C’est une lettre qui ne manque pas de piquant… Dans une réponse au sénateur Edward Markey datée du 1er juillet, Amazon a admis avoir divulgué aux autorités des vidéos de particuliers filmées par Ring. Cette caméra de surveillance a en effet été adoptée par de nombreux particuliers. Le hic ? Les vidéos ont été transmises sans leur autorisation.
Le sénateur américain avait en effet questionné Amazon sur certains points de sa politique de confidentialité. L’entreprise a clairement répondu avoir fourni des vidéos aux forces de l’ordre à 11 reprises au cours de cette année 2022. « Dans chaque cas, Ring a déterminé de bonne foi qu’il y avait un danger imminent de mort ou de blessure physique grave pour une personne nécessitant la divulgation d’informations sans délai », précise toutefois l’entreprise.
Amazon rappelle d’ailleurs sans détour que ses conditions d’utilisation lui permettent d’agir de la sorte. « Ring se réserve le droit de répondre immédiatement aux demandes d’informations urgentes des forces de l’ordre dans les cas impliquant un danger imminent de mort ou de blessure physique grave pour toute personne », peut-on ainsi lire dans la lettre. Cette récupération de données est soumise à un formulaire de demande d’urgence. Une formalité qui ne semble pas décourager les services de police. En effet, il existe une plateforme liée à Ring qui permet aux autorités de police ainsi qu’aux pompiers de faire des demandes pour utiliser ce réseau de surveillance et obtenir des images filmées chez des particuliers.
1900 demandes formulées pour récupérer des séquences vidéo de particuliers
En 2020, le nombre de structures affiliées à cette plateforme de demande de données a dépassé les 2000, selon un rapport d’Amazon diffusé par le Financial Times. Les caméras filment et enregistrent l’audio sur une simple détection de mouvement, créant ainsi une masse de données disponibles conséquente. 1900 demandes de la part des forces de l’ordre ont été faites en 2020 auprès d’utilisateurs qui avaient pourtant explicitement refusé l’accès à leurs données.
En effet, il existe des possibilités de contournement de ce refus, dans le cas où les autorités apportent certains documents, comme des mandats de perquisition. De quoi susciter l’inquiétude du sénateur Edward Markey : « comme l’illustre mon enquête en cours sur Amazon, il est devenu de plus en plus difficile pour le public de se déplacer, de se rassembler et de converser en public sans être suivi et enregistré », affirme-t-il dans une déclaration.
Au-delà de l’inquiétude, il a également marqué sa volonté de lutter contre cette surveillance croissante des privés : « nous ne pouvons pas accepter cela comme inévitable dans notre pays. Le recours croissant des forces de l’ordre à la surveillance privée crée une crise de responsabilité, et je suis particulièrement préoccupé par le fait que la surveillance biométrique pourrait devenir un élément central du réseau croissant de systèmes de surveillance dont Amazon et d’autres puissantes entreprises technologiques sont responsables », souligne-t-il ainsi.