En France, l’arthrose touche entre 9 et 10 millions de personnes, constituant ainsi la deuxième cause d’invalidité dans le pays. Cette maladie douloureuse, qui dégrade le cartilage des articulations, est actuellement traitée par des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Cependant, jusqu’à présent, aucun traitement n’a pu freiner la progression de la maladie. Une nouvelle thérapie prometteuse pourrait cependant changer la donne. Lors d’un essai clinique conduit par une société australienne, une seule injection d’une thérapie par cellules souches, dénommée MAG200, a permis de réduire la douleur de 58 % et d’enrayer la progression de la maladie.
Aujourd’hui, les statistiques montrent que 17 % de la population française souffre d’arthrose, un chiffre qui pourrait atteindre 22 % d’ici 2030. Contrairement aux idées reçues, l’arthrose ne touche pas uniquement les personnes âgées, bien que 65 % des plus de 65 ans en soient affectés. Environ 3 % des personnes de moins de 45 ans souffrent également de cette maladie.
À l’échelle mondiale, d’ici 2050, 74,9 % des individus pourraient être concernés par la gonarthrose (arthrose du genou). Ce constat alarmant a incité les scientifiques de Magellan Stem Cells, une entreprise australienne de biotechnologie, à développer un traitement à base de cellules souches. « Nos recherches montrent que le traitement par cellules souches de donneurs de Magellan est sûr et efficace pour améliorer la fonction articulaire, réduire les niveaux de douleur et pourrait potentiellement stopper la progression de l’arthrose », déclare Julien Freitag, chercheur principal de la société.
Une thérapie prête à l’emploi
Le traitement élaboré par l’équipe, nommé MAG200, utilise des cellules souches mésenchymateuses provenant de donneurs, évitant ainsi le prélèvement de cellules sur le patient, un processus à la fois complexe et long. Les cellules souches mésenchymateuses, capables de se transformer en divers types de cellules et issues du tissu adipeux, ne provoquent pas de réponse immunitaire. Cette thérapie, prête à l’emploi, consiste en une seule injection intra-articulaire dans l’articulation du genou affectée.
Lors d’un premier essai de phase I/II visant à évaluer la sécurité et l’efficacité du MAG200, 40 patients souffrant d’arthrose modérée du genou ont été sélectionnés. Ils ont été randomisés pour recevoir soit la thérapie par cellules souches, soit un placebo. Tous les participants présentaient un score de douleur moyen égal ou supérieur à 5 sur une échelle de 0 à 10. L’équipe de chercheurs a mesuré l’impact de l’arthrose sur la fonction des participants, en évaluant l’impact de la maladie sur les activités quotidiennes à l’aide d’une sous-échelle du score KOOS (score de résultat des blessures au genou et de l’arthrose). Les scores KOOS varient de 0 (symptômes lourds et invalidants) à 100 (absence de symptôme).
Les résultats se sont révélés prometteurs. Douze mois après avoir reçu la thérapie MAG200, 75 % des patients ont constaté une réduction substantielle de la douleur et une amélioration de la fonction articulaire. Une amélioration soutenue de la qualité de vie a également été observée. Les IRM des genoux des participants ont montré une augmentation du volume du cartilage après 12 mois. Un suivi de chaque patient a révélé que les effets d’une seule injection duraient plus de quatre ans.
« L’essai a également indiqué que la thérapie cellulaire de Magellan peut retarder ou prévenir la progression de l’arthrose, avec une amélioration du volume du cartilage chez les patients recevant le traitement, alors que le groupe placebo n’a montré aucun changement ou a vu son arthrose progresser », ajoute Freitag. « Si les résultats de cet essai de phase I/II sont confirmés par d’autres recherches, la thérapie par cellules souches de Magellan pourrait révolutionner le traitement de l’arthrose, améliorant ainsi la qualité de vie de millions de patients », conclut-il.