L’essor technologique a placé les écrans au centre de nos vies, mais leur impact sur les enfants demeure préoccupant. Une étude récente révèle que l’exposition prolongée aux écrans est associée à des retards de développement chez les tout-petits. Les enfants passant plus de quatre heures par jour devant un écran présentent des risques accrus de troubles communicationnels et sociaux. Ces résultats appellent à une réflexion sur l’utilisation des écrans durant l’enfance.
L’évolution technologique a bouleversé notre quotidien, plaçant les écrans au cœur de nos interactions et de nos loisirs. Si ces outils offrent des opportunités inédites d’apprentissage et de divertissement, leur omniprésence soulève des questions quant à leur impact sur la santé et le développement, en particulier chez les plus jeunes.
Des recherches menées au Japon mettent en évidence des liens entre le temps d’écran et des retards de développement chez les enfants. Une exposition de 4h par jour induit de sérieuses lacunes et troubles en matière de communication et de rapports sociaux. Ces constats, essentiels pour les parents et les professionnels de la santé, soulignent l’importance d’une utilisation réfléchie et mesurée des technologies dans le quotidien des plus petits. L’étude est disponible sur JAMA Pediatrics.
Des chiffres alarmants
Les chercheurs ont adopté une approche méthodique rigoureuse pour évaluer l’impact du temps d’écran sur le développement des enfants. Basée sur un échantillon de 7097 enfants, l’étude a sollicité les parents à travers un questionnaire détaillé. Elle a permis de relever le nombre d’heures quotidien durant lequel les enfants utilisaient un écran à l’âge de 1 an, 2 ans et 4 ans, que ce soit des tablettes, des téléphones ou la télévision. Elle a aussi permis de relever les performances dans plusieurs domaines de développement (capacités de communication, motricité fine, compétences personnelles et sociales et compétences en résolution de problèmes). Les résultats ont mis en évidence des tendances inquiétantes.
À l’âge de deux ans, les enfants exposés à un écran jusqu’à quatre heures par jour présentaient un risque triplé de retards dans la communication et la résolution de problèmes. Ce risque s’amplifiait de presque six fois pour ceux dépassant les quatre heures. Par ailleurs, l’étude a également révélé que ces mêmes enfants avaient près de deux fois plus de risques de présenter des lacunes dans le développement de leurs compétences sociales et personnelles.
Les recommandations de l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), consciente des enjeux liés à l’exposition précoce aux écrans, a émis des directives claires à ce sujet. Selon l’OMS, les nourrissons, c’est-à-dire les enfants de moins d’un an, ne devraient avoir aucune interaction avec les écrans. Cette recommandation s’inscrit dans une démarche de protection de la santé mentale et physique des plus jeunes. Pour les enfants qui atteignent l’âge de deux ans, l’organisation préconise de limiter le temps d’écran à une heure par jour, afin de garantir un développement équilibré et harmonieux.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, à la tête de l’OMS, insiste sur le caractère crucial de ces premières années de vie, dans un communiqué. Il considère que les habitudes instaurées durant cette période peuvent avoir des répercussions durables sur la santé, le bien-être et les capacités d’apprentissage de l’enfant tout au long de sa vie. Ces directives visent donc à sensibiliser les parents et les professionnels de la santé à l’importance d’un environnement propice au développement sain de l’enfant.
Couper les écrans et laisser les enfants s’ennuyer
L’ennui, souvent perçu négativement, joue en réalité un rôle fondamental dans le développement cognitif et émotionnel de l’enfant. C’est dans ces moments d’inactivité apparente que l’imagination et la créativité peuvent s’épanouir. Lorsqu’un enfant est constamment stimulé par des images et des sons provenant d’un écran, il perd cette opportunité précieuse de laisser vagabonder son esprit, de rêver et d’inventer.
L’auto-apaisement est une compétence essentielle que chaque enfant doit acquérir. Cela signifie être capable de gérer ses émotions, de se calmer après une excitation ou une frustration, sans avoir recours à des stimuli extérieurs. Si un enfant se tourne systématiquement vers un écran pour trouver du réconfort ou de la distraction, il risque de ne pas développer cette capacité d’autorégulation, essentielle pour faire face aux défis de la vie.
Par ailleurs, l’interaction sociale est un pilier du développement émotionnel. Les écrans, malgré leur capacité à connecter virtuellement, peuvent créer une barrière dans les interactions face à face. Un enfant immergé dans le monde numérique peut manquer d’occasions d’observer les expressions faciales, d’écouter le ton de la voix ou de percevoir les émotions d’autrui, autant d’éléments clés pour développer l’empathie. Sans cette sensibilité aux émotions des autres, l’enfant pourrait rencontrer des difficultés dans ses relations interpersonnelles, ce qui pourrait affecter son bien-être social à long terme.
Les facteurs associés
L’étude a mis en lumière des données spécifiques concernant l’exposition des bébés aux écrans. Bien que la majorité des enfants ne passent pas plus de quatre heures par jour devant un écran, 4% d’entre eux dépassent cette durée, ce qui est préoccupant. Ces chiffres, bien que relativement faibles en pourcentage, représentent un groupe d’enfants particulièrement vulnérables.
L’analyse approfondie des données a révélé des tendances socio-économiques marquées. Les enfants appartenant à ce groupe de 4% proviennent majoritairement de familles aux ressources financières limitées, avec des mères plus jeunes et moins éduquées, et parfois confrontées à la dépression post-partum.
Il est essentiel de comprendre l’impact du temps d’écran sur le développement des enfants. Les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé doivent être informés des risques associés et prendre des mesures pour limiter l’exposition des enfants. Des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et fournir des directives claires pour assurer le bien-être de nos enfants à l’ère numérique.