Alors que Google vient d’écoper d’une amende de 2 millions d’euros en France pour manquement à son obligation d’information « claire, loyale et transparente » envers les consommateurs via son moteur de recherche et du Google Play Store, l’entreprise encaisse une nouvelle accusation, cette fois-ci relative au vol de données des utilisateurs.
Au tournant de juillet, Google a procédé à une révision de sa politique de confidentialité. La mise à jour a révélé l’utilisation d’informations publiques par la société afin d’améliorer ses outils, dont son modèle d’IA Bard. Cependant, la politique révisée reste ambiguë quant à l’engagement de la firme à ne pas exploiter les données spécifiquement protégées par le droit d’auteur.
Lors d’une interview avec The Verge, une porte-parole de Google a souligné la transparence de la politique de confidentialité de l’entreprise, affirmant qu’elle était depuis longtemps claire sur l’utilisation de données pour alimenter des services tels que Google Traduction. Elle souligne que cette récente mise à jour sert principalement à clarifier que cette politique englobe désormais aussi des services naissants tels que Bard. De plus, Google maintient que la loi américaine autorise l’exploitation de ces informations pour la création de nouvelles applications bénéfiques, un argument qui pourrait jouer un rôle clé dans les affaires juridiques à venir.
Un recours collectif contre Google
Suite à cette situation, une action collective en justice a été initiée par un groupe de plaignants anonymes, représentés par le cabinet d’avocats américain Law Firm Clarkson. Google se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés pour ses méthodes d’entraînement de ses produits d’IA. Les accusations reposent sur la prétendue violation du code des affaires et des professions et l’atteinte à la vie privée en vue de réaliser des profits financiers.
Selon les documents judiciaires, les produits d’IA de Google auraient été formés à partir de données privées secrètement volées sur Internet, englobant l’ensemble des informations partagées en ligne par les Américains. L’entreprise est donc mise en cause pour avoir collecté les données des utilisateurs à leur insu ou sans leur consentement, dans le but de perfectionner ses produits d’IA.
Le procès actuel formule des exigences spécifiques : une injonction visant à suspendre temporairement l’accès commercial et le développement des outils d’IA générative de Google. De plus, le cabinet réclame des dommages et intérêts, ainsi que des paiements non déterminés en tant que compensation financière pour les individus dont les données auraient été illégalement exploitées par Google.
Un changement radical requis dans l’exploitation des données publiques par Google
Dans une interview de CNN, un représentant du cabinet d’avocats Clarkson a souligné que Google doit comprendre que l’expression « accessible au public » ne signifie pas « libre d’exploitation pour toutes fins ». « Nos informations personnelles et nos données sont notre propriété, elles sont précieuses et personne n’a le droit de les prendre et de les utiliser à n’importe quelle fin », a-t-il déclaré.
Un associé du cabinet a également insisté sur le fait que Google se doit d’introduire une option permettant aux utilisateurs de refuser que leurs données soient utilisées pour l’entraînement des IA. Et ce, sans compromettre leur capacité à utiliser Internet pour leurs besoins quotidiens. Ce serait une mesure qui pourrait redéfinir la façon dont les géants technologiques interagissent avec les données des utilisateurs à l’ère de l’intelligence artificielle.
D’autres géants de l’industrie, tels qu’OpenAI et Meta, font également face à des problèmes similaires. Récemment, l’actrice Sarah Silverman, ainsi que les auteurs Christopher Golden et Richard Kadrey, ont intenté une action en justice contre ces deux sociétés. Le trio accuse ces entreprises d’avoir utilisé des données protégées par les droits d’auteur, soulignant une préoccupation croissante pour le respect de la propriété intellectuelle à l’ère de l’IA. Ces contestations judiciaires reflètent l’état embryonnaire du cadre légal régissant l’exploitation des données et le développement de l’intelligence artificielle, un domaine qui nécessite encore une maturation et une clarification significatives.