L’astéroïde 2023 EY, repéré ce lundi seulement, se trouve aujourd’hui, vendredi 17 mars, au plus près de notre planète. Cet objet de 14 à 30 mètres de large se situe à quelque 239 000 kilomètres de la Terre — ce qui correspond à environ 62% de la distance moyenne qui nous sépare de la Lune. Les experts de la NASA ont heureusement indiqué qu’étant donné sa trajectoire, il n’y a aucun risque de collision.
Selon la NASA, c’est ce vendredi, à 11 h 35 UTC très précisément (soit 12 h 35) que l’objet géocroiseur est passé au plus près de notre planète. Heureusement qu’il ne représente aucune menace, car il n’a été détecté qu’il y a quatre jours, par un télescope de la station d’observation de Sutherland, en Afrique du Sud. Son diamètre, compris entre 14 et 30 mètres selon les estimations, explique sans doute cette détection relativement tardive.
À titre de comparaison, l’objet se trouve dans une gamme de taille similaire au météore de Tcheliabinsk (qui mesurait 17 à 20 mètres de diamètre environ), dont l’explosion au-dessus de la ville du même nom, le 15 février 2013, a provoqué de sérieux dégâts matériels, faisant plus d’un millier de blessés. Avec une trajectoire légèrement différente, cette situation dramatique aurait pu se reproduire. Heureusement, l’Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System (ATLAS), veille à ce que cela n’arrive pas.
Le 14e survol rapproché depuis le début de l’année
ATLAS est un système d’alerte précoce d’impact d’astéroïde développé par l’Institut d’astronomie de l’Université d’Hawaï et financé par la NASA, opérationnel depuis 2015. Il a été conçu pour détecter les plus petits objets géocroiseurs quelques semaines à quelques jours avant qu’ils impactent la Terre. L’an dernier, deux télescopes ont été ajoutés au système ; celui-ci se compose désormais de quatre télescopes de 0,5 mètre — deux situés dans les îles hawaïennes, un en Afrique du Sud et un au Chili.
Chacun scrute attentivement un quart du ciel observable, plusieurs fois par nuit, à la recherche d’éventuels objets en mouvement. À ce jour, ATLAS a découvert plus de 700 astéroïdes proches de la Terre. C’est le télescope de l’Observatoire Sutherland, en Afrique du Sud, qui a détecté l’astéroïde 2023 EY ce lundi 13 mars.
Les astronomes amateurs ont pu observer l’approche de l’objet grâce au projet Virtual Telescope, qui a diffusé l’événement en direct ; les images ont été capturées par un télescope robotique de 0,4 mètre, situé à Ceccano, dans le centre de l’Italie.
Selon le site The Watchers, il s’agit du deuxième astéroïde connu à s’approcher de la Terre à moins d’une distance lunaire ce mois-ci, et le 14e depuis le début de l’année ! C’est aussi le deuxième plus gros de l’année à s’approcher à moins de la distance Terre-Lune. Pour rappel, l’astéroïde 2023 BL1 s’était approché à environ 58% de la distance lunaire le 25 janvier ; son diamètre estimé était compris entre 15 et 34 mètres.
Le « record de proximité » est pour le moment détenu par l’astéroïde 2023 BU, qui le 27 janvier, avait frôlé la Terre à environ 2% de la distance Terre-Lune. L’objet s’était retrouvé à seulement 3600 kilomètres au-dessus de la surface terrestre — une telle approche n’avait encore jamais été enregistrée, a souligné la NASA.
Près de 2000 astéroïdes de type Apollon « potentiellement dangereux »
L’astéroïde 2023 EY est de type Apollon — le plus grand groupe d’objets géocroiseurs connus à ce jour, avec 17 540 astéroïdes de ce type recensés en février 2023, précise Science Alert. Parmi eux, quelque 2000 objets ont été classés comme « potentiellement dangereux ».
Pour rappel, un objet géocroiseur est intégré à cette catégorie s’il mesure plus de 150 mètres de diamètre et que son orbite le rapproche à moins de 7,5 millions de kilomètres de la Terre. 2023 EY n’est pas aussi gros, mais fait tout de même l’objet d’une surveillance accrue du fait qu’il survole notre planète de très près.
À savoir que c’est le système Scout de la NASA qui est chargé d’analyser et de prédire les trajectoires des objets géocroiseurs détectés et de déterminer s’ils représentent ou non un danger pour notre planète.
Si les scientifiques surveillent attentivement le ciel, c’est évidemment pour repérer tout risque de collision suffisamment à l’avance pour pouvoir mettre en oeuvre des mesures de protection. Il serait notamment possible d’éviter l’impact en déviant l’objet de sa trajectoire — comme illustré par la mission DART de la NASA.
L’astéroïde 2023 DW, qui a récemment fait parler de lui, pourrait être le premier à faire l’objet de cette mesure exceptionnelle : la NASA et l’ESA ont en effet prédit que cet objet de 50 mètres de diamètre pourrait s’écraser sur Terre le 14 février 2046. Cette prédiction reste toutefois à confirmer, car les probabilités de collision fluctuent largement d’un jour à l’autre… et pourraient finalement se réduire à zéro.