Environ 20 000 objets menacent la Terre et malgré les différents programmes de surveillance coordonnés au niveau mondial, moins de 30% d’entre eux sont aujourd’hui identifiés et recensés. Les plus petits, d’un diamètre minimal de cent mètres, restent très souvent invisibles. La NASA surveille le ciel et tente de prévoir les futurs géocroiseurs pouvant impacter la Terre, que ce soit de façon légère ou dévastatrice. Cette année, un astéroïde faisant quatre fois la taille de l’Empire State Building (et 5 fois celle de la tour Eiffel) passera « près » de nous le 27 mai.
Les astéroïdes survolent régulièrement la Terre, et l’astéroïde 7335 (1989 JA) est l’un des 29 000 objets géocroiseurs (NEO) que la NASA suit chaque année. Les objets géocroiseurs désignent des corps célestes dont l’orbite, autour du Soleil, croise celle de la Terre et sont ainsi susceptibles de passer à moins de 48 millions de kilomètres de l’orbite terrestre, selon la NASA. Ils sont souvent désignés par l’acronyme NEO, de l’anglais Near Earth Object (« Objet proche de la Terre »). Ces objets sont très majoritairement des astéroïdes (les NEA, ou astéroïdes géocroiseurs), mais on dénombre également quelques comètes. La majorité de ces objets sont extrêmement petits, mais cet astéroïde, avec ses 1,8 km de diamètre, est bien plus grand que beaucoup d’entre eux.
La surveillance de ces NEO est primordiale. De plus, ce sont des corps célestes qui répondent à des lois physiques bien définies, et leur orbite est donc prévisible. Il est possible de prévoir leur comportement et d’évaluer les risques d’impact avec la Terre. C’est ainsi que l’astéroïde 7335 survolera la Terre le 27 mai prochain.
Doit-on craindre cet astéroïde ?
Selon la NASA, 7335 (1989 JA) est le plus gros astéroïde qui se rapprochera de la Terre cette année. Aux vues de sa taille, l’inquiétude est de mise. La NASA a classé l’astéroïde comme « potentiellement dangereux », ce qui signifie qu’il pourrait causer d’énormes dégâts à notre planète si son orbite change jusqu’à croiser le chemin de la Terre. Cet astéroïde est classé parmi les astéroïdes Apollon (ou Apollo). La famille des Apollo regroupe des astéroïdes géocroiseurs orbitant autour du soleil tout en traversant périodiquement l’orbite terrestre.
Mais rassurons-nous, l’astéroïde 7335 restera éloigné de plus de 4 millions de kilomètres — soit près de 10 fois la distance moyenne entre la Terre et la Lune. Les scientifiques estiment que l’objet se déplace à environ 76 000 km/h. Il a été découvert le 1er mai 1989 par l’astronome américaine Eleanor Helin à l’US Palomar Observatory en Californie et observé pour la dernière fois le 26 mars 2022. Le prochain survol est prévu pour le 23 juin 2055, date à laquelle il passera encore plus loin, à environ 70 fois la distance Terre-Lune.
Un système de surveillance amélioré
Actuellement, c’est le Center for Near Earth Object Studies du JPL de la NASA qui surveille les objets en approche. Mais les capacités restent réduites pour les objets les plus petits, détectés le plus souvent seulement quelques heures avant leur survol de la Terre, empêchant toute réaction (protection de la population ou tentative de déviation) au cas où leurs orbites croisaient la Terre.
C’est ainsi qu’un nouveau programme de la NASA entrera en activité en 2026. Le télescope spatial Near-Earth Object Surveyor (NEO Surveyor) est conçu pour faire progresser les efforts de défense planétaire de la NASA, notamment en découvrant et caractérisant la plupart des astéroïdes et comètes potentiellement dangereux se trouvant à moins de 30 millions de kilomètres de l’orbite terrestre.
NEO Surveyor se compose d’un seul instrument scientifique : un télescope de 50 centimètres de diamètre qui fonctionne dans deux longueurs d’ondes infrarouges thermosensibles. Il sera capable de détecter à la fois les astéroïdes brillants et sombres, qui sont les plus difficiles à trouver.
Après le lancement, NEO Surveyor effectuera une étude de référence de cinq ans pour trouver au moins les deux tiers des objets géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre, espèrent les scientifiques. Il s’agit d’objets suffisamment massifs pour causer des dommages régionaux majeurs en cas d’impact avec la Terre. En utilisant deux canaux d’imagerie infrarouge sensibles à la chaleur, NEO Surveyor peut effectuer des mesures précises des tailles et obtenir des informations précieuses sur la composition, la forme, l’état de rotation et l’orbite des NEO.
Un système de défense en phase d’essai
Si un astéroïde menaçant était découvert des mois, voire des années à l’avance, un impacteur serait envoyé en sa direction afin de le rediriger loin de la Terre. C’est d’ailleurs ce que teste actuellement la NASA, en collaboration avec l’ESA, dans le cadre de la mission DART (Double Asteroid Redirection Test).
Selon la NASA, DART est la toute première mission consacrée à l’étude et à la démonstration d’une méthode de déviation d’astéroïdes, en modifiant le mouvement d’un astéroïde dans l’espace par impact cinétique. Cet essai consiste à faire en sorte que DART entre délibérément en collision, de manière frontale, avec un astéroïde cible — qui ne représente aucune menace pour la Terre — afin de modifier sa vitesse et sa trajectoire. La cible de DART est le système binaire d’astéroïdes géocroiseurs Didymos, composé de « Didymos » (environ 780 mètres de diamètre) et de « Dimorphos » (environ 160 mètres de diamètre), qui orbite Didymos. DART impactera, à l’automne 2022, Dimorphos pour modifier son orbite dans le système binaire. Par suite, les scientifiques compareront les résultats de cet impact à des simulations informatiques très détaillées d’impacts cinétiques sur d’autres astéroïdes, afin de mettre en place une stratégie de défense efficace en cas de menace.
En attendant, l’approche de 7335 (1989 JA) sera une bonne occasion pour les scientifiques de mieux observer l’astéroïde, ainsi qu’une chance inouïe pour les astronomes amateurs de le repérer dans le ciel. Il faudra pour cela regarder, dans le ciel austral, en direction de la constellation de l’Hydre. Cependant, un télescope sera nécessaire pour distinguer l’astéroïde, car il n’est pas assez grand/brillant pour être vu à l’œil nu.