RoboFab, d’Agility Robotics, la première usine au monde de production en série de robots humanoïdes destinés au travail en entrepôt, ouvrira ses portes dans l’Oregon (États-Unis) en début d’année prochaine. La première série de 100 robots sera déployée chez Amazon, afin d’appuyer ses systèmes de tri et de logistique. À terme, le fabricant prévoit d’étendre sa production à 10 000 robots par an et ambitionne de devenir l’un des leaders du domaine.
Depuis sa création en 2016, Agility Robotics a développé une centaine de prototypes de robots humanoïdes. Parmi les modèles, Digit a retenu l’attention d’Amazon — qui est en ce moment en train de le tester dans l’un de ses laboratoires à Seattle — en raison de son potentiel pour effectuer diverses tâches dans ses entrepôts. L’entreprise aurait d’ailleurs participé à un cycle de financement de 150 millions de dollars, qu’Agility Robotics a finalisé en 2022. Depuis, les commandes pour ce modèle semblent connaître une importante croissance. En vue de satisfaire cette demande, le fabriquant prévoit d’étendre sa production en ouvrant une nouvelle usine spécialement dédiée dans la ville de Salem, dans l’Oregon.
RoboFab, la nouvelle usine d’Agility Robotics, occupera un espace d’environ 6500 mètres carrés et assura dans un premier temps une cadence de production d’une centaine de robots humanoïdes par an, avant une livraison plus large à partir 2025. Selon la société de robotique, il s’agira de la première usine au monde spécifiquement dédiée à la production en masse de robots humanoïdes. « Nous avons accordé une très haute priorité à la mise sur le marché des robots le plus rapidement possible », a expliqué à Axios Damion Shelton, PDG de l’entreprise. « Notre grand projet est de parvenir à des humanoïdes polyvalents dès que possible », a-t-il ajouté. Cette annonce survient juste après celle de la Chine, qui a exhorté le secteur privé à accélérer le développement des robots humanoïdes, de sorte à en produire massivement d’ici 2025.
Un modèle spécialement conçu pour les entrepôts
La polyvalence des robots humanoïdes leur permet de travailler dans des endroits encombrés et ayant des surfaces inégales, tels que les entrepôts. Ils peuvent par exemple gérer plus facilement les changements de direction brusques que ceux dotés de roues. Cependant, concevoir des robots bipèdes capables de marcher à une bonne allure sans tomber tout en manipulant des objets constitue un véritable défi d’ingénierie. Les doter en plus de cela de bras et de mains pouvant supporter de lourdes charges ou saisir de petits objets, est une autre difficulté majeure. Ils font ensuite que le tout soit programmé de sorte à garantir une sécurité de travail avec l’humain irréprochable. Ce dernier point a été un frein majeur à l’arrivée des robots dans les usines.
Suite à des essais préliminaires du prototype de Digit, Amazon affirme qu’il peut se déplacer, saisir et manipuler des objets dans de recoins encombrés d’un entrepôt. Faisant 175 centimètres de haut pour environ 70 kilogrammes, ces caractéristiques lui permettent de travailler convenablement dans des bâtiments conçus pour les humains. D’autre part, il est conçu pour effectuer des tâches répétitives, connues pour provoquer souvent des troubles musculosquelettiques chez les employés.
Chez Amazon, les principales tâches de Digit consisteront dans un premier temps à déplacer et ranger des bacs de marchandises. Le robot dispose d’une tête et de deux yeux permettant de donner des indications utiles aux humains qu’il rencontre, telles que les changements de direction ou si une tâche est en cours. Par ailleurs, comme un robot aspirateur dernier cri, il se rend par lui même à la station de charge lorsqu’il est à court d’énergie.
Un risque de perte d’emplois pour les humains ?
Le déploiement massif de robots humanoïdes soulève inévitablement des questions quant au remplacement potentiel des employés humains. Cependant, bien qu’Amazon ait déjà déployé plus de 750 000 robots mobiles dans ses entrepôts, il a affirmé que cela a contribué à créer 700 nouvelles catégories d’emplois spécialisés, qui n’existaient pas auparavant au sein de l’entreprise. « Il nous a fallu plus de 10 ans pour atteindre cette ampleur. Pendant cette période, Amazon a embauché des centaines de milliers d’employés pour travailler dans nos opérations », a expliqué dans un article de blog Tye Brady, technologue en chef chez Amazon Robotics.
De plus, l’entreprise soutient que le déploiement des robots vise à assurer des tâches chronophages, répétitives et éprouvantes, de sorte que les employés humains puissent se consacrer à des travaux plus complexes. Cela permettrait aussi de réduire les risques d’accidents dans les gigantesques entrepôts d’Amazon. Selon la société, le taux d’accidents et la perte de temps auraient été respectivement réduits de 15 et 19%, au niveau de ses sites robotisés. L’entreprise s’appuie apparemment sur une synergie entre travail humain et travail robotique. Toutefois, il est tout de même difficile de croire que le déploiement massif de robots humanoïdes ne puisse pas générer de pertes d’emplois.
C’est d’ailleurs face à cette incertitude liée à l’IA que nous est venue l’idée d’enquêter sur les risques de perte d’emploi et les opportunités professionnelles, dans le cadre de notre nouvel axe d’investigation et d’anticipation technologique baptisé Trust Innovation. Nous avons ainsi pu récolter divers avis d’experts en plus de nos recherches approfondies, afin de répondre à la question « Quels sont les emplois à risque et les opportunités professionnelles à l’horizon 2030 face à l’IA ? ».
Vidéo de présentation de Digit :