Une récente étude américaine révèle que près de 40% des jeunes femmes aux États-Unis souffrent de carence en fer, un problème de santé publique souvent négligé. Cette recherche, l’une des premières à évaluer la prévalence de cette condition à l’échelle nationale, souligne l’urgence d’améliorer les stratégies de dépistage et de traitement. Ces résultats, qui pourraient être similaires en Europe étant donné la similarité de nos habitudes de vie, pourraient conduire à des changements significatifs dans la manière dont la carence en fer est abordée et gérée.
La carence en fer est un problème de santé publique mondial qui touche des millions de personnes. Elle peut entraîner une anémie, une fatigue chronique et une diminution des capacités cognitives, avec des conséquences potentiellement graves sur la qualité de vie et la productivité économique. Bien que cette condition soit courante, elle est souvent négligée, en particulier chez certaines populations à risque comme les jeunes filles et les femmes en difficulté financière.
Récemment, une étude menée par l’Université du Michigan, aux États-Unis, apporte un éclairage inédit sur l’ampleur de ce problème. Elle est l’une des premières à examiner la question à une échelle nationale et alerte sur l’urgence d’améliorer les stratégies de dépistage et de traitement. L’étude est disponible dans la revue JAMA Network. Ces résultats ont des implications majeures pour la santé publique, pour la gestion de la carence en fer et l’anémie ferriprive.
Une prévalence alarmante
Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang et des données démographiques de près de 3500 filles et femmes âgées de 12 à 21 ans. Ils ont constaté que près de 40% des jeunes filles et des femmes aux États-Unis souffrent d’une carence en fer et d’une anémie ferriprive.
Cette carence en fer peut entraîner des symptômes tels que la fatigue, des troubles de la concentration et la perte de cheveux. De plus, environ 6% de ces personnes souffrent également d’anémie ferriprive, une affection potentiellement grave où le manque de fer entraîne une réduction de la quantité de globules rouges, responsables du transport de l’oxygène dans le corps.
Si elle n’est pas traitée, l’anémie peut engendrer un risque accru d’infections, ainsi que des complications cardiovasculaires et pulmonaires. La carence en fer peut également causer des complications avant et après l’accouchement. Par ailleurs, la carence en fer et l’anémie ferriprive ne se limitent pas aux États-Unis, présente en particulier dans les pays à faible revenu où la malnutrition peut être élevée et l’accès aux soins de santé est souvent médiocre.
Les causes de la carence en fer
Les causes de cette carence en fer sont multiples. L’une des principales est liée à l’alimentation. En effet, la teneur en fer de l’alimentation aux États-Unis, et ailleurs dans le monde dont en Europe, a diminué au fil du temps. Sans compter que de plus en plus de personnes adoptent un régime végétarien ou végétalien, ce qui peut contribuer à une carence en fer.
Les menstruations sont également un facteur de risque significatif, tant pour la carence en fer que pour l’anémie ferriprive. Plus d’un quart des filles qui n’ont pas encore commencé à avoir leurs règles présentent déjà des signes de carence en fer, ce qui indique que des facteurs autres que les menstruations contribuent à la prévalence de cette condition.
Il est également important de noter que la pauvreté augmente le risque de carence en fer, en partie parce que la viande rouge et autres aliments riches en fer peuvent être coûteux. L’insécurité alimentaire a également montré une association avec l’anémie ferriprive. L’interaction entre les déterminants sociaux de la santé et ces conditions est complexe. Il est donc essentiel de prendre en compte ces facteurs socio-économiques lors de l’élaboration de stratégies de dépistage et de traitement.
Les lacunes du dépistage
Les résultats de ces études soulignent le besoin d’améliorer les stratégies de dépistage et de prendre des mesures proactives pour faire face à ces risques pour la santé. En effet, un grand nombre de cas de carence en fer ne sont pas associés à l’anémie ferriprive, ce qui suggère que les pratiques actuelles de dépistage peuvent manquer une grande proportion d’individus souffrant de carence en fer.
Les directives actuelles de dépistage, qui ciblent principalement les enfants d’âge préscolaire et les femmes enceintes, peuvent négliger un nombre considérable d’individus souffrant de carence en fer. Par conséquent, une réévaluation de la fréquence et des critères de dépistage universel, en particulier pour les femmes menstruées, est nécessaire.
Pour ce faire, il est essentiel de mieux comprendre la carence en fer et l’anémie ferriprive. Les chercheurs recommandent des études complémentaires pour évaluer la fréquence du dépistage universel de la carence en fer et de l’anémie ferriprive chez les femmes menstruées et pour déterminer les meilleurs seuils de ferritine et d’hémoglobine.
Ces études permettront également d’identifier les facteurs de risque et d’informer des pratiques de dépistage chez les personnes n’ayant pas encore leurs règles. La carence en fer chez les jeunes filles et les femmes aux États-Unis est un problème de santé publique qui nécessite une attention accrue, car elle tend à se confirmer ou à s’étendre dans de nombreux autres pays.