L’époque où l’on pouvait facilement remplacer une batterie défaillante semble révolue. Mais en réponse aux préoccupations environnementales liées aux appareils technologiques, le Conseil de l’Union européenne impose aux fabricants de (re)concevoir des batteries de smartphones amovibles, pour une entrée en vigueur dès 2027. Cette décision veut promouvoir une économie circulaire et annonce un futur plus vert pour l’industrie des télécommunications.
De nos jours, la majorité des smartphones haut de gamme sont équipés de batteries intégrées, conçues pour être minces et compactes. Elles sont directement collées à l’intérieur de l’appareil. Ces designs privilégient l’esthétisme et la compacité, mais ils ont un inconvénient majeur : ils empêchent l’utilisateur de remplacer lui-même la batterie. Avec ces nouvelles conceptions, le dispositif est généralement irremplaçable sans les outils et compétences techniques adéquats. Pour de nombreux utilisateurs, cela signifie recourir au service de réparation officiel de la marque, un processus qui peut s’avérer coûteux. Par exemple, pour un iPhone 13 Pro, le coût de remplacement de la batterie dans un Apple Store s’élève à 99 €. Cette situation alimente la critique envers l’obsolescence programmée et la surconsommation dans l’industrie technologique.
Toutefois, la situation va bientôt changer, car selon une décision récente du Conseil de l’Union européenne, les fabricants de smartphones devront modifier leurs conceptions de batteries d’ici 2027 afin qu’elles puissent facilement être retirées et remplacées par l’utilisateur.
Vers une économie circulaire
Cette nouvelle réglementation européenne s’inscrit dans une volonté de favoriser l’économie circulaire. L’objectif est de faciliter le recyclage des batteries et de promouvoir leur réparabilité, en minimisant leur impact environnemental tout au long de leur cycle de vie. La capacité à retirer aisément ces accumulateurs facilitera leur acheminement vers des filières de recyclage dédiées, pendant que le reste de l’appareil pourra être dirigé vers d’autres circuits de recyclage appropriés. C’est une donnée importante à prendre en compte, étant donné que les batteries sont composées de nombreux éléments recyclables et toxiques.
Teresa Ribera, ministre de la transition écologique en Espagne, rappelle que les batteries usagées recèlent une multitude de ressources importantes : « les batteries en fin de vie contiennent de nombreuses ressources précieuses et nous devons être en mesure de réutiliser ces matières premières critiques au lieu de dépendre de pays tiers pour l’approvisionnement », a-t-elle déclaré d’après le communiqué du conseil de l’UE.
La réglementation prévoit ainsi que d’ici 2027, 50% du lithium présent dans les batteries usagées soit récupéré, un taux qui grimpera à 80% d’ici 2031 selon les estimations. Pour d’autres matériaux comme le cobalt, le cuivre, le plomb ou le nickel, les objectifs sont encore plus élevés : 90% de ces matériaux devront être recyclés d’ici 2027, et 95% d’ici 2031. De plus, une part de ces éléments récupérés devra être réutilisée dans la fabrication de nouvelles batteries, contribuant ainsi à l’établissement d’une véritable économie circulaire.
Une transparence accrue sur les composants des batteries
En plus de faciliter le recyclage des batteries, le règlement européen met également l’accent sur la transparence. Ainsi, les constructeurs seront tenus d’étiqueter leurs batteries, avec une indication précise du contenu en matériaux recyclés. Ils devront également insérer un « passeport batterie » et un QR code. Ces dispositions entreront en vigueur en 2026 pour l’étiquetage et en 2027 pour le QR code. Le calendrier permet aux différents acteurs de l’industrie de disposer du temps nécessaire pour s’adapter à ces nouvelles exigences.
Il est important de noter que cette réglementation ne se limite pas aux smartphones. Elle couvrira toutes les batteries : ordinateurs portables, batteries portables usagées, voitures électriques, vélos électriques, etc. Il faut aussi préciser que ce règlement anticipe une explosion de la demande de batteries dans la prochaine décennie. En effet, selon les prévisions, la demande en batteries pourrait augmenter de plus de dix fois d’ici 2030.