La Nature recèle d’innombrables beautés mais toutes ne sont pas sans danger, c’est particulièrement le cas de certaines plantes, au demeurant magnifiques, mais particulièrement dangereuses. La berce du Caucase en est un exemple concret puisque cette plante proliférant partout à travers le monde, peut causer de sévères brûlures et lésions cutanées.
Découverte en 1880 dans la vallée de Klioutsch (Caucase) par les botanistes Émile Levier et Stefano Sommier, Heracleum mantegazzianum, appelée « berce du Caucase » est une plante herbacée de la famille des Apiaceae. Originaire des montagnes de l’Ouest du Caucase, elle est d’abord introduite dès le début du 20ème siècle dans de nombreux jardins européens, puis en Amérique du Nord, pour ses qualités ornementale et mellifère, avant de se propager de manière incontrôlable et d’être considérée aujourd’hui comme une espèce invasive.
La sève de la berce du Caucase contient des furocoumarines, des toxines extrêmement phototoxiques provoquant de sévères inflammations et brûlures jusqu’au troisième degré lorsque la zone touchée par la sève est exposée à la lumière. L’effet photosensibilisateur persiste pendant au moins 48 heures et les lésions cutanées peuvent entraîner des cicatrices définitives. Un simple contact avec la plante ne suffit ordinairement pas à déclencher la réaction phototoxique, mais la sève transpire à travers les feuilles et imbibes les micro-poils présents sur celles-ci ; un contact avec ces feuilles, même rapide, peut donc s’avérer très dangereux.
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La plante possède une importante capacité de propagation, due à sa grande faculté d’adaptation lui permettant de coloniser de très nombreux milieux. Chaque pied en fleur produit plusieurs dizaines de milliers de graines, transportées par le vent et les oiseaux, et restant viables dans le sol pendant plusieurs années.
Pouvant atteindre 4 mètres de haut, la berce du Caucase déploie des feuilles pouvant atteindre 3 mètres de longueur et 1.5 mètres de largeur ; elle crée ainsi d’importantes zones d’ombre, qui peuvent nuire aux plantes inférieures par privation d’ensoleillement et conduire à des diminution locales de la biodiversité.
Une infestation est donc très difficile à contrôler. Dans une grande majorité des cas, plusieurs stratégies doivent être combinées pour la neutraliser : couper les racines, enlever les poches de graines, faucher les jeunes plants et ajouter de l’herbicide afin d’éviter la repousse. Mais H. mantegazzianum n’est pas la seule menace végétale à avoir été ramenée du Caucase.
Sa proche cousine, Heracleum sosnowskyi, découverte en 1936 en Géorgie, a été largement utilisée dans l’Union Soviétique comme fourrage, puis a proliféré pour coloniser la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Pologne ainsi que plusieurs pays baltes. Elle arbore les mêmes dimensions et la même toxicité que son homologue.
Tandis que la berce du Caucase prolifère dangereusement dans plusieurs États américains densément peuplés (au moins huit États dont la Virginie), elle colonise de plus en plus de forêts et de champs dans l’Ouest et l’Est de la France. Bien que facilement reconnaissable grâce à ses dimensions, elle ne doit cependant pas être confondue avec la berce commune (Heracleum sphondylium), qui est très semblable mais bien moins phototoxique.
Il est donc conseillé aux promeneurs habitant dans les zones colonisées de se montrer très prudents et, en cas de contact avec la sève, éliminer celle-ci rapidement en appliquant un tissu/papier absorbant, puis laver avec du savon et finalement, éviter l’exposition au Soleil pendant 48 heures.