La Grande conjonction désigne le rapprochement maximal apparent entre les géantes gazeuses de notre système solaire, Jupiter et Saturne. Ce phénomène remarquable se produit tous les 20 ans environ. Il faudra donc être au rendez-vous ce 21 décembre, jour du solstice d’hiver, pour profiter du spectacle. D’autant plus que les deux planètes n’auront jamais été aussi proches l’une de l’autre depuis le Moyen-Âge !
Un bilan pas très positif pour cette année 2020, mais une belle surprise en réserve pour finir : les passionnés d’astronomie auront bientôt la chance d’assister à un événement exceptionnel. Ce 21 décembre, Jupiter et Saturne seront si proches — à 0,1° l’une de l’autre — qu’elles apparaîtront comme une seule et même étoile très brillante. La dernière Grande conjonction remonte au mois de mai 2000, mais sa position, trop proche du Soleil, rendait difficile l’observation du phénomène.
La dernière fois que les deux planètes étaient aussi proches remonte au mois de juillet 1623, à l’époque de Galilée. Les astronomes de l’Observatoire de Perth, en Australie occidentale, expliquent qu’à cette époque, le phénomène était plus difficile à observer, comme en 2000 : Jupiter et Saturne n’étaient distantes que de 0,14°, mais leur éclat était malheureusement « noyé » dans le rayonnement du Soleil. Cette année en revanche, la Grande conjonction sera bien visible dans le monde entier.
Des conditions d’observation idéales
L’orbite de Jupiter dure près de 12 ans (11,86 ans très exactement), tandis que celle de Saturne a une durée de 29,4 ans. Ainsi, tous les 19,85 ans, Jupiter rattrape et dépasse Saturne et de notre point de vue sur Terre, les deux planètes semblent se croiser ; c’est à ce moment-là que se produit la Grande conjonction. En réalité, si elles paraîtront se frôler depuis notre point d’observation, Saturne et Jupiter ne seront pas si proches que cela l’une de l’autre : Saturne se situera environ deux fois plus loin de la Terre que ne le sera Jupiter.
Comme précisé plus haut, la dernière Grande conjonction du 28 mai 2000 était quasiment impossible à observer : les deux planètes se trouvaient à seulement 14,9° ouest du Soleil et le phénomène a donc été masqué par la lumière de l’astre, comme cela s’était produit en 1623. À noter que chaque Grande conjonction se produit à environ 117° de la précédente ; ainsi, du fait de la résonance orbitale de Jupiter et Saturne (5:2) qui entraîne leur alignement tous les 20 ans, chaque conjonction se retrouve au même point de la voûte céleste tous les 800 ans environ. « Il faudrait remonter juste avant l’aube du 4 mars 1226 pour voir un alignement plus étroit entre ces objets visibles dans le ciel nocturne », confirme Patrick Hartigan, astronome de la Rice University, au Texas.
À noter que cette conjonction, proche du jour de Noël, est parfois assimilée à l’étoile de Bethléem. En effet, certains astronomes pensent que cette étoile — qui, selon la tradition chrétienne, guida les rois mages vers Bethléem à la naissance de Jésus-Christ — pourrait en réalité avoir été une conjonction de Jupiter et Saturne, mais aurait été décrite comme une seule étoile brillante dans le récit de Matthieu. Plusieurs conjonctions planétaires se sont en effet produites dans la décennie précédant le début de l’ère chrétienne : notamment une conjonction entre Jupiter et Saturne en l’an 7 av. J.-C., distantes alors de 1°, ou encore une conjonction entre Vénus et Jupiter, en l’an 2 av. J.-C.
Focus sur l’horizon est
Depuis le début du mois, Jupiter et Saturne se rapprochent chaque jour davantage. Le jour J, à 18h20 UTC, même si les conditions d’observation seront optimales au niveau de l’équateur, le phénomène sera cette fois-ci bien visible depuis n’importe où sur Terre. Dans notre hémisphère, la Grande conjonction apparaîtra bas dans le ciel, à l’est, dans l’heure qui suit le coucher du Soleil. Les deux planètes seront à un degré de distance l’une de l’autre, « c’est à peu près l’épaisseur d’un sou tenu à bout de bras! » peut-on lire dans la newsletter de décembre de la NASA.
Le Dr Brad Tucker, astronome à l’Université nationale australienne, a précisé qu’il fallait rechercher « un mince croissant de lune et deux objets brillants juste à côté ». Des jumelles ou un petit télescope suffiront pour profiter du spectacle. Bien entendu, un ciel dégagé et un horizon exempt de tout obstacle (constructions ou végétation) seront les conditions indispensables à une bonne observation.
Jupiter étant la plus grande planète (près de 71’500 km de rayon équatorial vs. 60’270 km pour Saturne), les yeux les plus acérés pourront peut-être la distinguer de Saturne. Pour les autres, le duo apparaîtra comme une seule et même étoile.
À savoir que la prochaine conjonction se produira en décembre 2040, tandis que la prochaine Grande conjonction est prévue pour le mois de mars 2080 : Jupiter et Saturne seront alors distantes de seulement 0.06º, à 43,5° du Soleil, dans la constellation du Sagittaire ; le phénomène apparaîtra donc nettement plus élevé, et dans un ciel plus sombre.