Les expériences de mort imminente, bien que souvent reléguées au rang d’anecdotes, ont récemment fait l’objet d’une étude scientifique approfondie. Des chercheurs ont découvert que près de 40% des patients ayant subi un arrêt cardiaque présentaient des signes d’activité cérébrale suggérant une forme de conscience durant la réanimation (mort cardiaque). Ces résultats remettent en question les perceptions traditionnelles de la conscience et pourraient influencer la prise en charge future des patients en arrêt cardiaque.
La mort, ultime étape de la vie humaine, demeure un sujet peu exploré scientifiquement en raison de sa nature définitive et irréversible, et donc inaccessible. Pourtant, des témoignages de personnes ayant frôlé cette frontière, suite un arrêt cardiaque par exemple, émergent et interpellent la communauté médicale. Ces récits, souvent qualifiés d’expériences de mort imminente (EMI), décrivent des perceptions et des souvenirs lors de périodes où la conscience est supposée être absente.
Selon une étude récente menée par le Dr Sam Parnia de la NYU Langone Health, en coopération avec 25 hôpitaux principalement américains et britanniques, près de 40% des patients ayant subi un arrêt cardiaque et ayant bénéficié d’une RCP (réanimation cardio-pulmonaire) ont eu des souvenirs ou des perceptions suggérant une certaine conscience pendant leur phase d’inconscience. Ces perceptions varient d’une simple sensation de ce qui se passe autour d’eux à des expériences transcendantales de la mort. Cette étude offre une perspective inédite sur ce que le cerveau humain peut vivre et percevoir à la lisière de la vie et de la mort. Les travaux sont disponibles dans la revue Resuscitation.
La science derrière ces expériences de mort imminente
L’électroencéphalogramme (EEG) est un outil médical utilisé pour mesurer l’activité électrique du cerveau. Traditionnellement, un EEG plat est interprété comme un signe d’absence totale d’activité cérébrale, souvent associé à un état de mort cérébrale. Cependant, cette nouvelle étude a révélé un phénomène surprenant. À travers 567 patients étudiés, qui ont reçu une RCR à l’hôpital, même avec un EEG plat, certains patients (40%) présentaient encore des signes d’activité cérébrale jusqu’à une heure après le début de la RCP. Plus étonnant encore, cette activité n’était pas aléatoire ou résiduelle ; elle était associée à des fonctions mentales complexes, indiquant une possible forme de conscience.
Cette découverte est bouleversante dans la mesure où elle défie une notion largement acceptée en médecine : après quelques minutes sans oxygène, le cerveau commence à subir des dommages irréversibles. Si le cerveau peut maintenir une forme de conscience malgré un manque prolongé d’oxygène, cela pourrait avoir des implications majeures pour la prise en charge des patients en arrêt cardiaque. Pour les auteurs, cela suggère également que notre compréhension actuelle de la conscience et de la résilience du cerveau face à l’hypoxie (manque d’oxygène) pourrait nécessiter une réévaluation.
Des témoignages variés, sous un nouveau jour
Les témoignages des survivants d’arrêt cardiaque, tels que ceux étudiés par le Dr Sam Parnia de la NYU Langone Health, offrent un éclairage unique sur ces phénomènes. Parmi les expériences partagées, certaines sont empreintes de sérénité. Des patients ont décrit avoir vu une lumière apaisante ou avoir été accueillis par des proches décédés, suggérant une expérience presque céleste. D’autres ont évoqué des sensations plus terrestres, comme le fait d’entendre des médecins parler ou de ressentir la pression des gestes médicaux. Ces souvenirs, bien que fragmentaires, montrent une certaine conscience de leur environnement immédiat pendant la réanimation.
Cependant, toutes les EMI ne sont pas paisibles. Certains survivants ont rapporté des visions plus troublantes, comme le fait d’être poursuivi par la police ou de se retrouver pris sous une intense pluie. D’autres ont décrit des visions plus sombres, peuplées de monstres ou de figures sans visage, suggérant une expérience plus traumatisante.
Un aspect particulièrement intrigant de l’étude concerne les patients qui ont pu se souvenir de stimuli spécifiquement introduits pendant la réanimation. Par exemple, des mots tels que « pomme », « poire » et « banane » leur ont été diffusés via des écouteurs. Bien que la majorité n’ait pas pu se souvenir de ces stimuli, le fait qu’un patient ait pu rappeler la séquence exacte des mots montre une capacité de mémorisation active pendant l’arrêt cardiaque.
Implications pour le futur
Ces témoignages variés soulignent la complexité des EMI et la nécessité d’études plus approfondies pour comprendre pleinement ces phénomènes et leurs implications pour la prise en charge des patients en arrêt cardiaque. Si le cerveau conserve une activité pendant une période prolongée après l’arrêt cardiaque, cela pourrait influencer les décisions concernant la durée et les méthodes de réanimation. Les médecins pourraient envisager d’ajuster leurs techniques ou d’adopter de nouvelles approches pour maximiser les chances de récupération cérébrale.
Par ailleurs, la prise en compte des expériences vécues par les patients pendant la réanimation est essentielle. La reconnaissance de ces expériences pourrait conduire à des discussions post-réanimation plus approfondies, permettant aux patients de partager leur ressenti. Cela pourrait également aider les professionnels de santé à identifier et à traiter les éventuels traumatismes psychologiques associés à ces expériences, garantissant ainsi une meilleure qualité de vie après la réanimation.