Dans le but d’endiguer la propagation du coronavirus, au-delà des mesures de restriction et de quarantaine mises en place par plusieurs pays, les chercheurs tentent d’explorer d’autres pistes. Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs et développeurs ont ainsi mis au point une application permettant à une personne infectée par le SARS-CoV-2 de se signaler comme telle, et, via une localisation GPS dynamique, d’envoyer une alerte à toutes les personnes croisant (ou ayant croisé) son chemin. Toutefois, pour se révéler efficace, l’application baptisée Private Kit: Safe Paths doit être massivement utilisée par les populations.
Tout le monde installe une application et toute personne dont le test de dépistage du coronavirus est positif clique sur un bouton de l’application, puis toute personne croisant cette dernière reçoit une alerte. Cela semble efficace en théorie, mais dans la pratique, il y a plusieurs préoccupations, notamment concernant la confidentialité et la vie privée.
C’est une équipe de développeurs issus du MIT, de Harvard, de la Mayo Clinic, de Google et de Facebook, qui est à l’origine du projet. L’application, qui est disponible gratuitement et a été développée par une équipe de 43 techniciens et universitaires pendant leur temps libre, s’appelle Private Kit: Safe Paths et la version bêta peut être téléchargée maintenant pour iOS et Android.
Confidentialité des données et nécessité d’une adoption généralisée
Ses développeurs prétendent d’abord et avant tout répondre aux préoccupations de confidentialité de toute personne l’utilisant en ne partageant que les données chiffrées sélectionnées par l’application avec un réseau qui n’a aucun type de nœud central. Aucune entité ne détient toutes les données des utilisateurs. Au lieu de cela, le transfert de données se produit uniquement au choix des utilisateurs, avec un accès individualisé accordé, par exemple, aux chercheurs.
Ce qui manque à l’application maintenant, c’est une adoption généralisée par les populations. Elle ne se montrera efficace que si chaque personne l’installe et l’utilise. C’est pourquoi les développeurs ont demandé l’aide de l’OMS. Le professeur du MIT Media Lab, Ramesh Raskar, a rallié d’autres chercheurs et cadres techniques à cet effort, et il a été en contact avec l’OMS, les CDC des États-Unis et le département américain de la Santé et des Services sociaux.
Ce n’est pas la première fois qu’une application a été développée pour potentiellement combattre la propagation de maladies auparavant. C’est le cas, par exemple, d’une application développée en 2011 par des scientifiques de l’Université de Cambridge appelée FluPhone. Le problème ? Uniquement 1% des habitants de Cambridge l’ont téléchargée.
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Une méthode de suivi peu intrusive
Un autre problème évident avec l’adoption généralisée d’une application comme celle-ci n’est pas tant une question de choix que de ressources. La solution ici, dans une large mesure, fonctionne sur certaines hypothèses de la classe moyenne. Nous savons qu’il y a de larges pans de la population humaine, même dans les centres urbains, qui ne possèdent pas de téléphone, ou des gens qui rechignent potentiellement à l’idée d’installer quoi que ce soit sur leur téléphone pour garder une trace de leur emplacement.
Toutefois, cela constitue une méthode moins intrusive que celles utilisées par certains gouvernements. Le gouvernement israélien a approuvé des mesures d’urgence pour suivre les personnes suspectées ou confirmées d’avoir été infectées par le coronavirus en surveillant leurs téléphones portables, ce qui soulève immédiatement des problèmes de confidentialité dans le pays. Le cabinet a approuvé à l’unanimité l’utilisation de la technologie — développée initialement à des fins de lutte contre le terrorisme — dans les premières heures de mardi matin.