaient sur des pathogènes similaires. Toutefois, il existe peu de preuves concrètes en faveur de l’une ou l’autre théorie.
Le mystérieux retard de la Chine à libérer les données génétiques
Le Prof Michael Worobey, biologiste évolutif à l’Université de l’Arizona, a déjà publié des travaux attestant d’une origine du marché de Wuhan pour la pandémie. Cependant, bien que ces données prouvent que des animaux revendus sur le marché alimentaire étaient infectés, ils auraient eux-mêmes pu contracter le virus par le biais d’humains infectés. Toutefois, les données génétiques collectées soulèvent des questions quant à la légalité de la vente d’animaux sauvages dans le marché.
L’équipe chinoise a tardé à publier les données génétiques collectées, ce qui a suscité des interrogations sur les raisons de ce retard. Aucune explication satisfaisante n’a été fournie, ce qui a renforcé la suspicion à l’égard du gouvernement chinois. C’est Florence Débarre, biologiste évolutive au CNRS, qui aurait repéré les dernières séquences génétiques et aurait ainsi alerté Andersen et Worobey, afin qu’ils poursuivent leurs travaux sur l’origine du virus.
L’OMS reste prudente quant aux conclusions à tirer de cette découverte, mais elle annonce que la pandémie de COVID-19 pourrait être maîtrisée cette année et constituer un risque similaire à celui de la grippe saisonnière.