L’événement s’est produit dans la nuit du 12 au 13 février, vers 4 heures du matin. Un météoroïde très lumineux d’environ un mètre de diamètre, baptisé 2023 CX1, était visible depuis Paris, mais surtout dans le ciel de Rouen et jusqu’au sud de l’Angleterre. L’Agence spatiale européenne se félicite d’avoir détecté ce petit objet avant son entrée dans l’atmosphère.
Selon Vigie Ciel, le météore est entré dans l’atmosphère au-dessus de la Manche, à quelques kilomètres des côtes normandes. Il s’est complètement désintégré dans le ciel. L’ESA souligne que ce n’est que la septième fois que la chute d’un astéroïde est prédite avant qu’il ne pénètre dans notre atmosphère, ce qu’elle considère comme « un signe des progrès rapides des capacités mondiales de détection d’astéroïdes ».
L’objet a en effet été découvert quelques heures avant son entrée dans l’atmosphère par l’astronome hongrois Krisztián Sárneczky, depuis la station Piszkéstető de l’Observatoire Konkoly de Budapest. « J’ai découvert ce petit corps au cours d’une chasse de routine aux objets géocroiseurs. Il était immédiatement évident qu’il s’agissait d’un objet géocroiseur, mais il n’était pas particulièrement rapide dans le ciel, car il se dirigeait droit vers nous, et il était faible », a-t-il déclaré à la rédactrice en chef de Space.com, Tereza Pultarova, dans un courrier électronique.
Un objet découvert sept heures avant l’impact
Sárneczky, membre du conseil de l’Association astronomique hongroise, est célèbre pour ses découvertes d’astéroïdes : il en aurait plus de 600 à son actif (qu’il a découverts seul ou en collaboration avec un autre astronome) ! C’est également lui qui a découvert la comète C/2022 A1 (Sárneczky) il y a un peu plus d’un an, ainsi que l’astéroïde 2022 EB5, en mars 2022 — qui fut le cinquième petit corps détecté avant qu’il n’entre dans l’atmosphère terrestre.
Sárneczky a découvert l’astéroïde 2023 CX1 le 12 février à 20 h 18 très exactement. L’objet se trouvait alors à moins de 233 000 kilomètres de la Terre. La découverte a rapidement été confirmée par l’observatoire de Višnjan, en Croatie. Le suivi réalisé ensuite par une vingtaine d’observatoires a permis de préciser son orbite et de définir à quel endroit il pénétrerait dans l’atmosphère. Grâce à ces prédictions, de nombreux observateurs du nord de la France et du sud de l’Angleterre, mais aussi de la Belgique et des Pays-Bas, ont pu se préparer à capturer des images de l’objet.
Beaucoup d’observateurs sont parvenus à filmer l’ensemble du passage de l’objet, montrant une magnifique traînée très lumineuse, comme dans la vidéo suivante prise depuis Rouen par Thomas Petit :
Une mission dédiée au recensement des objets géocroiseurs dangereux
Comme le rappelle Space.com, le hasard a fait que l’objet est entré en collision avec notre planète presque 10 ans jour pour jour après le passage du « superbolide de Tcheliabinsk », qui a causé énormément de dégâts dans la ville du même nom le 15 février 2013. L’objet de 15 à 17 mètres de diamètre — soit beaucoup plus gros que 2023 CX1 — s’était fragmenté dans le ciel à environ 30 kilomètres d’altitude, libérant une énergie colossale. L’onde de choc a détruit des milliers de fenêtres, causant près d’un millier de blessés.
Fort heureusement, la plupart des événements de type bolide sont inoffensifs, la plupart des objets se désintégrant rapidement à leur entrée dans l’atmosphère terrestre. Mais à la suite de l’événement imprévu de Tcheliabinsk, la NASA a décidé de renforcer la surveillance en ouvrant le Planetary Defense Coordination Office, dont le rôle est de coordonner les actions destinées à gérer la menace des objets géocroiseurs. Ainsi, la NASA, l’ESA et d’autres entités surveillent constamment le ciel à la recherche d’objets potentiellement problématiques.
Rappelons par ailleurs que la NASA est en train de développer un nouveau télescope spatial, le Near-Earth Object Surveyor (NEO Surveyor), qui comme son nom l’indique, sera dédié à la détection d’astéroïdes et de comètes potentiellement dangereux pour notre planète ; tout objet se trouvant à moins de 30 millions de kilomètres de l’orbite terrestre sera étroitement surveillé. L’instrument fonctionnera dans deux longueurs d’onde infrarouges thermosensibles, de manière à repérer et caractériser à la fois les astéroïdes brillants et sombres.
Son lancement est prévu pour 2026. Pendant cinq ans, il devra recenser au moins les deux tiers des objets géocroiseurs de plus de 140 mètres — qui pourraient occasionner des dommages régionaux majeurs en cas d’impact sur la Terre. Il prendra ainsi la relève du télescope NEOWISE, actuellement en mission prolongée, qui a déjà découvert près de 400 objets géocroiseurs dont près de 70 sont jugés potentiellement dangereux.