L’Organisation maritime internationale (OMI) vise à intégrer un minimum de 5 % de systèmes bas-carbone (low carbon) dans le domaine maritime d’ici 2030. Alors qu’une bonne part des efforts concerne l’adoption des biocarburants, le contexte est également favorable pour l’émergence de nouvelles technologies plus propres. C’est ainsi qu’a été lancé le premier cargo à propulsion éolienne au monde. Lors de ses premiers mois d’essai, le navire a su faire ses preuves en démontrant son efficacité et son impact positif sur l’environnement.
Dans la lutte contre le changement climatique, le transport maritime (à l’instar de nombreux autres secteurs) s’efforce d’allier écologie et efficacité. S’inscrivant dans cette démarche, le navire de charge Pyxis Ocean, géré par la compagnie MC Shipping a montré une économie de trois tonnes de carburant par jour, entraînant une baisse des émissions CO2 quotidiennes de 11 tonnes. Derrière l’exploit : une nouvelle technologie de voiles modernes conçues par l’entreprise BAR Technologies et baptisées WindWings.
Équipé de ce système, le Pyxis Ocean est le premier cargo à propulsion éolienne au monde. Affrété par l’entreprise Cargill, il a été inauguré en août 2023 avant d’entamer un essai en mer de six mois, qui a pris fin ce mois de mars. Les résultats ont récemment été partagés par Cargill.
Durant ces six mois, le Pyxis Ocean — doté de deux WindWings — a navigué à travers les principaux océans du globe (Indien, Pacifique, Atlantique Nord et Sud) et a couvert une grande variété de conditions maritimes. Son itinéraire incluait par ailleurs deux des points de navigation les plus difficiles : le cap Horn à la pointe sud de l’Amérique du Sud et le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Ces passages sont connus pour leurs conditions météorologiques extrêmes et leurs eaux agitées.
Comment fonctionnent les WindWings ?
D’une hauteur de 37,5 mètres, les WindWings sont des structures rigides fabriquées en acier et en fibre de verre. Ces voiles, installées verticalement, sont associées à un système d’indicateurs lumineux placé sur le poste de pilotage du navire pour guider l’équipage sur le moment opportun pour les activer ou les désactiver. Elles sont commandées au moyen d’un écran tactile.
Une fois activées, les WindWings ajustent automatiquement leur position en fonction des variations de direction et de force du vent mesurées par des capteurs embarqués. Cette capacité de réaction autonome assure que le navire bénéficie toujours de la meilleure assistance possible des voiles.
Compléter le moteur diesel
L’objectif principal des WindWings n’est pas de remplacer entièrement les moteurs diesel qui propulsent traditionnellement les navires. Ils sont plutôt destinés à fournir une source de propulsion supplémentaire, réduisant ainsi la consommation de carburant. Selon Cargill, avec trois de ces ailes, la consommation est réduite de 30 %. D’ailleurs, si le bateau utilise du biocarburant, la réduction pourrait s’élever à 50 %. Actuellement, la société prévoit de mettre en œuvre cette configuration à trois ailes sur la majorité de ses futurs bateaux.
Il est à noter que les WindWings ne peuvent pas être installées sur tous les types de navires. Elles conviennent aux vraquiers qui transportent leurs cargaisons dans de grandes cales situées sous le pont. Cela laisse le pont supérieur relativement dégagé, offrant de l’espace pour installer les voiles.