Le 17 novembre 2023 pourrait être considéré comme un jour critique dans le registre des anomalies climatiques majeures, selon des estimations préliminaires. La température moyenne globale de la surface terrestre aurait franchi la barre symbolique des 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels, une première qui s’inscrit dans la lignée des bouleversements notables provoqués par le changement climatique. Cet écart record est survenu lors des inondations observées en Flandre occidentale en Belgique, un type d’événement dont la fréquence s’est intensifiée avec l’évolution du climat.
Le Dr Sam Burgess, du service Copernicus sur le changement climatique, a annoncé sur X : « Notre meilleure estimation indique que c’était le premier jour où la température globale dépassait de plus de 2 °C les niveaux de 1850-1900, avec 2.06 °C ». Cela dit, cette annonce reste provisionnelle, car les chercheurs doivent encore confirmer ces données. Une telle hausse de température, même ponctuelle, souligne la progression rapide du réchauffement de la planète sous l’influence croissante des gaz à effet de serre.
Pour Zeke Hausfather de Berkeley Earth, la situation est préoccupante. « Espérons que cela soit transitoire, mais c’est un signe inquiétant », a-t-il partagé sur X. Toutefois, il est important d’insister sur le fait que le dépassement de cette limite sur une seule journée ne signifie pas que l’objectif de la limite des 2 °C (au-dessus des niveaux pré-industriels) de l’Accord de Paris a été violé. Cependant, rappelons qu’initialement, il s’agissait plutôt de limiter la hausse à 1,5 °C.
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Les détails de ce qu’englobent ces seuils n’ont pas été clairement définis, mais les scientifiques ont communément adopté une interprétation liée à un accroissement moyen des températures sur le long terme supérieur à 1,5 °C ou 2 °C par rapport à la fin du XIXe siècle. À cause des variations naturelles et de l’usage de moyennes, il peut s’avérer difficile d’identifier précisément le franchissement de ces limites avant plusieurs années.
Incertitudes scientifiques et course contre la montre
Lorsqu’on parle de « niveaux préindustriels », il s’avère que le chemin vers le réchauffement a commencé bien plus tôt qu’on pourrait l’imaginer, avec des études, dont celle de Michael Mann de l’Université de Pennsylvanie, affirmant que le réchauffement dû à l’action humaine remonte au milieu du XVIIIe siècle, avec des températures en hausse de 0,3 °C avant même la fin du XIXe siècle.
Nouvelles données et perspectives
Cependant, il n’est pas surprenant de constater que l’année 2023 s’ancre comme la plus chaude jamais enregistrée. En effet, les données météorologiques font état de nombreux records battus et d’une météorologie difficilement prévisible en raison d’épisodes climatiques extrêmes. Cette année manifeste peut-être le premier pas vers une moyenne annuelle dépassant de 1,5 °C les niveaux pré-industriels, ce qui constituerait un scénario historique. Depuis mai, chaque mois a établi des records de température globale, avec des vagues de chaleur extrêmes touchant des régions telles que les États-Unis du Sud, l’Afrique, l’Amérique du Sud, la Chine et le Japon.
Le nouveau jalon du 17 novembre 2023 est confirmé par des données de l’European Center for Medium-Range Weather Forecasts (ECMWF). Selon leur rapport, la température globale de ce jour-là a été de 2,06 °C supérieure aux niveaux préindustriels (voir graphique ci-dessus), un record historique. Cette donnée émerge de l’ensemble de données ERA5, qui utilise une combinaison de lectures de température de surface et d’algorithmes pour produire des estimations précises de la température mondiale quotidienne.
La situation actuelle, renforcée par un fort événement El Niño, est un appel à l’action immédiate. Les décideurs mondiaux devraient se concentrer sur des mesures efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les impacts du changement climatique. Selon le GIEC, ce seuil des 2°C devrait être dépassé, à ce rythme, dans les années 2040 ou 2050. L’objectif de limiter les émissions futures à moins de 220 gigatonnes de dioxyde de carbone semble donc plus urgent et crucial que jamais.