Virgin Galactic, la société de tourisme spatial de Richard Branson, a réalisé son premier vol commercial suborbital, marquant une étape clé dans le développement du tourisme spatial. Le vol, commandé par le gouvernement italien, a permis à deux officiers de l’armée de l’air italienne et à un ingénieur d’effectuer des expériences scientifiques. Une nouvelle ère d’accès à l’espace pour les passagers privés et les chercheurs vient d’être inaugurée.
L’histoire de Virgin Galactic remonte à 2004, lorsque Richard Branson a acheté les droits de la technologie de SpaceShipOne, le premier véhicule financé par des fonds privés à atteindre l’espace. En 2014, Virgin Galactic a subi un accident mortel lorsque son avion spatial s’est désintégré lors d’un vol d’essai, tuant l’un des pilotes et blessant gravement l’autre.
Mais après près de deux décennies de développement, la société de tourisme spatial a franchi une étape majeure en réalisant son premier vol commercial suborbital le 29 juin 2023. Ce vol, qui a eu lieu depuis Spaceport America au Nouveau-Mexique, n’était pas rempli de riches amateurs de sensations fortes, mais a été commandé par le gouvernement italien pour deux officiers de l’armée de l’air italienne et un ingénieur. Ces derniers ont utilisé la mission comme un exercice d’entraînement et pour mener des expériences scientifiques.
Déroulement du vol
Le vol a été réalisé avec le vaisseau spatial piloté de Virgin Galactic, Unity. Il diffère des véhicules spatiaux traditionnels à bien des égards. Au lieu de décoller verticalement comme une fusée conventionnelle, Unity est attaché à l’abdomen d’un avion à double fuselage, qui le transporte à une altitude de près de 14 000 mètres. Cette approche, connue sous le nom de lancement aérien, permet une plus grande flexibilité pour le lancement et une réduction de la quantité de carburant nécessaire.
Une fois que l’avion porteur a atteint l’altitude désirée, Unity est libéré et ses pilotes allument son moteur. Le vaisseau spatial est alors propulsé directement vers le haut, dépassant rapidement la limite de l’espace reconnue internationalement, fixée à environ 80 000 mètres d’altitude. Pour ce vol inaugural, Unity a atteint une altitude maximale d’environ 85 000 mètres. Durant quelques minutes, les passagers, en apesanteur, ont pu se détacher de leur siège et flotter librement dans l’avion, avant qu’il entame sa descente pour atterrir de façon conventionnelle (sur une pise d’atterrissage). Au total, le vol a duré 75 minutes.
Les passagers et leur mission
Le vol inaugural de Virgin Galactic a accueilli à bord trois passagers issus d’institutions italiennes, comme mentionné précédemment : le colonel Walter Villadei et le lieutenant-colonel Angelo Landolfi, tous deux officiers de l’armée de l’air italienne, ainsi que Pantaleone Carlucci, membre du Conseil national italien de la recherche.
Leur mission était double. D’une part, ils ont emporté plusieurs charges utiles scientifiques pour mesurer les radiations dans la mésosphère, une couche de l’atmosphère terrestre située entre 50 et 80 kilomètres d’altitude. Cette région de l’atmosphère est difficile à étudier en raison de son altitude, qui est trop élevée pour les ballons météorologiques et trop basse pour les satellites. Le vol de Virgin Galactic a donc offert une occasion rare d’obtenir des données précieuses sur cette zone peu explorée. D’autre part, les passagers ont mené des expériences pour étudier comment le vol spatial affecte le corps humain.
Les retombées de ce vol
Avec la réalisation de sa première mission commerciale, Virgin Galactic espère commencer à embarquer des clients selon sa liste d’attente officielle. Ces derniers ont payé jusqu’à 450 000 dollars américains par billet. La réalisation de ce vol marque également un tournant pour Virgin Galactic, qui a connu des difficultés avec ses opérations commerciales.
Dans son dernier rapport de résultats, la société a annoncé avoir perdu 159 millions de dollars au premier trimestre de cette année, contre une perte de 93 millions de dollars l’année précédente. La société n’a pas volé pendant près de deux ans alors qu’elle travaillait à la rénovation de ses systèmes, y compris l’avion porteur. Elle se concentre également sur un vaisseau spatial de nouvelle génération appelé Classe Delta, qui, selon la société, sera capable de voler plus fréquemment qu’Unity. Toutefois, il ne sera pas prêt avant 2026.
Réglementation du tourisme spatial
Le vol de Virgin Galactic intervient quelques jours seulement après qu’un submersible commercial exploité par une entreprise privée, OceanGate, a implosé, tuant les cinq personnes à bord et soulevant des questions sur la manière dont de telles aventures extrêmes devraient être réglementées dans le secteur privé.
Actuellement, la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis réglemente avec légèreté, délivrant des licences de lancement et de rentrée minimales pour garantir que les entreprises spatiales protègent les personnes et les biens au sol. Cependant, les réglementations ne protègent pas les participants, qui doivent seulement signer une décharge reconnaissant qu’ils comprennent les risques. Malgré les défis et les controverses, le premier vol commercial de Virgin Galactic ouvre la voie à une nouvelle ère d’accès à l’espace pour les passagers privés et les chercheurs.