La pandémie de COVID-19 a largement sensibilisé la population sur la nécessité d’aérer régulièrement son logement (et tout autre lieu clos accueillant du public), ceci dans le but d’éliminer les particules virales potentiellement en suspension. Pourtant, bien avant que l’air intérieur ne fasse ainsi l’objet de toutes les attentions, nombre d’entre nous respiraient sans le savoir un air dont la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. Les polluants biologiques, physiques et chimiques sont nombreux, même au sein de notre propre foyer.
Contrairement à la pollution de l’air extérieur, très largement médiatisée, la pollution de l’air intérieur a suscité pendant longtemps peu d’inquiétudes. Ce n’est qu’au début des années 2000 que les autorités de santé publique ont commencé à s’intéresser au sujet — l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, qui a pour principal objectif de documenter l’exposition des populations à la pollution de l’air intérieur, vient d’ailleurs de fêter ses 20 ans. Pourtant, sous nos latitudes, nous passons en moyenne 85% du temps dans un environnement clos, privé ou public (bureau, école, habitat, transports en commun, cinéma, etc.).
Pendant tout ce laps de temps, nous pouvons ainsi être exposés, sans en être conscients, à divers polluants pouvant occasionner de nombreux soucis de santé. Bactéries, moisissures, allergènes d’animaux, monoxyde de carbone, composés organiques volatils, plomb ou amiante, sont tout autant de polluants susceptibles d’entraîner des symptômes plus ou moins graves (maux de tête, nausées, allergies, pathologies respiratoires, etc.). Pour limiter les risques, « le renouvellement de l’air reste la solution la plus simple et la plus efficace », selon l’ARS Grand Est. Au besoin, il peut être sage de s’équiper d’un purificateur d’air.
Trois grandes familles de polluants de l’air intérieur
Au cours des dernières décennies, la qualité de l’air intérieur a reçu une attention croissante de la part de la communauté scientifique internationale et des gouvernances environnementales pour améliorer le confort et la santé des occupants des bâtiments. Et pour cause, pour certaines personnes (enfants, jeunes adultes, personnes âgées ou souffrant de maladies respiratoires et/ou cardiovasculaires chroniques), les risques pour la santé liés à l’exposition à la pollution de l’air intérieur peuvent être plus importants que ceux liés à la pollution extérieure.
On distingue trois grandes familles de polluants de l’air intérieur : les polluants chimiques, les biocontaminants et les polluants physiques. « La qualité de l’air intérieur peut être affectée par divers produits chimiques, notamment des gaz (monoxyde de carbone, ozone, radon), des composés organiques volatils (COV), des particules fines et des fibres, des contaminants organiques et inorganiques, et des particules biologiques comme les bactéries, les champignons et le pollen », précise une étude publiée en 2017 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health.
La pollution intérieure est constituée en partie de polluants provenant de l’extérieur (généralement associés aux transports et aux activités industrielles) ; ceux-ci pénètrent dans les bâtiments par des infiltrations ou les systèmes de ventilation. Mais elle est en grande partie issue du lieu lui-même et des activités de ses occupants. Elle comprend : les sources de combustion (chauffage au bois, bougies), les produits du tabac, les émissions des matériaux de construction et du mobilier, les systèmes d’humidification et de climatisation mal entretenus, les produits d’entretien et même les animaux domestiques.
Même le simple fait de prendre une douche dans une pièce mal aérée peut avoir de fâcheuses conséquences : outre la détérioration des revêtements muraux qui peuvent de ce fait libérer des substances nocives, l’accumulation permanente de vapeur d’eau est propice au développement de moisissures et d’acariens – des allergènes qui provoquent des symptômes similaires à ceux d’une allergie aux pollens. Or, selon l’ARS Grand Est, ce sont 8 à 10 kg d’eau qui s’évaporent chaque jour dans un logement — un volume qui comprend l’eau évacuée par la respiration et la transpiration, le séchage du linge, la cuisson des aliments et bien sûr, l’usage de la salle de bains. Un rapport d’expertise menée par l’Anses a révélé qu’entre 14 et 20% de logements en France présentent des moisissures visibles.
Aérer et réduire les polluants à la source
Les produits de décoration et les meubles sont eux aussi considérés comme des sources potentielles de pollution des environnements intérieurs du fait de leurs émissions de substances volatiles, voire semi-volatiles. Dans un rapport publié en 2015, l’Anses a ainsi identifié pas moins de 60 substances cancérogènes, mutagènes et/ou reprotoxiques susceptibles d’être émises par le mobilier. Elles sont émises à la fois par le matériau lui-même (bois, panneaux de particules, métaux, plastiques, mousses de polyuréthane, textiles, cuirs, etc.) et par les traitements appliqués lors des finitions (colles, peintures, teintures, vernis, cirages, insecticides, etc.).
Irritation du nez, des yeux et des voies respiratoires, allergies, crises d’asthme, maux de tête, nausées… Les polluants de l’air intérieur peuvent peser lourdement sur la santé à plus ou moins long terme. Le premier réflexe à adopter pour respirer un air plus sain est donc d’essayer de réduire la source de ces polluants.
Pour ce faire, les autorités sanitaires recommandent d’aérer son logement au moins 10 minutes par jour, hiver comme été — de surcroît en cette période de pandémie. Il faut en outre penser à aérer dès que l’on pratique une activité susceptible d’émettre des substances nocives (ménage, bricolage, peinture, etc.) et surtout, bien aérer les pièces d’eau (cuisine et salle de bain). Les produits du tabac, tout comme les parfums d’intérieur (bougies, encens, etc.) — qui émettent des substances nocives comme le benzène, le formaldéhyde, des particules fines, etc. — sont bien entendu à éviter.
L’ARS conseille également d’entretenir et de vérifier régulièrement le bon fonctionnement des systèmes de ventilation. Quant aux produits ménagers, mieux vaut privilégier les produits naturels (du type vinaigre blanc, savon noir, bicarbonate de soude, etc.), qui sont exempts de composés volatils nocifs. Selon le ministère de la Transition écologique, les enjeux sanitaires et économiques liés à la qualité de l’air intérieur sont importants : en France, on estime à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur.