Invertébrés arthropodes, les araignées comptent actuellement plus de 47’000 espèces connues. Redoutables prédatrices, elles sont présentes dans toutes les zones du monde, où elles tissent leur toile afin de piéger leurs proies. Pendant longtemps, les neurobiologistes ont pensé que les invertébrés possédaient une cognition peu développée, voire nulle, par rapport à celle des mammifères et des oiseaux. Toutefois, l’ensemble des recherches actuelles tend à indiquer des capacités cognitives extrêmement étendues chez les araignées, incluant les capacités de prévoir, planifier, établir des cartes mentales de leur espace, apprendre, etc. Et, plus surprenant encore, cette cognition spectaculaire serait directement liée à leur toile.
Nous découvrons maintenant que certains arachnides possèdent des capacités cognitives cachées rivalisant avec celles des mammifères et des oiseaux, y compris la prévoyance et la planification, l’apprentissage complexe et même la capacité d’être surpris. Plus étrange encore, les fils de soie qu’ils filent derrière eux les aident à sentir et à se souvenir de leur monde. En effet, la soie des araignées est si importante pour leurs capacités cognitives que certains scientifiques pensent qu’elle devrait être considérée comme faisant partie intégrante de leur intelligence.
Les araignées ont des racines évolutives profondes. La première preuve fossile d’arachnides producteurs de soie remonte à près de 400 millions d’années, peu de temps après la première preuve d’existence d’insectes.
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« Les insectes sont la lignée la plus performante sur Terre, mais les araignées les suivent de près », explique le biologiste évolutionniste Miquel Arnedo de l’Université de Barcelone. Aujourd’hui, il existe plus de 48’000 espèces connues, chaque mètre carré de terrain abritant environ 130 individus en moyenne.
La soie : élément principal du quotidien des araignées
Les araignées sont définies par leurs huit pattes et filières complexes, qui extrudent la soie. Il s’agit d’une protéine composée de chaînes d’acides aminés, principalement de la glycine et de l’alanine, qu’elles extraient et tressent avec leurs pattes arrière pour la renforcer. Certaines espèces peuvent produire des fibres de compositions chimiques différentes en fonction de leurs besoins particuliers.
La soie d’araignée est utilisée dans un large éventail d’applications, y compris la construction de cocons, le planage, la fabrication de cordes pour l’escalade et la descente en rappel. De nombreuses araignées l’utilisent également pour une sorte de « vol » connu sous le nom de « montgolfière », dans lequel quelques fils, soulevés par des forces électrostatiques dans l’atmosphère, les portent loin. Ces espèces détectent ces forces à l’aide de leurs poils des pattes, ce qui leur permet de décider quand lancer leurs « voiles ».
Vidéo montrant une araignée utiliser la technique de l’envol :
La polyvalence de leur soie contribue à expliquer l’énorme succès évolutif des araignées, explique Arnedo. Mais leur intelligence est également extrêmement développée. La meilleure preuve de l’intelligence de l’araignée se trouve dans l’activité quotidienne de construction de toiles… Environ un tiers de toutes les espèces fabriquent des toiles orbes, ces pièges magnifiquement géométriques suspendus dans nos maisons et nos jardins. Leur configuration est entièrement bâtie sur les décisions prises lors de leur construction.
Des capacités de planification et de représentation mentale
Considérez la question fondamentale de savoir où construire une toile. Chaque espèce d’araignée orbitèle a une taille et une forme de toile préférées pour convenir à son type de corps et à son type de proie, mais les individus adaptent leurs constructions en fonction des espaces (restreints ou comportant des obstacles). Cela suggère qu’avant le début de la construction, une sorte de planification a lieu. C’est particulièrement impressionnant si l’on considère que la plupart des araignées sont presque complètement aveugles. Comment font-elles ?
Selon Thomas Hesselberg de l’Université d’Oxford, une possibilité est qu’elles utilisent leur soie comme une sorte de fil à plomb pour repérer un site potentiel. Lors de l’exploration, certaines araignées jettent d’abord une ligne horizontale entre deux surfaces, puis la traversent, descendant et montant à divers points le long du chemin. Cela pourrait leur permettre d’estimer les dimensions de l’espace.
La capacité de former une représentation mentale de l’espace a été documentée chez de nombreux mammifères et oiseaux, mais est presque totalement inconnue chez les invertébrés. Jusqu’à présent, la meilleure preuve était chez les abeilles, qui sont censées utiliser des cartes mentales pour les aider à naviguer (bien que des précautions dans cette interprétation doivent être considérées).