Une première : la bibliothèque personnelle de Darwin entièrement reconstituée

Les recueils numérisés sont disponibles gratuitement en ligne !

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La bibliothèque de Darwin après sa mort. À gauche, la seule vue du mur du fond du bureau de Darwin, d'après une photographie de 1892 de CE Corke. À droite, gravure de Haig (recadrée). | Darwin Online
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À l’occasion de son 215e anniversaire, des chercheurs sont parvenus pour la première fois à reconstituer entièrement la bibliothèque personnelle de Charles Darwin — des revues scientifiques qu’il collectionnait jusqu’aux romans qu’il a lus au cours de sa vie, en passant par ses propres travaux. La liste est si vaste qu’elle ne compte pas moins de 300 pages détaillant 7350 titres répartis dans 13 000 volumes/articles. L’incroyable diversité de la collection montre à quel point le naturaliste était éclectique et féru de lecture.

Darwin est l’un des scientifiques les plus influents de l’histoire, ses travaux ayant bouleversé notre compréhension de la nature. Après sa mort en 1882, la vaste bibliothèque personnelle comprenant ses œuvres et sur laquelle il s’est appuyé pour édifier ses ouvrages scientifiques, a été progressivement dispersée aux quatre coins du monde. Nombre de ses travaux n’ont jusqu’à présent jamais été publiés.

Pendant de nombreuses années, on pensait que sa collection ne comptait qu’environ 1480 livres, car c’est le nombre qui a subsisté au niveau des deux archives principales, notamment celle de l’Université de Cambridge et de Down House (son ancienne résidence, qui est aujourd’hui un musée). Cependant, des chercheurs de l’Université de Singapour ont révélé que cela ne représente que 15 % de la collection. Après 18 longues années d’efforts, 300 pages listant 7350 titres répartis dans 13 000 volumes/articles ont été reconstituées dans le cadre du projet Darwin Online.

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Pour la première fois, la bibliothèque personnelle du naturaliste a été entièrement et virtuellement reconstituée, permettant à chacun de découvrir ses œuvres, les références qu’il utilisait ainsi que les histoires et auteurs qui le passionnaient. La taille et la diversité de la collection suggèrent que « la bibliothèque de Darwin est l’une des bibliothèques scientifiques privées les plus vastes et les plus importantes du 19e siècle », ont déclaré les chercheurs dans un communiqué.

Pour rassembler la collection, l’équipe du projet a parcouru des archives dispersées à travers le monde, y compris celles provenant de ventes aux enchères. Les experts ont numérisé des milliers de références et créé 9500 liens vers des copies électroniques. Vous pouvez consulter gratuitement les recueils sur le site du projet, en cliquant ici. Les résultats fournissent un outil indispensable pour les universitaires, les scientifiques et pour l’histoire de la science victorienne.

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Quelques brouillons du célèbre livre The Origin of Species, présenté dans la collection du projet Darwin Online. © Darwin Online

Une personnalité incroyablement éclectique

La bibliothèque de Darwin contient de nombreux ouvrages naturalistes, sur des domaines tels que la biologie et le comportement animal. L’un des articles est par exemple un périodique allemand montrant la première photographie connue de bactéries. D’autres portent des titres surprenants, comme : « L’anatomie d’un poulet à quatre pattes » (« The Anatomy of a Four Legged Chicken »), « Les cochons d’Inde épileptiques » (« Epileptic Guinea-Pigs ») et « La sauterelle haineuse ou du Colorado » (« The Hateful or Colorado Grasshopper »). Des dizaines de milliers d’illustrations de plantes, des squelettes d’animaux, d’oiseaux, de géologie et bien plus encore, sont également présentes dans la collection.

Cependant, le naturaliste ne s’intéressait pas uniquement à la biologie : il lisait apparemment beaucoup d’autres articles et revues de géologie, d’agriculture, de philosophie, de psychologie, de religion, d’art et d’histoire de voyages, ainsi que d’économie et d’investissement. En outre, si plus de la moitié des ouvrages sont en anglais, d’autres sont en français, en allemand, en italien ainsi qu’en néerlandais, en danois, en espagnol, en suédois et en latin.

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Tableau de « Géographie zoologique » de 1856 de Waterhouse, se trouvant dans l’énorme collection de brochures de Darwin, montrant des types d’animaux particuliers qui ne se trouvent que dans certaines zones. © Darwin Online

Cette vaste collection démontre que Darwin possédait une grande ouverture d’esprit et n’hésitait pas à lire et à s’appuyer sur les travaux d’autres scientifiques. « Cela montre également à quel point Darwin était incroyablement éclectique », a déclaré à The Gardian John Van Wyhe, expert en histoire des sciences à l’Université de Singapour et directeur du projet Darwin Online.

La collection personnelle du scientifique réserve aussi d’autres surprises, donnant un aperçu de l’histoire de sa vie et un peu de sa personnalité. Certains livres remontent par exemple à l’époque de sa scolarisation, tels que « A History of England », publié en 1821 par Olivier Goldsmith. On ignorait également qu’il s’était procuré un exemplaire de « Explorations et aventures en Afrique équatoriale » (« Explorations and Adventures in Equatorial Africa ») de Paul B. Du Chaillu, un ouvrage de vulgarisation scientifique sur les gorilles qui a fait fureur après la publication de son célèbre « The Origin of Species ».

Plus étonnant encore, il possédait un exemplaire du livre « Wives and Daughters » (1880) d’Elizabeth Gaskell, l’une des plus célèbres romancières de l’Angleterre victorienne. Le style de l’écrivaine, se rapprochant de celui de Jane Austen et de George Elliot, était particulièrement apprécié du scientifique. Une note y indique d’ailleurs : « ce livre était l’un des grands favoris de Charles Darwin et le dernier livre à lui être lu à haute voix ».

La plupart des ouvrages qui n’ont pas été remis à Cambridge sont les plus anciens et les plus rares, ce qui constitue probablement la raison pour laquelle ils ont été conservés par la famille ou vendus. Ceux-ci incluent par exemple « Chronicon Saxonicum », publié en 1692 par le théologien et juriste britannique Edmund Gibson. Il y avait aussi un exemplaire de « Historia plantarvm vniversalis » (1651) de Johann Bauhin, et bien d’autres encore.

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