Mais qui a donc laissé traîner ses ballons au-dessus de l’Amérique ? Après quatre objets volants abattus au-dessus des États-Unis et du Canada, l’armée américaine est aux aguets pour récupérer leurs restes et découvrir leur provenance. Elle affirme avoir mis au jour un programme de surveillance chinois par ballons à grande échelle.
Depuis le 4 février, la même histoire se répète régulièrement. En tout, quatre objets volants, de formes différentes, ont été abattus par les forces aériennes des États-Unis. Pour le moment, seul le premier, abattu le 4 février 2023 au-dessus de la Caroline du Sud, a pu être récupéré et identifié. Il s’agit d’un ballon voyageant à une altitude de 18 000 mètres en provenance de Chine, et pas des moindres : selon la défense américaine, il faisait la taille « de trois bus scolaires ».
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé qu’il s’agissait d’un ballon dédié à la recherche météorologique, qui aurait dévié de sa course. Une explication qui n’a pas convaincu les États-Unis. En effet, le ballon en question a survolé plusieurs sites « sensibles » pour le pays, notamment des zones de lancement de missiles, et une base militaire des forces aériennes, dans le Montana.
En outre, le matériel que les militaires américains sont parvenus à récupérer sur le fameux ballon a renforcé ces doutes : « Les types d’antennes sont destinés à la technologie de surveillance et ce n’est pas quelque chose que l’on attendrait pour un quelconque type de mission scientifique », a déclaré Gregory Falco, professeur adjoint au département de génie civil et des systèmes de l’université Johns Hopkins, à BBC News. Le ballon était également équipé d’hélices, lui permettant d’adapter sa trajectoire et son altitude.
En dehors de ce ballon, les autres objets volants n’ont pas pu être récupérés pour le moment. Il s’agissait d’engins de différentes formes. Un objet décrit comme cylindrique et argenté a été abattu le 10 février au nord de l’Alaska. Un autre, de même forme, selon la ministre canadienne de la Défense Anita Anand, a été abattu le 11 février, à une altitude de 12 100 mètres au-dessus du territoire canadien. Enfin, le 12 février, un objet octogonal a été abattu au-dessus du lac Huron, aux États-Unis.
Un système de surveillance difficile à détecter ?
Toute cette série d’objets volants serait loin d’être un hasard, selon les récentes investigations des services de renseignement américains. « Nous avons pu déterminer que la Chine a un programme de ballons à haute altitude pour la collecte de renseignements qui est lié à l’Armée populaire de libération. Il fonctionnait sous l’administration précédente, mais ils ne l’ont pas détecté. Nous l’avons détecté. Nous l’avons suivi. Et nous l’avons soigneusement étudié pour en apprendre le plus possible », affirme ainsi John Kirby, coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
En effet, comme l’affirme Kirby, la détection par radar d’objets volants à très haute altitude, lorsqu’ils se déplacent lentement, n’est pas chose aisée. D’où l’intérêt d’utiliser des ballons, à l’heure où on entend tant parler de drones. Selon lui, ce système de surveillance pourrait donc être opérationnel depuis un moment, en passant littéralement sous les radars. Il ne concernerait d’ailleurs pas seulement les États-Unis et le Canada. « Nous savons que ces ballons de surveillance [chinois] ont traversé des dizaines de pays sur plusieurs continents à travers le monde, y compris certains de nos alliés et partenaires les plus proches », a-t-il ajouté.