L’impact de l’Homme sur la biodiversité a été quantifié de manière inédite par une équipe internationale de chercheurs. L’étude révèle que plus d’un tiers (40%) des espèces de vertébrés sont exploitées par les humains, les mettant ainsi en péril. Cette surexploitation massive, qui inclut l’usage alimentaire et le commerce des animaux de compagnie, appelle à une révision urgente de nos interactions avec la nature pour protéger la biodiversité.
La prédation, qui consiste à se nourrir d’autres espèces pour obtenir de l’énergie et des nutriments, cible généralement un nombre restreint d’espèces. Ces interactions prédatrices, par leur intensité et leur diversité, ont un impact significatif sur la structuration et le fonctionnement des écosystèmes. Elles peuvent influencer la diversité des espèces, leur abondance, leur évolution, ainsi que la circulation de l’énergie et la propagation des maladies.
L’Homme, en tant qu’espèce, a toujours fait partie de ce paysage prédateur. Cependant, l’émergence de technologies de chasse et de pêche avancées, couplée à la mondialisation du commerce, a profondément modifié la nature de nos interactions avec les espèces proies.
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Dans ce contexte, une équipe internationale a tenté d’évaluer l’influence de l’Homme sur la biodiversité. Les chercheurs ont découvert que plus d’un tiers de toutes les espèces de vertébrés sur Terre sont maintenant utilisées par les humains. Cette étude, publiée dans Communications Biology, est la première à quantifier l’impact de l’Homme en tant que prédateur sur une telle échelle. Les résultats mettent en lumière l’urgence de repenser notre relation avec la nature et de mettre en place des mesures de conservation efficaces pour protéger la biodiversité.
Une étude novatrice
Pour mener à bien cette étude, l’équipe internationale a réuni des experts de 14 institutions différentes. Ils ont analysé les données d’utilisation humaine pour environ 45 000 espèces de vertébrés, incluant la plupart des poissons, mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens connus.
Ces données d’utilisation humaine proviennent de diverses sources, notamment des bases de données de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) sur l’utilisation et le commerce des espèces. Les chercheurs ont examiné ces données pour déterminer le nombre d’espèces exploitées par les humains, ainsi que la manière dont elles sont utilisées.
En outre, ils ont comparé l’impact de l’Homme avec celui d’autres prédateurs, en évaluant le nombre d’espèces de proies exploitées respectivement, sur des zones géographiques équivalentes. Enfin, l’équipe de recherche a analysé les attributs des espèces surexploitées, tels que leur taille corporelle et leur régime alimentaire, pour comprendre les conséquences de la surexploitation sur les écosystèmes.
Un prédateur aux dimensions écologiques démesurées
Comme mentionné précédemment, plus d’un tiers de toutes les espèces de vertébrés sur Terre sont maintenant exploitées par les humains, soit environ 15 000 espèces. Cela représente une empreinte écologique démesurée par rapport à celle des autres prédateurs.
Pour mettre cela en perspective, l’Homme exploite jusqu’à 300 fois plus d’espèces de proies que les autres prédateurs. Cela signifie que l’impact de l’Homme sur la biodiversité est 300 fois plus grand que celui de n’importe quel autre prédateur. En conséquence de cette exploitation massive, près de 40% des espèces de vertébrés exploitées sont désormais menacées par l’usage humain.
Une biodiversité en danger
Cet impact disproportionné se traduit par des conséquences écologiques majeures. Les écosystèmes naturels, réseaux complexes d’interactions entre différentes espèces, sont perturbés par cette exploitation excessive. Ainsi, les espèces surexploitées ont tendance à avoir des attributs différents — comme une grande taille corporelle et un régime alimentaire à base de plantes — par rapport à celles qui ne sont pas exploitées ou qui sont exploitées de manière durable.
De plus, les proies surexploitées peuvent voir leur population diminuer, voire disparaître, déstabilisant l’ensemble de l’écosystème tout en réduisant la diversité génétique. Ces espèces sont alors plus vulnérables aux changements environnementaux et aux maladies.
L’Homme, un prédateur aux motivations variées, qui doit être limité
Contrairement aux autres prédateurs qui tuent presque exclusivement pour se nourrir, l’Homme a des usages beaucoup plus variés. Les chercheurs ont été surpris de constater que la capture d’animaux terrestres pour le commerce des animaux de compagnie surpassait presque deux fois l’usage alimentaire. Cette diversité d’usages contribue à faire de l’Homme un danger pour des milliers d’espèces de proies simultanément.
Sans compter que de nombreuses formes d’utilisation agressives et industrielles, comme la pêche industrialisée et la capture non réglementée d’animaux de compagnie dans la nature, sont toujours dominantes et nécessitent une attention rapide de la part des décideurs politiques pour limiter leurs impacts négatifs.
Néanmoins, l’équipe de recherche reconnaît que les chasseurs et les pêcheurs de subsistance peuvent avoir des relations à long terme plus durables avec les animaux qu’ils utilisent, ce qui peut nous aider à repenser notre relation avec les animaux.
Vers une action de conservation ciblée
Face à cette urgence, l’étude identifie des espèces qui sont non seulement surexploitées, mais qui ont également une influence écologique démesurée à l’échelle mondiale. Ces espèces peuvent être priorisées dans les plans d’action de conservation qui prennent en compte non seulement les espèces spécifiques, mais aussi les implications plus larges au niveau de l’écosystème de la perte d’espèces.
Il est impératif de repenser notre relation avec les animaux et de mettre en place des mesures de conservation efficaces pour protéger la biodiversité. L’avenir de notre planète dépend de notre capacité à gérer durablement notre rôle de prédateur.