En 2016, environ 9% de la population mondiale travaillait 55h par semaine ou plus, soit presque 500 millions de personnes. Ce bilan confirme l’inquiétude croissante de l’OMS et l’OIT concernant de trop longues semaines de travail et leurs effets négatifs sur la santé des employés. En effet, en effectuant une méta-analyse de plusieurs publications et en recueillant des données relatives à chaque pays, ces organisations estiment qu’en 2016, ce sont plus de 740 000 personnes qui sont décédées d’un travail trop important. Et ce bilan risque de s’aggraver dans les années à venir.
Selon une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les longues heures de travail et le surmenage sont susceptibles de causer des centaines de milliers de décès par an dans le monde ; et le problème s’aggrave. En 2016, les chercheurs estiment qu’environ 745 000 personnes sont décédées dans le monde des suites d’un accident vasculaire cérébral et d’une cardiopathie ischémique liées au travail (plus de 55 heures par semaine), soit une augmentation de 29% par rapport au même chiffre de 2000.
Par rapport au travail de 35 à 40 heures par semaine, travailler 55 heures par semaine ou plus augmente le risque d’accident vasculaire cérébral de 35% et le risque de décès par cardiopathie ischémique de 17%, concluent les chercheurs. « Travailler 55 heures ou plus par semaine est un grave danger pour la santé. Il est temps que nous tous, gouvernements, employeurs et employés, prenions conscience du fait que les longues heures de travail peuvent entraîner une mort prématurée », déclare Maria Neira, directrice du Département de l’environnement, du changement climatique et de la santé à l’OMS.
L’OMS s’est jointe à l’Organisation internationale du travail (OIT) pour analyser des dizaines d’études portant sur les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux, en examinant des données couvrant 194 pays différents. Bien que les statistiques ne montrent pas d’association causale précise, elles fournissent « des preuves suffisantes de nocivité » en utilisant les critères de l’OMS.
Des données détaillées sur la mortalité dans le cadre du travail
Les maladies et la mortalité liées au travail étaient particulièrement répandues chez les hommes, les personnes âgées de 60 à 74 ans et les personnes vivant dans les régions du Pacifique occidental et de l’Asie du Sud-Est, selon les données. Environ 8.9% de la population mondiale travaillait en moyenne 55 heures par semaine ou plus en 2016, soit 488 millions de personnes au total.
Les données de cette étude ne remontent qu’à 2016, mais il est peu probable que la situation se soit améliorée depuis. La montée de l’économie des petits boulots et le passage au travail à domicile en raison de la propagation du coronavirus signifient que beaucoup d’entre nous travaillons souvent plus tôt et jusqu’à plus tard. « La pandémie de COVID-19 a considérablement changé la façon dont de nombreuses personnes travaillent. Le télétravail est devenu la norme dans de nombreuses industries, brouillant souvent les frontières entre la maison et le travail », déclare le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « De plus, de nombreuses entreprises ont été forcées de réduire ou de fermer leurs activités pour économiser de l’argent, et les personnes qui sont toujours payées finissent par travailler plus longtemps ».
Bien que le lien entre travailler trop et une mauvaise santé ne soit pas une surprise et ait déjà été largement étudié, cette nouvelle recherche va à un autre niveau en matière d’analyse mondiale et de la quantité de données qui a été prise en compte.
L’urgence d’une prise de conscience sur les conditions de travail
La solution évidente si vous vous trouvez surchargé de travail est de travailler moins ; et de passer plus de temps en famille ou à vos loisirs. Pour de nombreuses personnes dans le monde, ce n’est pas nécessairement un choix économique qu’elles peuvent faire. Dans cet esprit, l’OMS encourage les gouvernements et les employeurs à tenir compte des avertissements de cette étude : l’établissement de règles concernant les délais et les horaires de travail flexibles, et le partage du travail entre collaborateurs, pourraient aider à réduire cette charge de morbidité.
« Aucun travail ne vaut le risque d’accident vasculaire cérébral ou de maladie cardiaque. Les gouvernements, les employeurs et les employés doivent travailler ensemble pour convenir de limites pour protéger la santé », conclut Tedros.