Lors d’une course hippique, les chevaux sont-ils conscients qu’ils s’affrontent entre eux ? La réponse est non, selon une experte de l’Université de Charles Sturt. Du point de vue du cheval, il n’y aurait notamment que très peu d’avantages directs à galoper volontairement plus vite pour arriver au bout de la piste. Ces animaux naturellement sociaux apprécient les galops en groupe, mais n’auraient pas développé le désir de devancer leurs homologues. Tenter d’inhiber ce comportement pourrait potentiellement les mettre en danger.
Bien que l’on observe des comportements ressemblant à des courses chez les animaux, la majorité d’entre eux n’aurait pas développé le désir de victoire dans un tel cadre. En effet, les chevaux par exemple, sont naturellement sociaux et courent volontairement en groupe lorsque l’occasion se présente, et ce même sans jockey (pour ceux en élevage). Cependant, chez les chevaux à l’état sauvage, galoper en groupe sert à minimiser l’exposition aux prédateurs.
Le galop en groupe nécessite une bonne synchronisation et le maintien précis de la vitesse. En plus de cela, les animaux doivent rester très attentifs aux mouvements et à la position du corps afin d’éviter toute collision, pouvant facilement entraîner des blessures graves étant donné leur puissance. Cette synchronisation est adaptée au terrain ainsi qu’aux signaux environnementaux. Selon Catherine Henshall, maître de conférences à l’école des sciences agricoles, environnementales et vétérinaires de l’Université Charles Sturt, cela signifie que devancer le groupe dans le but d’arriver en premier à un endroit donné ne présente aucun avantage naturel pour ces animaux et peut même, au contraire, les exposer à des risques.
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Le comportement collectif des chevaux est donc en contradiction avec ce que les propriétaires et amateurs de courses hippiques attendent d’eux. En effet, les courses de chevaux dépendraient de leur capacité à ignorer cette tendance, en réponse aux ordres du cavalier. Cependant, les jockeys peuvent également exploiter les préférences individuelles de leurs montures. Certains chevaux n’apprécient par exemple pas nécessairement le regroupement et préfèrent se déplacer à l’avant du groupe, tandis que d’autres préfèrent y rester. Pour optimiser les chances de gain de ces derniers, les jockeys les laissent généralement rester dans le peloton jusqu’à ce qu’ils approchent de l’arrivée.
Cela signifie que le fait de devancer le groupe dépendrait à la fois de leur tendance innée à se synchroniser avec les autres et de leur capacité à inhiber temporairement ce comportement. Pour l’animal, l’envie de finir une course pourrait tout simplement être liée au désir de soulager la fatigue du galop ou de faire cesser les coups de fouet du jockey (par exemple). D’un autre côté, les chevaux en tête pourraient subir davantage de coups de fouet dans les derniers mètres avant l’arrivée que ceux à la traîne (les jockeys étant conscients que les chances de gagner sont très faibles). Du point de vue du cheval, il y aurait ainsi que peu d’avantages à gagner une course. En considérant tous ces éléments, selon Henshall, l’animal n’est donc pas conscient d’être en compétition avec son groupe.
Mise en danger des animaux
Pour diriger leurs chevaux et inhiber leur tendance de synchronisation de groupe, les jockeys ont recours à diverses méthodes. La première consiste à inciter les animaux à se rapprocher les uns des autres afin de tenter de rattraper ceux de devant. La seconde consiste à leur imposer des vitesses qu’ils n’ont pas choisies, et ce sur de longues distances et durées. La troisième implique d’empêcher les chevaux de changer de trajectoire afin d’adapter leur position par rapport aux autres (comportement instinctif du cheval). Ces actions peuvent les exposer à des risques de blessures graves (parfois mortelles), sans compter l’utilisation potentiellement abusive des fouets.
Pourtant, une étude de 2020 a montré que l’utilisation d’un fouet n’influence ni les chances de victoire du cheval ni la sécurité de la course. Bien que certains organisateurs interdisent désormais l’utilisation de fouets (pour des raisons éthiques), ces derniers sont encore utilisés dans de nombreuses compétitions. Les arguments avancés pour leur utilisation sont pourtant réfutés par l’étude en question. Pour leur défense, les organisateurs avancent généralement qu’en étant utilisés pour diriger les chevaux à des moments critiques, ils permettent d’assurer la sécurité des cavaliers, et que les animaux ne ressentent pas la douleur en raison de l’adrénaline (une supposition également réfutée par l’étude).
En tant que sport de renommée mondiale, les courses hippiques représentent une industrie d’une valeur de près de 115 milliards de dollars. Les propriétaires de chevaux investissent des sommes conséquentes dans leurs animaux, en vue des bénéfices que les courses pourraient leur rapporter. La gestion et les soins des animaux, constituant des aspects essentiels de cette économie, impliquent une compréhension approfondie de leur écologie et de leur comportement.