Le sang est aujourd’hui une denrée rare tandis que les besoins en transfusions ne cessent d’augmenter. Plusieurs fois par an, la Croix-Rouge et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appellent aux dons afin de pallier aux pénuries présentes partout à travers le monde. Une nouvelle technique visant à transformer le groupe sanguin pourrait toutefois changer la situation, en convertissant les groupes moins compatibles en groupe universel.
Le groupe sanguin est une classification reposant sur la présence d’antigènes particuliers à la surface des globules rouges. Ces antigènes peuvent prendre différentes formes comme des glucides, des protéines, des glycoprotéines ou des glycolipides. Au début du 20ème siècle, le médecin autrichien Karl Landsteiner propose le système ABO, et met en évidence les différentes compatibilités et incompatibilités entre ces groupes (A, B, O et AB).
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Les interactions entre les différents groupes du système ABO sont régies par les antigènes présents à la surface des globules rouges et les anticorps présents dans le sérum.
Si, lors d’une transfusion, la combinaison antigènes/anticorps n’est pas compatible, les globules rouges du donneur seront détruits par le système immunitaire du receveur. Dans ces quatre groupes, seul le groupe O est donneur universel, tandis que seul le groupe AB est receveur universel. Il est donc impératif de toujours vérifier la compatibilité donneur/receveur en amont.
Lors de la réunion annuelle de la Société Américaine de Chimie qui se tient cette semaine, des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique ont présenté une méthode permettant de transformer un groupe sanguin en un autre. Cela permettrait ainsi de transformer les groupes A, B, et AB en groupe O (donneur universel).
L’idée n’est pas nouvelle. En 2007, des biochimistes avaient déjà présenté des travaux sur des enzymes spécifiques permettant de supprimer les antigènes des groupes A, B et AB, les transformant ainsi en groupe O (seul groupe sans antigènes). Mais comme le rappelle le biologiste moléculaire Stephen Withers, ces enzymes n’étaient pas assez efficaces, stables et économiquement abordables. Cette recherche d’enzymes était basée sur le système digestif humain.
Withers et ses collègues savaient déjà que la paroi du tube digestif est tapissé de glycoprotéines particulières, des mucines, similaires à celles présentes à la surface des globules rouges pour les groupes sanguins A- et B-. Les bactéries de la flore intestinale utilisent des enzymes pour cliver ces sucres du tube digestif afin de s’en servir et fournir l’énergie nécessaire au processus de digestion.
En se basant sur ces données, les chercheurs ont été capables d’isoler les enzymes bactériennes en question et ont mis en évidence une nouvelle famille enzymatique 30 fois plus efficace dans la suppression des antigènes à la surface des globules rouges, par rapport aux enzymes précédemment testées.
Dans cette vidéo, les chercheurs présentent le concept de conversion d’un groupe sanguin à un autre ainsi que leurs travaux (sous-titres en anglais disponibles dans les options) :