D’ici 2026, le géant de l’aéronautique Airbus prévoit de moderniser sa flotte de cargos transatlantiques avec trois nouveaux navires rouliers, bien plus écologiques et efficaces. Ils seront dotés d’un système de 6 rotors aérodynamiques et de 2 moteurs bicarburant, réduisant ainsi de moitié l’empreinte carbone annuelle du fret maritime de la compagnie d’ici 2030, selon leurs estimations. Cela contribuera à réduire de 63% les émissions industrielles globales de la compagnie par rapport à l’année 2015.
Depuis les années 1980, le trafic aérien a quintuplé, enregistrant près de 128 000 vols quotidiens et transportant 12,5 millions de passagers à travers le monde. Cette croissance a augmenté de 85% l’empreinte carbone du fret aérien entre 1990 et 2019. Cela représente annuellement 24,2 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 5,3% des émissions totales de la France en une année. On estime d’ailleurs que le transport aérien est responsable de 2,9% des émissions carbone mondiales, dont la moitié est générée par le 1% de la population mondiale la plus aisée.
Une analyse récente d’Airbus révèle que le nombre d’avions dans le monde devrait doubler au cours des 20 prochaines années, non seulement en raison de l’augmentation des besoins, mais aussi du remplacement des aéronefs devenus vétustes et peu économes. Les besoins sont évalués à 39 490 avions passagers et cargos neufs, faisant ainsi passer leur nombre de 22 880 (en 2020) à 46 930 en 2041.
Dans le but de pallier les impacts écologiques, la compagnie prévoit de moderniser sa flotte de navires transatlantiques avec versions à faible émission carbone. Il en effet important de noter que le bilan carbone des sociétés aéronautiques ne se limite pas uniquement à l’aérien, mais aussi à leurs processus de fabrication. Les pièces des avions Airbus, notamment, transitent généralement par voie maritime depuis Saint-Nazaire en France à Mobile en Alabama (États-Unis) afin d’y être assemblées.
L’entreprise prévoit d’augmenter sa cadence production, avec notamment la construction de 75 A320 par mois à partir de 2026, ce qui représente une lourde empreinte carbone en matière de fret maritime. Le bilan carbone total de la société se chiffre actuellement à 80 368 tonnes par an. Le remplacement des navires permettra à la fois de réduire considérablement ses émissions industrielles et de gagner en efficacité de production.
« Le renouvellement de notre flotte maritime constitue une étape majeure dans la réduction de notre impact environnemental », explique dans un communiqué Nicolas Chrétien, responsable du développement durable et de l’environnement chez Airbus. « La dernière génération de navires proposée par Louis Dreyfus Armateurs est plus économe en carburant que ses prédécesseurs. Cela démontre notre détermination à ouvrir la voie à la décarbonation de notre secteur en innovant non seulement dans le secteur de l’aviation, mais aussi dans toutes nos opérations industrielles », ajoute-t-il. Airbus louera en effet les navires tandis que Louis Dreyfus Armateurs en sera le propriétaire et exploitant.
Des navires disposant de 6 rotors aérodynamiques
Les nouveaux navires seront propulsés par une combinaison de 6 rotors Flettner exploitant la force aérodynamique. Il s’agit de cylindres lisses disposés verticalement et équipés de plaques rotatives à leurs extrémités. Lorsque le vent les traverse selon un angle droit, l’effet Magnus (la force générée par l’écoulement d’un fluide sur un corps en rotation, perpendiculairement à la fois à la direction de l’écoulement et à l’axe de rotation du corps) permet de générer une force aérodynamique dans une direction perpendiculaire à ce vent.
Deux moteurs bicarburant alimentés au diesel marin et à l’e-méthanol appuient la propulsion par rotors tout en atténuant le freinage causé par d’éventuelles conditions météo défavorables. En outre, un logiciel de calcul d’itinéraire est intégré aux navires afin de tirer le meilleur parti des vents et des courants dominants. Le système de moteurs permettra de diminuer l’émission carbone annuelle du fret à 33 000 tonnes, soit une réduction de 50% par rapport à cette année (68 000 tonnes). Louis Dreyfus pourra également louer ces cargos à d’autres compagnies afin de les aider à réduire à leur tour leur empreinte carbone.
Par ailleurs, la capacité de charge des navires sera augmentée : chacun pourra porter jusqu’à 70 conteneurs de 12 mètres, ce qui permet de transporter 6 sous-ensembles d’avions monocouloirs (ailes, fuselage, pylônes, moteurs, empennages horizontaux et verticaux) — contre seulement 4 pour les navires actuels.