Face à la multiplication des lancements et des constellations de satellites, un enjeu majeur émerge, les débris spatiaux. Pour garantir un espace plus propre et plus sûr pour les générations futures, tout en soutenant le développement durable de l’économie spatiale, Astroscale, une entreprise innovante, révèle un véhicule spatial, l’ELSA-M, équipé d’une plaque d’accostage magnétique pour capturer et désorbiter les satellites hors service, contribuant à nettoyer l’espace des débris. Mais est-ce réalisable ?
Dans un monde de plus en plus dépendant de la technologie spatiale, la question des débris spatiaux devient un enjeu majeur. Résidus de l’activité humaine en orbite terrestre, ces derniers posent non seulement un risque pour les satellites actifs, mais aussi pour la pérennité de nos activités spatiales futures. Face à cette problématique, des entreprises se mobilisent pour proposer des solutions innovantes.
Récemment, Astroscale, une entreprise basée au Japon, a fait parler d’elle avec une proposition audacieuse pour nettoyer l’orbite terrestre basse (LEO). Le problème des débris spatiaux et de leur mitigation est devenu une préoccupation croissante parmi les professionnels de l’astronautique et les astronomes. Astroscale prévoit d’intervenir avec son véhicule ELSA-M (End of Life Services by Astroscale-Multiple), un engin spatial conçu pour capturer et désorbiter les satellites hors service.
Une mission ambitieuse pour une entreprise visionnaire
Astroscale a été fondée en 2013 avec l’objectif de permettre un environnement spatial durable pour les générations futures. Elle a lancé un vol initial pour une précédente itération de son véhicule, ELSA-D, en 2021, et a réussi à démontrer sa capacité de capture magnétique répétée plus tard la même année.
Le nouveau véhicule ELSA-M d’Astroscale a pour mission de désorbiter plusieurs satellites par mission. La technologie de capture d’Astroscale est basée sur une plaque d’accostage de deuxième génération, présentée récemment.
Concrètement, le véhicule est équipé de cette plaque qui lui permet de s’arrimer aux satellites hors service. Une fois le satellite ciblé localisé, ELSA-M effectue une série de manœuvres pour s’aligner avec lui. Le véhicule spatial s’approche ensuite du satellite à une vitesse très contrôlée, puis utilise sa plaque d’accostage pour se connecter magnétiquement au satellite.
Une fois la connexion établie, ELSA-M utilise ses propulseurs pour modifier l’orbite du satellite et le diriger vers l’atmosphère terrestre, où il se désintégrera en toute sécurité, lors de la rentrée. Après avoir lâché le satellite, ELSA-M peut ajuster son orbite pour se diriger vers sa prochaine cible.
Selon l’entreprise, cette nouvelle plaque d’accostage a une durée de vie en orbite de plus de 15 ans, offrant ainsi un « point de départ nécessaire pour une variété d’options de service et une utilisation plus responsable des ressources orbitales de la Terre ».
Une mission pour 2026 ?
Astroscale est en partie financée par l’Agence spatiale britannique et l’Agence spatiale européenne (ESA), dans le cadre du programme Sunrise, qui est géré en partenariat public-privé avec OneWeb, un opérateur de constellation de satellites LEO.
Dans ce contexte, l’entreprise japonaise s’efforce d’être la première à démontrer l’utilisation commerciale de ce service de désorbitation multi-satellites en démontrant comment sa technologie peut aider à sécuriser l’avenir économique et environnemental de l’espace, grâce à la première mission nationale britannique de suppression de débris spatial.
D’ici 2026, mission COSMIC (Cleaning Outer Space Mission through Innovative Capture) utilisera les capacités de rendez-vous (capacité d’un véhicule spatial à atteindre la même orbite qu’un autre objet spatial et à s’aligner avec ce dernier) et d’opérations de proximité d’Astroscale (capture et désorbitage) pour retirer deux satellites britanniques défectueux actuellement en orbite autour de la Terre.
Par ailleurs, le CNES (Centre Nationale d’études spatiales), en collaboration avec la start-up suisse ClearSpace, a prévu le lancement de la mission ClearSpace-1 pour le second semestre 2026, également. Elle vise à récupérer et désorbiter un débris spatial de 112 kilogrammes laissé par une mission précédente de l’ESA.
ClearSpace-1 utilisera une pince pour capturer le débris, qui tourne sur lui-même et ne dispose pas de points d’accroche. Une fois capturé, le débris sera dirigé vers l’atmosphère terrestre pour se désintégrer. Cette mission est considérée comme une démonstration opérationnelle cruciale pour la création d’un marché et d’une filière active de désorbitation de débris.
Vers un avenir plus propre pour l’espace
Grâce à ses technologies avancées et à ses partenariats stratégiques, Astroscale est bien placée pour faire une différence significative dans la lutte contre les débris spatiaux et pour assurer un avenir plus propre et plus sûr pour l’exploration spatiale. Elle démontre autant que faire se peut que le nettoyage de l’espace est techniquement possible.
Cependant, il s’agit d’une tâche complexe et coûteuse. Par conséquent, il est tout aussi important, voire plus, de prévenir la création de nouveaux débris en adoptant des pratiques de lancement plus responsables. Cela inclut la conception de lanceurs réutilisables comme SpaceX, de satellites qui peuvent être désorbités de manière contrôlée à la fin de leur vie utile, ou l’utilisation de technologies comme la plaque d’accostage d’Astroscale pour faciliter la désorbitation.
C’est pourquoi une approche combinée de nettoyage et de prévention sera probablement nécessaire pour gérer efficacement le problème des débris spatiaux.
VIDÉO : Proposition de nettoyage de l’espace. © Astroscale