Pour le commun des mortels, les précipitations d’Arctique impliquent majoritairement de la neige, et ce n’est pas faux de le penser, du moins pour le moment… Selon une nouvelle étude cependant, l’accélération du changement climatique pourrait changer cette évidence d’ici peu, bien plus tôt que prévu.
Selon de précédentes études, l’Arctique est censé basculer, d’ici 2080, d’un monde où il y tombe principalement de la neige à un monde où la pluie règne. Mais une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications montre que l’accélération du changement climatique précipitera cette transition d’au moins deux décennies. La région se réchauffe plus rapidement que le reste du monde et devrait devenir majoritairement pluvieuse au cours du siècle.
L’équipe internationale de chercheurs à l’origine de la nouvelle étude a en effet découvert que le passage de la neige à la pluie en Arctique pourrait se produire en 2060. Selon leurs résultats, au début de la transition, c’est la saison d’automne qui connaîtra les plus grands changements.
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Des potentielles répercussions mondiales
Les conséquences sont inquiétantes : accélération du réchauffement climatique et dévastation de la faune locale. D’ailleurs, les premiers signes de ce basculement apparaissent déjà : cette année, pour la première fois à notre connaissance, la pluie est tombée au plus haut sommet du Groenland.
Selon les chercheurs, cela sera principalement la conséquence de l’ensemble de la crise climatique, qui contribue à une augmentation beaucoup plus importante des précipitations. Cela a d’énormes ramifications pour l’ensemble de la faune d’Arctique, surtout qu’une étude de 2017 mettait déjà en garde contre les conséquences étendues, durables et peut-être même irréversibles de cette transition.
Les éleveurs de rennes et de caribous de l’Arctique sont confrontés à un impact radical, car la pluie tombant sur la neige peut recouvrir la végétation de glace, entraînant une famine massive des herbivores.
Le passage à un Arctique principalement pluvieux aurait également des répercussions mondiales. Il devrait accélérer le dégel des sols gelés, libérant les gaz à effet de serre qui y sont enfermés, et accélérer la perte déjà rapide de la glace de mer arctique… De telles rétroactions positives accéléreraient encore le changement climatique, moteur de la transition de la neige à la pluie.
Un passage à la pluie inévitable
L’impact d’un Arctique plus pluvieux sur le Groenland pourrait être mitigé, affirment McCrystall et ses collègues. Alors que la pluie accélérera la fonte sur les bords de la calotte glaciaire et entraînera une élévation du niveau de la mer (une menace importante pour les communautés côtières du monde entier), des chutes de neige plus importantes sont attendues dans certaines parties du Groenland, ce qui pourrait compenser une partie de la perte de masse de la calotte glaciaire.
Le passage précoce à un Arctique dominé par la pluie est apparu après que l’équipe a utilisé une nouvelle génération de modèles climatiques plus sophistiqués, connus sous le nom de CMIP6, qui projettent l’avenir sur la base d’observations historiques des précipitations, des températures de l’air en surface et d’autres données.
L’une des conclusions inquiétantes de cette nouvelle étude est que le passage à la pluie dans de nombreuses régions de l’Arctique se produira même si le réchauffement climatique global est maintenu à son objectif de 1,5 °C, et non à partir de 2 °C comme on le pensait auparavant. Toutefois, les régions arctiques d’Europe occidentale et de Russie ne passeront à la pluie qu’avec un réchauffement de 2 °C, ce qui montre que les changements peuvent être évités si les pays réduisent leurs émissions, soulignant l’importance de limiter le réchauffement planétaire global à 1,5 °C plutôt qu’à 3 °C.