Impossible de passer à côté de l’information : les punaises de lit sont de retour en France, et notamment en région parisienne. Ces petits insectes nuisibles font vivre un calvaire aux Français, qui sont parfois perdus quant à la marche à suivre pour lutter et pour se faire aider, en plus de souffrir de réelles séquelles psychologiques. Au niveau des collectivités comme des assurances habitation, on s’adapte à cette nouvelle contrainte.
Rougeurs au réveil, démangeaisons, sommeil de mauvaise qualité… les symptômes d’une infestation de punaises de lit sont bien connus. De la même façon, les gestes permettant d’identifier la présence des insectes sur un lieu de vacances (vérifier les draps par exemple) sont maîtrisés. Pourtant, la punaise de lit est en pleine recrudescence en France, et surtout en région parisienne, avec des interventions en hausse de 65% entre 2022 et 2023. Et pour cause : si la détermination de la menace est facile, agir en conséquence est parfois plus délicat pour les Français.
Locataires et propriétaires peuvent avoir tendance à se renvoyer la balle sur ce sujet, tandis que les prix ou la complexité des interventions anti-punaises peuvent être dissuasifs au point que certaines victimes renoncent à la désinfection. Quentin, 38 ans, raconte : « La copropriété a organisé une désinfection, et il a fallu en plus laver tous nos vêtements à haute température, et couper les revêtements du sommier pour pouvoir traiter directement les lattes en bois. Une personne a refusé d’ouvrir son logement aux désinfecteurs. Il a donc fallu tout recommencer, mais cette fois-ci, il a fallu aller à l’hôtel pendant une nuit, qui n’a pas été prise en charge par notre propriétaire ». Dans de tels cas, l’infestation peut ensuite s’aggraver, et gagner d’autres appartements ou maisons avoisinants.
L’État et les collectivités se saisissent du problème
Face à l’ampleur du problème et au risque sanitaire qu’il représente, collectivités et services sociaux proposent parfois des solutions. À Toulouse, la mairie s’occupe elle-même de certaines opérations comme l’explique Françoise Apoulage, élue responsable du sujet : « Il n’y a pas une explosion des demandes, mais le cadre de nos interventions est restreint. Nous ne pouvons intervenir que dans les logements privés pour des ménages aux revenus proches du SMIC ». À Paris, pas d’interventions directes, mais les propriétaires peuvent se faire aider de la CAF qui propose une aide aux particuliers, pouvant couvrir jusqu’à 100% des coûts du traitement (dans la limite de 600 €). La mairie de Paris propose elle aussi une subvention d’un montant pouvant aller jusqu’à 1500 €.
Pour l’État, le principal défi dans le cadre de la lutte contre les punaises de lit est de s’assurer que la loi soit bien respectée, et que personne ne déroge à son rôle. En cas de location, c’est ainsi au bailleur de prendre en charge les frais de détection et de désinfestation des punaises de lit, selon le ministère de l’Écologie. En cas de refus, le locataire peut saisir la Commission départementale de conciliation ou directement le tribunal compétent au 0806 706 806 pour faire valoir ses droits.
Dans le cadre de son plan anti-punaises de lit mis en place en 2022, le gouvernement a mis à disposition une liste d’entreprises agréées pratiquant les tarifs adéquats. Il est recommandé de bien se renseigner sur les tarifs du marché avant de signer, la psychose actuelle profitant à certaines entreprises peu scrupuleuses et abusant parfois de la détresse de personnes fragiles. Enfin, il s’assure de la désinfection des lieux dépendants de lui, à l’instar de la nouvelle politique de vigilance dans les trains décidée par le secrétaire d’État aux Transports, Clément Beaune.
En attendant la loi, les professionnels et les assurances au secours des particuliers
Face à la recrudescence du phénomène, les entreprises spécialisées sont sur le front et leur calendrier ne désemplit pas. Pour s’adapter à la masse des demandes et agir efficacement, les spécialistes utilisent des techniques modernes et poussées mobilisant un matériel de pointe, et doivent souvent intervenir au moins deux fois. « Il existe plusieurs traitements, explique Arnaud Tadjouri, professionnel de l’extermination. Il y a le traitement chimique, le traitement par le chaud à la vapeur, le traitement par le froid ou cryogénisation. Il y a aussi un traitement par canon à chaleur, où le but est de monter la température de l’appartement à 60° pour tuer les punaises. En tout cas, la chose importante c’est ne pas traiter le problème vous-même avec des méthodes et produits non-homologués qui peuvent aggraver la situation ».
Ces interventions ont un coût, et le rôle des assurances habitation est de plus en plus questionné alors que la mairie de Paris souhaite que le risque d’infestation soit intégré au contrat d’assurance habitation. Certaines ont anticipé ce phénomène, à l’instar de FRIDAY Assurance, une néo-assurance en ligne. La directrice générale Sara El Bekri explique : « Nous avons intégré dans notre offre d’assurance habitation un accompagnement spécial pour les nuisibles. Nous proposons un diagnostic préliminaire qui peut être fait en quelques minutes, et si nécessaire, une intervention est organisée. C’est rapide, efficace et surtout, centré sur le bien-être de nos assurés ». Surtout, FRIDAY couvre jusqu’à 4 interventions, et propose un accompagnement psychologique des victimes de punaises : « C’est la moindre des choses quand on voit l’état de détresse que cela provoque », continue Sara El Bekri.
Côté politique, c’est sur ce front que l’on souhaite désormais avancer dans l’opposition comme dans la majorité : les députés Sylvain Maillard (Renaissance) et Arthur Delaporte (PS) ont tous les deux fait part de propositions de lois à venir qui rendraient obligatoire « une garantie contre les risques résultant d’une infestation aux punaises de lit dans l’ensemble des contrats d’assurance habitation ».