Bien qu’il soit parfois difficile de distinguer les vraies des fausses, l’armée américaine a publiquement admis qu’au moins une centaine de vidéos d’objets volants non identifiés (OVNI) étaient véridiques et de ce fait classifiées. Elle prend notamment très au sérieux la menace qu’elles pourraient représenter, et a été catégorique sur l’impossibilité de diffuser les séquences publiquement, par crainte de nuire à la sécurité nationale. La lettre de refus a été adressée à The Black Vault — plus de deux ans après la demande de partage des vidéos —, un site dédié à la transparence du gouvernement américain. D’ailleurs, ce ne serait pas la première fois que l’armée américaine manque de transparence sur certaines informations, d’où l’existence de sites web tels que The Black Vault.
Depuis décembre 2017, deux vidéos montrant des phénomènes aériens non identifiés (UAP) ont circulé sur internet. Quelques mois plus tard, une troisième a été publiée, alimentant la curiosité et l’imagination du public. L’armée américaine ayant initialement considéré ces diffusions comme des fuites d’informations, elle en a tout de même republié des copies officielles en 2020, probablement dans le but de se montrer transparente avec la population.
Cependant, un rapport du Pentagone publié en juin 2021 a révélé qu’il ne s’agissait que d’une infime portion des vidéos d’OVNI capturées par la marine, et qu’il y en aurait 144 autres depuis 2004. Ce rapport a été abordé publiquement par le département de la Défense des États-Unis en mai de cette année, dans le cadre d’une première audience publique sur les OVNIS — depuis les années 60.
Ces objets sont classés en tant qu’OVNIs selon certaines caractéristiques ultérieurement observées pour d’autres UAP, notamment la taille, la forme, la particularité de la trajectoire de propulsion. Certains semblent par exemple rester immobiles même en étant dans une zone de turbulences en altitude, ou se déplacer contre le vent à très grande vitesse (sans moyen apparent de propulsion).
Afin de tenter d’analyser la véritable nature de ces objets, les experts de l’armée américaine tiennent également compte de la possibilité qu’il puisse s’agir d’objets connus, notamment des encombrements aériens (oiseaux, ballons, drones …), des phénomènes atmosphériques naturels, des programmes classifiés de l’armée elle-même, des technologies d’autres pays comme la Chine ou la Russie, etc. Sur les 144 UAP signalés, un seul a été identifié comme étant un ballon qui se dégonflait.
Pour en savoir plus sur ces étranges vidéos, The Black Vault a déposé une demande de liberté d’accès aux informations (FOIA) auprès de division de la marine des États-Unis, en avril 2020, un jour après la déclassification des trois vidéos auparavant officiellement partagées par le département lui-même. La raison de cette soudaine déclassification n’a été donnée à The Black Vault que deux ans et demi plus tard.
Préservation de la sécurité nationale
La demande de The Black Vault concernait la publication des toutes les autres vidéos d’UAP récoltées après le rapport du Pentagone de 2021 et indiquant les 144 signalements d’UAP. L’Office d’Intelligence Navale (ONI) a ensuite répondu (17 mois plus tard) que les fameuses vidéos étaient hébergées par le bureau du chef des opérations navales, où il fallait déposer une nouvelle demande.
Après dépôt de ladite demande au bon bureau, le journal a enfin obtenu des réponses par le biais d’une lettre officielle. Cette dernière, signée par Gary Cason, directeur adjoint au bureau du chef des opérations navales, stipule que « les vidéos demandées contiennent des informations sensibles relatives aux phénomènes aériens non identifiés (UAP) et sont classées et exemptées de divulgation dans leur intégralité ».
L’objet de ce refus portait apparemment sur la sécurité nationale, car ces vidéos comporteraient des informations qui pourraient représenter de potentielles menaces si elles venaient à tomber entre de mauvaises mains. « La publication de ces informations nuira à la sécurité nationale car elle peut fournir aux adversaires des informations précieuses concernant les opérations, les vulnérabilités et/ou les capacités du ministère de la Défense/de la Marine », écrit Cason dans sa lettre. De plus, aucune sous-séquence ne pourrait être fractionnée pour diffusion.
Afin de justifier la diffusion des trois anciennes vidéos, le département a évoqué le fait qu’elles auraient été initialement publiées sur des canaux non officiels et largement diffusées par la suite, en plus d’avoir été débattues en détail auprès du public. La publication officielle aurait ainsi été possible sans menacer la sécurité nationale.