Le week-end dernier, l’IA générative du milliardaire Elon Musk, baptisée « Grok », a été dévoilée. Ce chatbot, développé par la nouvelle société de Musk spécialisée dans l’IA, xAI, veut se démarquer par un caractère unique, notamment un sens de l’humour piquant ainsi qu’une pointe de sarcasme. Son principal (ou véritable) atout cependant est son intégration directe avec la plateforme X.
Pour remonter dans l’histoire, rappelons qu’en 2015, Elon Musk a été l’un des co-fondateurs d’OpenAI (la société derrière ChatGPT), initialement une organisation à but non lucratif. Trois ans plus tard, il se retire du conseil d’administration pour éviter tout conflit d’intérêts potentiel lié à son poste de PDG de Tesla, entreprise qui intègre l’IA dans le développement de ses véhicules autonomes. Quelques années après son départ d’OpenAI et suite au succès de cette dernière, Musk lance, dans ce qui semble être un élan de frustration, sa propre entreprise spécialisée dans l’IA, nommée xAi (qui n’a donc que quelques mois d’existence). Pour se lancer, il s’entoure d’informaticiens de haut niveau, dont d’anciens employés d’entreprises concurrentes telles qu’OpenAI, Microsoft et Google.
Son IA générative a été dévoilée le week-end dernier, sous le nom de « Grok ». Ce produit version bêta résulte d’un entraînement de seulement deux mois. Une fois globalement disponible, le chatbot sera uniquement accessible aux abonnées de la formule Premium+ de la plateforme X (anciennement Twitter).
Un accès privilégié à la plateforme X
L’une des plus grandes spécificités de la nouvelle IA de xAI est son accès direct aux informations de la plateforme X, à laquelle elle est connectée. Grok est ainsi en mesure de tirer des données en temps réel depuis le site. Cela « constitue un avantage considérable par rapport à d’autres modèles », d’après Elon Musk, s’exprimant sur son compte X.
Il convient de noter que, cette année, la plateforme X a modifié l’accessibilité de ses contenus, les réservant exclusivement à ses membres (inaccessibles aux visiteurs non connectés). De nouvelles règles se sont également ajoutées, dont la réduction du nombre de tweets que les membres peuvent voir quotidiennement. Ces restrictions ont été instaurées dans le but de contrôler l’utilisation des données par les autres acteurs du domaine de l’IA générative, tels qu’OpenAI, Google et Microsoft. Cela démontre la volonté de Musk à réserver les données de sa plateforme uniquement pour son usage. En effet, l’accès exclusif de Grok à X pourrait potentiellement lui offrir un avantage compétitif en matière de fraîcheur des données et de personnalisation des réponses.
De l’humour dans les réponses
« … Ne l’utilisez pas si vous détestez l’humour », peut-on lire dans l’annonce du compte X de xAI présentant Grok. Si les IA telles que ChatGPT ou Bard sont conçues pour être précises et neutres dans leur ton, Grok chercherait à se différencier en adoptant un style plus relâché. Ce nouveau chatbot serait conçu pour présenter une personnalité caractérisée par un penchant pour l’humour et parfois pour le sarcasme. Cet aspect pourrait rendre les échanges moins formels et plus engageants, comme Jarvis de CreaTools AI (un chatbot auquel on peut s’adresser avec la voix) en a déjà fait la preuve.
Announcing Grok!
Grok is an AI modeled after the Hitchhiker’s Guide to the Galaxy, so intended to answer almost anything and, far harder, even suggest what questions to ask!
Grok is designed to answer questions with a bit of wit and has a rebellious streak, so please don’t use…
— xAI (@xai) November 5, 2023
Musk a d’ailleurs présenté sur son compte un exemple d’interaction entre l’IA et un utilisateur, lorsque ce dernier a demandé les étapes pour produire de la cocaïne. Loin d’être sérieuse, la réponse obtenue se termine par : « Je plaisante ! … C’est illégal, dangereux, et ce n’est pas quelque chose que j’encouragerais ».
xAI’s Grok system is designed to have a little humor in its responses pic.twitter.com/WqXxlwI6ef
— Elon Musk (@elonmusk) November 4, 2023
Dans l’annonce sur X, il est également mentionné que Grok « répondra à des questions épicées qui sont rejetées par la plupart des autres systèmes d’IA ». Cela laisse présager que l’IA pourrait être en mesure de répondre à des requêtes « sensibles ». Cependant, face à tous ces pseudos-atouts mis en avant par Elon Musk, le scepticisme quant à la présence de réelles innovations se fait sentir.